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100 badass du cinéma, épisode 18 : Anthony Quinn, Geena Davis, Gene Hackman, Karen Allen, Simon Pegg

100 badass du cinéma, épisode 18 : Anthony Quinn, Geena Davis, Gene Hackman, Karen Allen, Simon Pegg

Au programme du jour, du badass dans Lawrence d’Arabie, Au revoir à jamais, French Connection, Les Aventuriers de l’arche perdue et Hot Fuzz ! Certes, ami lecteur, le badass sait aussi s’en taper une bonne tranche !

 

 86. Auda abu Tayi (Anthony Quinn)

par Gilles Da Costa

FILM : Lawrence d’Arabie, de David Lean (1962)

Personnage ambivalent à la fois sage, héroïque et présenté comme un pirate du désert, Auda Abu Tayi est avant tout le porte étendard de la révolte arabe menée lors de la Première Guerre mondiale afin de libérer la péninsule Arabique de l’Empire ottoman. Remarquablement campé avec fougue et conviction par le grand Anthony Quinn dans le film de David Lean, ce leader charismatique de la tribu bédouine des Howeitat est considéré par Lawrence lui-même comme le plus grand combattant de toute l’Afrique du nord. Héritier d’une longue lignée de guerriers, Abu Tayi, ou de son véritable nom Auda ban Harb al-Abo Seed al-Mazro al-Tamame abu Tayi, incarne toute la noblesse, la résistance et la fierté du peuple bédouin. Conscient d’inscrire son nom et ses actes dans une tradition historique glorieuse et épique, il ne connaît pas la peur, se livrant à corps perdu au combat, son honneur en bandoulière.

Icône martiale dont les faits d’armes sont destinés à marquer l’histoire, il est avant tout un exemple de générosité et d’hospitalité. Ainsi, si Lawrence d’Arabie le décrit parfois comme un personnage attiré par le profit, on sait que l’homme était en vérité bien plus motivé par son patriotisme et son désir d’indépendance pour les états arabes opprimés par les Turcs. Confirmant cette vision du personnage, son crédo “je suis une rivière pour mon peuple” déclamé au cours du film, démontre à quel point Abu Tayi combat avant tout pour le bien du plus grand nombre et non pour son enrichissement personnel. Respectant cette règle d’or, il repousse les propositions de corruption du camp Turc après les chutes d’Aqaba et de Damas suite à un assaut massif de ses troupes, préférant suivre la voix de la sagesse et le loyauté.

Mais Auda Abu Tayi est surtout une force de la nature, un guerrier d’une sauvagerie sans pareille lorqu’il s’agit de défendre sa liberté et son peuple. Sanguinaire et impitoyable sur le champ de bataille, craint aux quatres coins de l’afrique du nord, il retrouve le sourire une fois l’ennemi vaincu. D’un naturel affable et chaleureux, il se montre aussi redoutable envers ses ennemis que fraternel envers ses alliés. Un personnage magnianime et majestueux dont Anthony Quinn s’empara à bras le corps, choisissant sa garde robe et appliquant lui-même son maquillage chaque matin. On raconte que le comédien se fondait si bien dans le personnage que David Lean le confondait fréquemment avec de véritables bédouins présents sur le plateau. Par étonnant alors que cette conviction soit si perceptible dans l’interpretation ce personnage pour laquelle Quinn fut nominé aux BAFTA en 1962.

BADASS LINE : “I carry twenty-three great wounds, all got in battle. Seventy-five men have I killed with my own hands in battle. I scatter, I burn my enemies’ tents. I take away their flocks and herds. The Turks pay me a golden treasure, yet I am poor! Because I am a river to my people !”

 

 

87. Samantha Caine/Charlie Baltimore (Geena Davis)

par John Plissken

La Samantha Caine d’Au Revoir à jamais est au commencement une gentille institutrice fêtant noel avec son époux et leur fillette. Pas d’ombre au tableau, si ce n’est une amnésie totale concernant son passé antérieur à huit ans et sur lequel le privé ringard Mitch Henessey (Samuel Jackson), engagé par ses soins, enquête sans succès. Tout baigne jusqu’à ce qu’un accident de voiture réveille en elle des flashes de sa vie d’avant et des réflexes hors du commun : Samantha Caine est en fait Charlie Baltimore, ex-agent tueur de la CIA dont sa hiérarchie a tenté de se débarasser à la suite de l’abandon d’une opération en cours. Alors que ses anciens employeurs ont repéré sa trace, Samantha/Charlie doit non seulement prendre la fuite pour sauver sa peau mais aussi déjouer un complot d’attentat fomenté par ses poursuivants. Et, entre deux fusillades, décider laquelle de ses deux vies l’emportera sur l’autre à la fin du scénario.

Ecrit par un Shane Black à l’époque au sommet de sa gloire (mais furieux par les lourdes réécritures du script orchestrées par New line), Au Revoir à jamais, du moins son échec américain, mis fin à deux histoires à Hollywood. Celle du mariage de Renny Harlin et Geena Davis, qui ne résista pas à ce deuxième bide après celui de Pirates des Caraïbes ; et celle des gros blockbusters d’action populaires, qui pulullaient depuis dix ans sous les règnes de Bruce Willis, Schwarzie et Stallone et seraient bientôt remplacés par les films de super héros.

Accessoirement, la carrière de Shane Black pâtit gravement de la contre performance du film, qui avait pourtant plus d’un atout dans sa manche pour remplir les salles : une narration extrêmement divertissante, des scènes d’action plus que décentes, les dialogues inénarrables de Black et un cast aux petits oignons, depuis les bad guys seconds couteaux (David Morse, Craig Bierko, Brian Cox) jusqu’à la star, en passant par un très attachant Sam Jackson en sidekick loser hilarant. Quant à Geena Davis, en super killeuse pré-Alias et vraisemblablement inspirée par le Bourne de Ludlum, elle est tout simplement impériale. Drôle, alerte, badass (ha ben oui ça, forcément), elle impose une crédibilité royale en machine à tuer experte en techniques de combats, tout en réussissant le pari d’une interprétation schizophrène avec deux facettes aussi attachantes l’une que l’autre.

 

 

88. Jimmy Doyle (Gene Hackman)

par John Plissken

FILM :  French Connection, de William Friedkin (1971)

Violent, grossier, raciste, irascible, dangereux…. Inspiré de l’authentique détective new yorkais Eddie Egan, le Jimmy “Popeye” Doyle de French connection, tranche à l’époque singulièrement avec le tout venant des flics de cinéma. Incarné avec une fougue et une morgue rageuses par un Gene Hackman dont William Friedkin ne voulait pas au départ (il préférait Paul Newman, trop cher pour la production), Doyle n’a qu’une obsession : coincer Alain Charnier (Fernando Rey), le cerveau français d’un trafic de stupéfiants inondant la cote Est des Etats-Unis depuis Marseille via New York.

Une détermination radicale qui l’amène à enfreindre toutes les règles et griller toutes les étapes, quitte à faire lui-même des erreurs de débutants comme lors de la géniale séquence de filature de Charnier dans le métro. Flic hors pair mais rongé par la hargne et la colère, Doyle pousse l’opiniatreté vers les limites de l’inconscience, jusqu’au point de non-retour dans un final où, définitivement, Friedkin nous fait comprendre que, non, un flic incontrôlable, ça n’est vraiment pas la panacée. Dans le rôle, Hackman donne toutes ses tripes au cours d’un tournage particulièrement difficile pour lui – le racisme de Doyle et la violence de certaines répliques lui posaient de sérieux problèmes. A l’arrivée, l’acteur s’est vu fort légitimement récompenser d’un Oscar et le film en a remporté cinq.

BADASS LINE : écoutez la voix off du trailer ci-dessous, j’ai pas trouvé mieux !

 

89. Marion Ravenwood (Karen Allen)

par Dominique Montay

FILM : Les aventuriers de l’arche perdue, de Steven Spielberg (Raiders of the lost ark, 1981)


George Lucas, avant de sucrer les fraises, a offert au cinéma deux monuments absolus, deux merveilles. La trilogie Star Wars en était une. Celle d’Indiana Jones tout autant. Si dans le Lucasverse (j’en entend grincer, au loin), on sent la tradition des hommes d’action forts (Ford en est le parfait interprête), la place des femmes est souvent capitale.

Si la princesse Leïa est avant tout une “princesse à sauver”, de par son attitude (elle envoie chier Luke et Solo, elle prend les armes, provoque leur évasion…), elle est aussi une femme d’action. Tout comme elle, Marion, dans Les Aventuriers de l’Arche Perdue, n’est pas juste une potiche.

La façon dont est introduite le personnage dans le film résume sa personnalité. Solitaire, revêche, forte. Plus dure que les gros durs. Face à un type à la mine patibulaire, Marion fait un concours d’alcool, dans son propre bar, au milieu du Nepal. Alors qu’elle semble perdre, Marion se redresse et boit son dernier verre. Le type s’effondre. Une scène mémorable qui résume la personnalité de cette femme : elle est résistante et n’abandonne jamais.

On pourra regretter que, par la suite, Marion se retrouve assez souvent dans la position de la “jeune femme en détresse”. Mais elle ne se séparera jamais de son attitude, mélange de bravoure, de courage et d’inconscience.

On regrettera aussi, qu’après avoir offert les personnages de Leïa et de Marion Ravenwood, Lucas et Spielberg soient tombés dans le cliché absolu dans Le Temple Maudit. “Willie” Scott est futile, passe son temps à crier et à se faire enlever, le tout en attendant qu’un homme (Jones) vienne la sauver. Si certaines situations sont drôles, le constat n’est pas très glorieux : c’est un gros retour en arrière.

Pour le film qui n’existe pas, George Lucas et Steven Spielberg ont rappelé Karen Allen pour retrouver un Indy aujourd’hui soixantenaire. Pas forcément un cadeau tant le personnage est dans ce cas mal écrit. Marion telle qu’on la connaissait semble ne plus vraiment exister. Reste son regard d’un bleu perçant, et le souvenir d’une femme forte. Une femme qui tenait tête à Indiana Jones, sans se forcer.

 

 

90. Nicholas Angel (Simon Pegg)

par Gilles Da Costa

FILM : Hot Fuzz, d’Edgar Wright (2007)

Le curriculum vitae et les états de service de l’agent de police Nicholas Angel sont pour le moins impressionnants. Diplômé de l’université de Canterbury suite à un double cursus en sciences politiques et en sociologie, il intègre le centre de formation des forces de police et ne tarde pas à être reconnu pas sa hiérarchie pour ses capacités sur le terrain en matière de pacification et de gestion des émeutes. Ayant passé son examen final avec succès, il recevra le bâton d’honneur de la police de Londres ainsi que la plus haute distinction décernée par le service de sécurité métropolitaine. Reconnu par ses formateurs comme un exemple d’efficacité et de motivation, il n’aura de cesse que de perfectionner ses nombreuses qualités afin de servir toujours plus efficacement la communauté.

Spécialiste de la conduite automobile et de la course à vélo, il détient également le record du 100m de la police britannique. Mais l’étendu de son talent ne s’arrête pas là. En 2001, il reçoit la médaille de la bravoure pour acte d’héroïsme au sein de son unité d’intervention rapide, grâce à son rôle primordial dans le succès de la périlleuse opération “Crackdown”. Détenteur de neuf distinctions honorifiques, recordman du plus grand nombre d’arrestations au sein de la communauté urbaine de Londres, trois fois blessé dans l’exercice de ses fonctions, dont une fois par un homme déguisé en père noël. Vous l’aurez compris, Angel est le super flic par excellence. Tellement performant qu’il fait passer le reste de la police londonienne pour une bande de bras cassés. Ses supérieurs décident donc de le muter à Sandford, un coin perdu de la campagne anglaise, où il ne pourra plus faire d’ombre à personne. Seulement voilà, tout n’est pas si rose dans cette petite bourgade, et ce policier un tantinet psychorigide ne tardera pas à reprendre les armes, poussé par Danny Butterman (Nick Frost), un collègue débonnaire fan absolu de buddy movies et de films d’action façon années 90.

Si Angel représente l’agent modèle, austère, arc-bouté sur son manuel des bonnes pratiques policières, Butterman lui semble vivre dans un univers fantasmé et marche avant tout à la passion et à l’enthousiasme. L’un est une mécanique bien huilée quelque peu dénuée d’humanité et l’autre un grand enfant bien loin des réalités du métier dans cette petite ville où un cygne rebelle et un mime font figures d’ennemis publics. Bien évidemment, tout ceci n’est qu’une apparence, et le hameau révélera son véritable visage durant le dernier tiers du film durant lequel Hot Fuzz bascule dans un gunfight gigantesque au cour duquel chacun révèle sa véritable nature. Deuxième volet de la trilogie “Blood and Ice Cream” réalisé par Edgar Wright, situé chronologiquement entre Shaun of the Dead en 2004 (hommage à l’univers de George Romero et aux films de zombies) et The World’s End dont la sortie est annoncée cette année (clin d’oeil aux film catastrophes et au post-apocalyptique ?), Hot Fuzz fait écho aux films d’action décomplexés et au cinéma de Michael Bay et Joel Silver en particulier. En ce sens, ce film illustre la rencontre du héros moderne très premier degré, droit dans ses bottes et pour qui la violence est une chose sérieuse, avec la mentalité fun et débridée du blockbuster des 80’s/90’s et tous les excès qui l’accompagne.

Un bel hommage plein de tendresse aux viandards décérébrés qui peuplaient nos videoclub à une époque où le héros débordant de testostérone n’avait pas peur d’aller trop loin, trop rapidement, sans réfléchir et de préférence en beuglant avec un flingue dans chaque main.

BADASS LINE : “Shit just got real!”

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