
100 badass du cinéma, épisode 7 : Sigourney Weaver, Michelle Pfeiffer, Denzel Washington, Summer Glau, George Clooney
Rise and shine, fellas !!! Septième épisode (hé oui déjà) de notre illustre série sur les 100 plus grands badass du cinéma. Au programme du jour : du gros dur et de la grosse velue dans Alien, Batman le défi, Training Day, Serenity et Une nuit en enfer. Enjoy !
31. Ripley (Sigourney Weaver)
par David Bianic
FILM : Alien, de Ridley Scott (1979)
Nait-on badass ou le devient-on par la force des choses ? Inné ou acquis ? Nature ou culture ? Vous avez 4 heures, le SURGÉ Plissken passera ramasser les copies à l’issue de l’interro. C’est ce qu’inspire le personnage de Ripley dans la franchise Alien : avant d’être une motherfucking tueuse de xenomorphes, Ripley est une petite employée exemplaire, straightedge au possible.
Issue d’une Private School de Los Angeles, diplômée en ingénierie à l’Université d’Aéronautique de New York, elle devient pilote de robot porte-charge chez Weyland. Avec l’ancienneté, elle obtiendra le grade de lieutenant à bord du Nostromo. Une vraie fonctionnaire. Zélée qui plus est, ce qui lui vaudra l’inimitié du reste de l’équipage quand elle refuse de laisser rentrer des membres dont l’intégrité physique est susceptible d’avoir été corrompue lors de l’incident à bord du vaisseau étranger. Jusqu’à ce stade du film, le plus badass de la bande est Tom Skerritt, alias le capitaine Dallas, figure tutélaire du chef de cavalerie. Ripley est alors ostracisée, et sa froideur, sa rigidité, stigmatisées.
Si Ripley prend les choses en main, c’est malgré elle, après que Dallas a voulu se payer un baroud d’honneur, le con. Le second officier devient capitaine par intérim et, avec les galons, lui poussent une sacrée paire de couilles. Plutôt que de s’enfuir à bord de la navette, Ripley intime au reste de l’équipage de poursuivre la chasse à l’alien. Désormais en charge, Ripley découvrira les intentions de Weyland, bien décidé à ne pas laisser passer la découverte incroyable de l’évolution que représente ce vilain baveux à quenottes. Le choc est total pour Ripley. La bonne employée a été trahie par tout ce qu’elle chérissait. À l’exercice du devoir, une nouvelle mission lui incombe : ne pas laisser cet alien revenir sur Terre.
Comme dans le film, le personnage de Ripley évolua beaucoup au fil du travail d’écriture et de production. Sigourney Weaver fut la dernière recrue du cast d’Alien et c’est grâce aux producteurs Walter Hill et David Giler que Ripley passa petit à petit au premier plan du film, n’hésitant pas réécrire le script final. Ripley enterrait ainsi le personnage de la scream queen, avec son physique androgyne et asexué, associé à une rage de survivre. Pour autant, Ripley faillit bel et bien disparaître à tout jamais dès ce premier opus.
Après avoir négocié une rallonge de budget pour ajouter cette scène finale de confrontation à l’intérieur de la capsule de sauvetage, Ridley Scott voulait en plus que l’Alien arrache la tête de Ripley. Mais le bon sens hollywoodien des producteurs eut le dessus et Scott d’obtempérer : le monstre doit mourir à la fin. Si Alien premier du nom fit de Ripley un des tout premiers personnages féminins badass (le premier ?), c’est dans les itérations de la franchise par Cameron, Fincher et Jeunet que Sigourney Weaver allait prendre toute la mesure d’une héroïne “virile”, tout en développant un rapport ambigu à la bête, qui fera partie d’elle-même. Souvent érigée comme un personnage hautement féministe, Ripley se bat autant contre le monstre que contre le patriarcat et nourrit le mythe du badass d’un supplément d’âme. Fragile et impitoyable à la fois.
Badass-line : (on laissera au grand Roger Ebert le soin de délivrer la réplique, issue de sa critique en 2003 de la franchise) “Après avoir vu de quoi la chose est capable, sa réponse au Special Order 24 – garantir le retour de l’organisme – est succincte : « Comment on le tue ? ».”
32. Catwoman (Michelle Pfeiffer)
par Dominique Montay
FILM: Batman Returns, de Tim Burton (1992)
Alors que vous lisez ces lignes, sachez une chose : je suis un adorateur du second Batman de Tim Burton. A mon sens, Batman Returns est une de ses plus grandes réussites, une baffe visuelle de tous les instants, des dialogues merveilleux, et une interprétation qui rapprochent plus le film d’un Fellini que d’une adaptation de Comic Book. S’il n’est pas fidèle, au rang des transgressions, il trône tout en haut dans mon palmarès.
Passées ces considérations, attardons-nous sur le personnage de Selina Kyle. Kyle est une secrétaire broyée par une société phallocrate, érigée au rang de jolie chose maladroite qui fait le café. Sa vie est d’une vacuité absolue, et son intérieur évoque plus celui d’une adolescente sur le retour que celui d’une femme. Selina Kyle va mourir de la main de son patron, après avoir réalisé qu’il allait, plutôt qu’alimenter Gotham City en électricité avec sa nouvelle centrale, l’accumuler, et la voler.
Puis Selina Kyle va être ressuscitée par des chats. Et toute sa vie va basculer.Mue par la vengeance, elle change d’attitude, bascule dans la noirceur. Elle se confectionne un costume de cuir qui met en avant sa sexualité, et qui la rapproche de ce qu’elle est devenue dans tous les aspects du terme : une femme-chat.
Loin de l’idée qu’on se fait du personnage dans le comic book (voleuse ou prostituée selon les canons…), Selina Kyle est quelqu’un de décidé, qui n’a qu’un but: éliminer son boss (rêve américain), Max Shreck (Christopher Walken). Tim Burton utilise toutes les facettes de son actrice, Michelle Pfeiffer (la nature maladroite de la comédienne avant la transformation, son physique de femme fatale après). L’actrice est parfaite, au niveau de sa prestation dans Les Liaisons Dangereuses.
Catwoman est belle, insaisissable. Même Batman n’a pas le dessus sur elle. Et ne parlons pas de Bruce Wayne sur Selina Kyle, il lui mange dans la main. Deux scènes mythiques : le combat sur les toits entre Batman et Catwoman, qui s’apparente plus à des préliminaires SM, et la confrontation entre Selina Kyle et Bruce Wayne à un bal masqué. Lors de ce bal, ils sont les seuls à ne pas porter de masques. Et pour cause, elle comme lui considèrent qu’être Selina et Bruce, c’est porter un masque. Leur norme, leur vérité, c’est sous les traits de Catwoman et de Batman qu’ils l’exhibent.
Une réinterprétation inégalée, la Catwoman de Nolan n’a clairement pas la même importance, et essayons d’oublier la piteuse de Pitof.
Badass line : “Miaow”
33. Alonzo Harris (Denzel Washington)
par Sheppard
FILM : Training Day, d’Antoine Fuqua (2001)
Badass with an attitude, ainsi pourrait-on décrire l’inspecteur Alonzo Harris de la brigade des stup. de Los Angeles. Avec ses chaînes en or, ses deux flingues argentés qu’il porte comme un desperado mexicain et sa démarche de homey, Harris a plus l’air d’un gangsta que d’un flic. C’est parce qu’il n’est en vérité ni l’un, ni l’autre. Harris est un roi, un roi de la rue, un tyran dont le pouvoir repose sur la terreur, l’humiliation et occasionnellement le meurtre. « I run shit here! Y’all just live here ! », hurle-t-il à la face d’un molosse de deux fois sa taille. Totalement obnubilé par son propre pouvoir, Harris n’a peur de rien et se croit invincible. C’est d’ailleurs cette fascination qui va provoquer sa propre perte.
Dans un monologue final incroyable, Alonzo Harris devient un personnage presque Shakespearien qui, comme Macbeth, refuse de voir sa chute. Denzel Washington est au sommet de son art et son interprétation ajoute quelque chose d’enfantin à son personnage. Soudainement, on voit le gosse des rues refaire surface, celui qui s’est sans doute pris plus d’une raclée dans la gueule mais qui s’est toujours relevé, plus têtu qu’une mule, ivre de vengeance. Au moment fatidique où tout le monde lui tourne le dos pour le laisser affronter seul son destin, Harris se doute bien qu’il est un homme mort, mais il ne perdra pas la face, pas devant ces tocards sur lesquels il a régné pendant tant d’années.
BADASS LINE : « I’m winning anyway, I’m winning… I’m winning any motherfucking way. I can’t lose. Yeah, you can shoot me, but you can’t kill me ».
34. River Tam (Summer Glau)
par David Brami
FILM : Serenity, de Joss Whedon (2005)
Tout comme James Cameron, Joss Whedon est connu pour ses incroyables personnages féminins. Quand on lui demande la raison pour laquelle il se focalise souvent là dessus, il répond le plus naturellement du monde « parce que vous me posez encore cette question ». En effet, il semble encore étrange pour certains de voir des créateurs préférant axer leurs aventures sur de forts et ambitieux personnages féminins en lieu et place des sempiternels boboys bodyduildés. En bonne place au milieu des Buffy et des Echo (la série Dollhouse), River Tam fait partie du panthéon Whedonesque.
Avant d’atterrir au cinéma, Serenity c’est d’abord Firefly, une série de science fiction d’un genre un peu particulier puisque si elle se passe bien dans l’espace, aucune trace ici de robots ou d’extraterrestres, métaphores de peuples et de groupes humains avec leurs cultures, leurs problèmes et leurs relations conflictuelles. Firefly, c’est le Farwest dans l’espace avec ses vastes étendues désertiques, ses contrebandiers survivants de la guerre de sécession galactique, ses pirates sauvages fous et son gouvernement tordu qui fait la chasse aux hommes et femmes avides de liberté.
Tordu parce qu’il n’hésite pas à s’en prendre aux plus brillants de ses citoyens pour les transformer en machines à tuer. C’est ce qui est arrivé à River, jeune surdouée issue d’une riche famille, capable de corriger l’orthographe de son frère à trois ans et lassée de ses études scientifiques à 14. Recrutée pour faire partie d’un programme spécial, elle est en fait séquestrée et soumise à d’innommables expériences qui vont étendre ses maigres mais bien présentes capacités psychiques. Sauvée par son frère, elle va voguer dans l’espace à bord du Serenity, un cargo de contrebande dirigé par l’intrépide Mal Reynolds.
La série ayant pris soin de nous introduire au personnage, le spectateur avisé sait déjà en allant voir le film-conclusion Serenity quelles sont les extraordinaires capacités de River : douée pour la danse et possédant une intelligence plus qu’exceptionnelle, c’est un assassin hors pair n’ayant pour seul défaut que son instabilité. Fluide, puissante, insaisissable et sensible au moindre environnement, elle est la mort silencieuse, avec juste un bien plus joli minois. La regarder, c’est toujours tenter le diable, surtout si l’on a des idées bizarres ou une intention maligne. C’est titiller le calme avant la tempête, d’autant que provoquée par un stimulus extérieur, elle peut d’un coup attaquer sans distinction de larges groupes de combattants. On la voit ici mettre à terre plus d’une trentaine de personnes et manquer de tuer ses alliés, avant un combat final superbement chorégraphié dans lequel elle affronte sans sourciller une meute de cannibales mutants. Autant dire qu’il ne vaut mieux pas se trouver sur son chemin.
Malgré son mètre soixante six et ne devant pas peser plus de 55kg toute trempée, Summer Glau en impose dans le rôle, rendant parfaitement crédible cette enfant surdouée capable de déchaîner les enfers. Tellement crédible qu’elle le sera également en incarnant une version inédite de Terminator dans la série The Sarah Connor Chronicles. De quoi séduire tous les geeks de la planète ? Mais parfaitement !
Badass Line :
Malcolm Reynolds : «I’ve staked my crew’s life on the theory that you’re a person, actual and whole, and if I’m wrong, you’d best shoot me now…»
[River arme le flingue qu’elle tient pointé vers Mal tout en regardant ailleurs]
Malcolm Reynolds : «…or, we could talk more.»
35. Seth Gecko (George Clooney)
par John Plissken
FILM : Une nuit en enfer, de Robert Rodriguez (From dusk till dawn, 1996)
Lorsqu’Une nuit en enfer sort sur les écrans ricains, début 1996, George Clooney fait déjà battre depuis un an et demi le coeur de centaines de millions de ménagères dans la blouse du bienveillant Dr Ross d’Urgence. Enfin starisé via la télé après des années de vaches maigres, Clooney a cependant bien l’intention de ne pas tâter du stétoscope toute sa vie : grâce à Tarantino, qui l’a dirigé quelques mois plus tôt dans le dernier épisode de la saison 2 (Motherhood, diffusé en mai 1995 sur NBC), Clooney posera la première pierre de sa patiente ascension cinématographique.
Une Nuit en enfer, écrit en 1990 par Tarantino sur une idée de Robert Kurtzman (le “K” de KNB, célèbre société d’effets spéciaux de maquillages), donnera à Clooney l’occasion de sabrer radicalement son image de pédiatre-gendre idéal au regard enjoleur. Dans le film, les fans d’Urgence auront tout d’abord la surprise de découvrir un Clooney débarassé de son casque capillaire au profit d’une coupe près du crâne façon patricien, nettement plus badass. Avec son costard noir, son tatouage de flamme débordant sur le cou et sa gâchette impitoyable, Clooney, dans la peau du braqueur Seth Gecko, va démultiplier son sex-appeal en jouant la carte du très, très mauvais garçon. La preuve : toujours à l’affut de beaux gosses à cadrer de près, le tâcheron Joel Schmacher l’embauchera dans Batman & Robin après l’avoir vu dans Une nuit en enfer. Ok, sans doute le pire rôle jamais joué par Clooney, mais ceci est une autre histoire…
Toujours est-il que dans ce pétaradant contre-emploi, Clooney s’en donne à coeur joie : son Seth Gecko charrie du cool par quintaux à la minute. A la fois sans merci et maître de lui, regard de fauve et voix suave, il joue en plus les frangins protecteurs auprès de son binôme, l’autre Gecko, Richard (Tarantino), bouffon psychopathe et libidineux. Plus pragmatique et mesuré que son frère, Seth Gecko n’est cependant pas en reste quand il s’agit de truffer de pruneaux puis crâmer vivant un pauvre pompiste dans l’hallucinante séquence pré-générique. Ou prendre sans état d’âme en otage le pasteur Fuller (Harvey Keitel) et ses gosses (Juliette Lewis et Ernest Liu) pour l’aider à passer la frontière mexicaine dans leur camping car. Ou bien encore défoncer la gueule du premier importun au Titty Twister. Bref, un pur bad boy badass qui, lorsqu’en plus il massacre du vampire à la chaîne, décuplera chez ses groupies l’envie de le traîner au pieu (hi, hi !).
BADASS LINE : « All right, vampire killers… let’s kill some fucking vampires »