​#Critique – Under Cöver, Motörhead lève le voile

​#Critique – Under Cöver, Motörhead lève le voile

Note de l'auteur

Ah, la rentrée ! La ville se réveille, les vacanciers reviennent, on crame des touristes… et on retrouve un certain Lemmy. Douzième compilation signée Motörhead, Under Cöver illumine depuis bientôt un mois trajets en métro interminables et autres pluies intempestives. Il était grand temps de planter nos crocs dedans.

Motörhead, une légende ? Pas seulement. Grand amoureux de musique devant l’Éternel – Keith Richards, bien évidemment – Lemmy, Phil Campbell et Mikkey Dee ont souvent repris de grands classiques du rock et du metal au cours de leur carrière. Swinging Sixties ou Glam Eighties, peu importe. Plaidoyer politique à la sauce britannique ou morceau de bravoure tout en bandes et en étoiles, qui verra la différence ?

Véritable manuel à l’usage des débutants en heavy metal, Under Cöver est l’une des galeries de portraits les plus réjouissantes de ces dernières années, si l’on omet Génération Goldman, bien évidemment ! De Pierres qui roulent ô combien familières à une Twisted Sister grande oubliée des réunions de famille, il y en a pour tous les goûts – et presque toutes les oreilles.

Bien qu’un relatif éclectisme soit plutôt rafraîchissant, ce n’est pas là que réside le génie de ce vingt-troisième disque. Plus qu’un gigantesque bœuf, Motörhead s’est employé à faire sien des hymnes tels que God Save the Queen, dont le dédain rugueux occulterait presque – on a dit presque ! – la nonchalance désespérée des Sex Pistols.

Cœur sanglant d’un album mené tambours battants, Heroes n’a rien d’une reprise banale. Soutenue par un riff piquant, la performance de Lemmy a ce je-ne-sais-quoi de déchirant, à la promesse d’un Bowie grandiloquent se substituant une supplique non pas d’un artiste trahi par son corps mais d’un as du pick prêt à rejoindre les siens.

Bien que l’énergique Whiplash (Metallica) soit le seul titre primé figurant sur Under Cöver, quelques pépites émaillent ainsi une compilation savamment équilibrée, entre nique drolatique au hard rockeur court vêtu Ted Nugent et incartade Beach Boyesque à la sauce Ramones. Coécrit par Lemmy, Ozzy Osbourne et Zakk Wylde en 1991, puis repris par Motörhead sur la bande originale du troisième volet d’une des sagas horrifiques les plus piquantes de l’histoire du cinéma, Hellraiser et sa rythmique démon-tielle se fait cerise sanguinolente sur un gâteau tout en metal lumineux. Ça se sent que l’on a aimé, non ?

Onze morceaux. Onze preuves – s’il en fallait – que les classiques comme les bonnes bouteilles gagnent à vieillir… sous couverture. À bon entendeur…

 

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