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100 badass du cinéma, épisode 2 : Terence Stamp, Vladimir Kulich, Bruce Willis, John Wayne, Mads Mikkelsen

100 badass du cinéma, épisode 2 : Terence Stamp, Vladimir Kulich, Bruce Willis, John Wayne, Mads Mikkelsen

Au programme du jour 2, on cible les badass dans L’Anglais, Le 13e guerrier, Piège de cristal, L’Homme qui tua Liberty Valance et Valhalla Rising. Fais ton choix, guerrier !

 

6. Wilson (Terence Stamp)

par David Brami

FILM : L’Anglais, de Steven Soderbergh (The Limey, 1999)

Attention les gars, si vous me chauffez je vais tirer… Je vous dis que je vais tirer !

En arrivant sur le tournage de L’Anglais, Terrence Stamp est déjà auréolé d’une brochette de rôles bien badass. Tueur dérangé dans L’Obsédé en 1965 et avatar mi-ange mi-démon dans le Théorème de Passolini, Stamp s’est même payé le rôle du plus terrifiant adversaire de Superman sur grand écran, j’ai nommé le Général «kneel before» Zod dans Superman 2, sans oublier celui du diable dans La compagnie des loups. Mais personnellement, c’est surtout dans le film de Soderbergh que je lui trouve une classe et un charisme incroyables. Tout juste sorti de sa province anglaise (et de prison), le monsieur débarque en Californie pour résoudre le meurtre de sa forte tête de fille.

Nonchalant à en faire peur, son personnage, Wilson, se balade l’air de rien, jetant les gardes du corps du haut des balcons et se payant le luxe de menacer le parrain local avant un shoot out bien mené. Un parrain joué mine de rien par Peter Fonda, LE Captain America de Easy Rider en personne, oui madame. Mais Wilson se fout autant de Peter Fonda que de son rôle. Tout ce qui l’intéresse c’est de retrouver le sunuvabitch qui a provoqué la mort de sa progéniture. Il céderait d’ailleurs bien à ses instincts premier de lui coller une balle dans le crâne. Mais au final, Wilson réalisera que cette puissance sera celle, héritée par sa fille, qui aura provoqué le drame. Coupable de sa propre rage, aucun homme sur terre n’aura pu l’arrêter, si ce n’est lui-même.

Sorti de ce caractère de cochon qui transformera cette chasse à l’homme en auto-damnation, Wilson tire également son aura d’un montage cinématographique tout particulier. Signé par Sarah Flack (oscarisée pour Lost in Translation, on a connu pire) et mélangeant avec une rare maestria les cuts, les flash-backs et autres flash-forwards, ce montage fait de Wilson le personnage d’un mauvais souvenir, du genre dont on ne se souvient que de façon éclatée après un trauma. Le début avant la fin, avant le milieu. Seule exception, cette séquence hallucinante durant laquelle tout se passe en hors champ.

Je vous avais prévenus pourtant !

Tabassé et pas content, Wilson pète un câble quand le responsable mal poli d’un entrepôt lui raconte ce qu’il aurait voulu faire à sa fille et demande à ses molosses de lui foutre une raclée. Mal en point, Wilson se relève, sort un flingue, et repart de plus belle vers l’entrepôt. De l’extérieur, on imagine l’ignoble massacre dont seuls les échos nous parviennent. Au bout d’un temps, un rescapé en sort, courant comme un dératé avant d’être hélé par Wilson. Le visage maculé de sang, la bave aux lèvres, celui-ci lui demande de prévenir son boss : «Dis lui que j’arrive !». Un message si brut et flippant que personne ne le comprend, et qui rappelle d’ailleurs une autre raclée, celle que Nicolas Cage met à un adepte de snuff dans le 8MM de Schumacher sorti la même année. Y’a pas mieux que l’imagination pour mettre en scène l’horreur, moi je dis.

Badass line : « You tell him. You tell him i’m coming ! Tell him I’m fucking comiiiiing !!!! »

 

7. Buliwyf (Vladimir Kulich)

par John Plissken

FILM : Le 13e Guerrier, de John McTiernan (The 13th warrior, 1999)

Dans le grand gâchis du chef-d’oeuvre qu’aurait pu être Le 13e Guerrier si on avait laissé McTiernan travailler tranquille, une figure de légende émerge, forcément : Buliwyf, le chef viking qui s’empare progressivement du leadership du film au fil des bobines. Interprété avec tout le charisme du monde par l’acteur canadien d’origine tchèque Vladimir Kulich (revu tout récemment dans la série Vikings, c’te hasard !), Buliwyf le taiseux intimide et inspire la crainte, surtout lorsqu’il découpe en rondelles sans ciller un importun sous les yeux horrifiés d’Ahmed Ibn Fahdlan, le lettré d’Orient. Plus le film avance, plus le spectateur va partager le respect et l’admiration grandissants de Fahdlan pour Buliwyf, noble et puissant guerrier pensant, lui-même progressivement séduit par l’intelligence et le courage de Fahdlan.

L’amitié non-dite entre les deux hommes représente un point de convergence entre deux civilisations qu’a priori tout oppose, la promesse d’une fraternisation entre des cultures sachant apprendre l’une de l’autre. Dans leur lutte contre un péril commun, les terrifiants Wendols, Ibn Fahdlan et Buliwyf uniront leurs ressources pour défaire l’ennemi et surtout briser l’élément clé de la peur qu’il inspire. Lors d’une bataille épique hélas gâchée par un abus de ralentis et surtout une durée bien chiche au final cut eut égard aux enjeux dramatiques, Buliwyf libère toute sa fureur et sa grandeur au combat, tranchant du Wendol à la chaîne. Lorsque les armes se taisent et que la menace s’est repliée dans les brumes lointaines, un plan final fait définitivement de Buliwyf l’un des guerriers les plus nobles et iconiques jamais vus à l’écran. Dommage, une fois encore, que la scène des adieux à ce fascinant personnage soit expédiée en une poignée de secondes au terme d’un montage décidément atrocement frustrant.

Badass line : « We will miss Angus, tonight. We will miss his sword »

 

 

 

8. John McClane (Bruce Willis)

par John Plissken

FILM : Piège de cristal, de John McTiernan (Die Hard, 1988)

En ces heures sombres où Fox, John Moore et Bruce Willis ont massacré de concert l’un des plus beaux héros de l’Histoire du cinéma d’action, repenchons nous un tout petit peu sur la magnificence initiale du personnage. Oui, John McClane mérite évidemment au centuple d’intégrer une liste des 100 badass du cinéma et ceci dés ses premières secondes à l’aéroport de Los Angeles. Officier soupe au lait du NYPD venu pour Noel rejoindre son épouse dont il est momentanément séparé, McClane est posé en un plan : des doigts crispés sur l’accoudoir d’une place d’avion, au moment de l’atterrissage. Notre héros a peur en vol : ha, c’est pas à Stallone ou Schwarzenegger que ce genre de phobie arriverait, hein (le rôle leur avait d’ailleurs été proposé et ils l’ont refusé, les sots) !

John McClane, tout en étant bien entendu le badass bigger than life qui décimera 20 hommes surarmés dans une tour de 40 étages, n’a rien à voir avec les musculeux hiératiques joués par Schwarzy et Stallone à l’époque. McClane a ses faiblesses, montre sa peur et passe son temps à se plaindre d’être le mauvais mec au mauvais endroit au mauvais moment. Il est le héros qui ne voulait pas l’être. On pourrait quelque part rapprocher son incarnation du “tough guy” de celle d’Harrison Ford dans les Indiana Jones : un geignard amené à ne se dépasser monstrueusement que sous la contrainte. Ours mal léché des bas fonds new yorkais goûtant peu l’extravagance décadente des californiens, McClane nous attendrit instinctivement par ses allures de “poisson hors de l’eau”, légèrement beauf et réac. En pleine fusillade, la trouille et l’effroi savamment dosés par Bruce Willis se lisent sur son visage, tout comme une véritable espièglerie dans d’autres circonstances.

Conformément à la volonté de McTiernan qui souhaitait avant tout filmer un divertissement (l’intrigue initiale mobilisait des terroristes, il en a fait de “simples” braqueurs, moins glauque), McClane apporte ainsi énormément d’humour à l’intrigue. Sur ce plan là, on pouvait évidemment compter sur l’aptitude au jeu “tongue in cheek” de Bruce Willis, aguerri par trois saisons de Clair de Lune et qui tournait la 4e en parallèle avec Die Hard (Willis tournait la série le jour, le film la nuit). “Mouche dans le lait” insaisissable par les hommes de Gruber, McClane a imprimé à jamais nos rétines avec son outfit de va-nu-pieds au marcel encrassé. Un punching ball sujet à branlées régulières par plus balèze que lui mais finissant toujours par triompher grâce à son ingéniosité, sa détermination et un peu de force bourrine aussi tout de même, hein…

Ses faiblesses craquantes n’empêchent ainsi pas McClane de défourailler sévère, dans la fusillade ou le mano à mano, comme il le prouvera au fil d’une saga qui aura donc connu un chef-d’oeuvre (Die Hard), une resucée vulgos mais fun (Die Hard 2), une brillante réinvention formelle (Die Hard 3) et deux nanars abyssaux qui ne méritent même pas qu’on les nomme. On en profite pour envoyer tout plein de poutous virtuels à McTiernan et le groupe Free John McTiernan dont la mobilisation et l’opiniâtreté dans son soutien au cinéaste bientôt emprisonné forcent le respect !

 Badass line :  « Yipikai motherfucker  ! » (ben ouais, obligé…)



 

9. Tom Doniphon (John Wayne)

par Sheppard

FILM : L’Homme qui tua Liberty Valance, de John Ford (The Man who shot Liberty Valance, 1962)

Impossible de parler de badass au cinéma sans parler de John Wayne. On pourrait même dire qu’il est en quelque sorte le père fondateur du badass, de par son jeu désinvolte, son sens de la réplique et ce je ne sais quoi qui nous fait dire qu’à trop le chercher, on va droit vers les emmerdes. S’il est une scène qui résume à elle toute seule le Duke, c’est probablement la célèbre scène du restaurant dans L’homme qui tua Liberty Valance. Cette fameuse scène du « steak », dans laquelle Tom Doniphon (John Wayne, donc) jusqu’ici resté à l’écart, va prendre fait et cause pour l’innocent Ransom Stoddard (James Stewart) et ainsi faire trembler le terrible Liberty Valance (Lee Marvin) jusque dans ses bottes. Et pas seulement lui, mais toute sa bande dont le futur badass, Lee Van Cleef. C’est d’ailleurs lui qui retient la main de Valance alors que celui-ci s’apprête à dégainer. « Fais pas le con », semble-t-il lui dire. C’est vous dire si Wayne en impose.

Même si L’homme qui tua Liberty Valance peut paraître comme le chant du cygne du badass à l’ancienne, le Duke reste néanmoins le cowboy ultime, la classe américaine, le gars qu’on aurait aimé avoir à nos côtés quand on se faisait emmerder à la cantine. « C’était mon steak, Valance », et pan, dans les dents ! Ha, tu fais moins le malin là, hein ?

 

10. One-Eye (Mads Mikkelsen)

par Sheppard

FILM : Le Guerrier silencieux, Valhalla Rising, de Nicolas Winding Refn (Valhalla Rising, 2010)

 

S’il est un trait de caractère qui revient souvent chez le badass, c’est qu’il est avare de mot. Et l’on pourrait croire à la vision du fulgurant Valhalla Rising, qu’au royaume des taiseux, le muet est roi. Car non seulement Mads Mikkelsen ne pipe pas un mot de tout le film, et c’est à peine si on l’entend souffler pendant l’effort, mais il lui suffit d’un plan d’une sauvagerie inouïe pour imposer son personnage comme un sacré putain de badass, une véritable machine à tuer que rien ni personne ne peut arrêter. Il est mû par la haine, nous dit son « propriétaire » avant de se faire copieusement arracher la tête par son invincible guerrier, et on le croit volontiers.

La violence de One-Eye, ce fou parmi les fous, a cependant quelque chose de rassurant au milieu du ramassis de tarés avec lequel il traverse l’océan. Cette haine couplée à son mutisme le rend étrangement plus sain d’esprit que la plupart des gens qu’il va croiser. Sans doute parce qu’il a l’assurance de celui qui ne craint pas la mort, mais aussi parce qu’en prenant un enfant sous sa protection, il laisse disparaître sa sauvagerie au profit d’un visage plus humain, presque innocent, doué d’une véritable compassion, là où tous les autres ne sont que mensonges, envie, fanatisme et folie meurtrière.

Ce sont eux les véritables sauvages, One-Eye, lui, n’est qu’un survivant qui a sans doute tout perdu et qui attend la mort comme une libération. He’s driven by hate. It’s how he survives. Why he never loses. He’ll come because he has to come. To finish it Badassssss…

 

 

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