100 moments de télé, épisode 1 (X-Files, Urgences, Frasier, Alias, Luther)

Pendant les 4 prochaines semaines, vous retrouverez, du lundi au vendredi à 14h, un dossier spécial consacré à 100 moments de télévision qui ont marqué la rédaction du Daily Mars. Pas de classement ici, juste des souvenirs mémorables qui ont consolidé notre amour le la télévision de qualité. Ou qui nous ont juste laissé la mâchoire pendante. Bonne lecture ! (Attention, il va y avoir du spoiler)

Un dossier imaginé par Nicolas Robert.

 1. Gorge Profonde se fait tuer

par Dominique Montay

La série : X-Files

L’année : 1994

L’épisode : 1×24 – The Erlenmeyer Flask

« Dans le doute, tue quelqu’un ». Cette phrase, c’est Chris Carter qui la prononce pour expliquer à quel point la mort du personnage de Gorge Profonde, seul allié de Fox Mulder dans les hautes sphères, est fondatrice. Après lui, beaucoup d’autres personnages vont connaître le même sort, mais aucun ne provoquant le même effet de surprise.

Gorge Profonde s’était avéré être un homme de confiance, figure paternelle bienveillante, même s’il était rempli de zones d’ombres. Ses dernières paroles pour Mulder sont riches de sens, et là encore, soulignent la thématique globale de la série « Trust no one »

2. Sydney et celle qui a tué Francie mangent de la glace sur le canapé

par Nicolas Robert

La série : Alias

L’année : 2003

L’épisode : 2×22 – The Telling

La fausse Francie.

Avoir un orgasme télévisuel à cause de deux femmes qui s’entretuent pour un pot de glace au café, c’est possible. Il y a dix ans, alors qu’il était encore vraiment showrunner pour la télé, JJ Abrams imagine une scène géniale pour le season finale numéro 2 d’Alias. Francie, la meilleure amie de Sydney Bristow, a été assassinée par les hommes de Sloane et remplacée par son sosie. Sosie démasqué par Will, un autre ami de Bristow. Avant d’être débusqué par la taupe, ce dernier a pu laisser un message sur le portable de Sydney… qui l’écoute sur le canapé du salon. Juste à côté de la fausse Francie.

Bristow comprend d’un coup : 1/ Que sa meilleure amie est morte, 2/ Que son meilleur ami a peut-être été tué, 3/ Que le tueur est en train de lire un magazine tranquillou en face d’elle (et qu’il va sans doute la tuer une fois arrivé au bas de la page). Or, elle ne doit rien montrer.

Un bijou de mise en scène, avec une tension énorme et… un pot de glace au café, qui permet à Sydney de confondre le double. Incontournable. Sans le savoir, la série vient d’atteindre son point d’orgue, avec un combat homérique juste après.

3. Niles Crane se prépare pour la saint-valentin

par Dominique Montay

La série : Frasier

L’année : 1999

L’épisode : 6×14 – Three Valentines

No Comment.

4. La mort de Mark Greene

par Nicolas Robert

La série : Urgences

L’année : 2002

L’épisode : 8×21 – On the Beach

Anthony Edwards.

Lister 100 moments marquants, c’est parfois slalomer entre les disparitions de héros. Pourquoi garder celle-ci plutôt qu’une autre ? Parce que c’est celle du personnage qui incarne le mieux l’esprit de la série créée par Michael Crichton. Parce que c’est un épisode poignant, parfois dur et dont il se dégage pourtant une certaine pudeur. Et parce que John Wells (scénariste et réalisateur ce coup-là) va jusqu’au bout de la démarche initiée par la série deux épisodes plus tôt : il offre à Greene l’opportunité de mourir comme il a vécu, en essayant de faire de son mieux jusqu’au bout.

Ce n’est pas seulement un personnage qui meurt, comme en témoigne la scène ci-dessous: en s’éloignant lentement d’un homme qu’elle n’a jusqu’ici jamais cessé d’observer, la caméra appose avec délicatesse un point final à une belle et grande histoire. Celle d’un héros de télé porté par ses intentions, et qui aura traversé avec justesse huit saisons (même quand Jack Orman le guérit d’une opération au cerveau en moins de temps qu’il ne faut pour dire « hypothalamus »…).

Avec On The Beach, Urgences a en outre associé à jamais cette histoire à une chanson dans l’imaginaire des téléphages : la reprise de Somewhere over the rainbow interprétée par Israel Kamakawiwo’ole (Attention : la rédac n’offre pas les mouchoirs).

5. Une station-service, la nuit

par Dominique Montay

La série : Luther

L’année : 2011

L’épisode : 2×03 – Episode 3

Des gens normaux sont dans une station-service quand soudain, un homme se met à agir étrangement à l’extérieur. D’abord intrigués, les quidams commencent à fortement s’inquiéter, surtout lorsque ce dernier se met à sauter sur la voiture de l’un d’entre eux. En sortant pour arrêter ce manège, le propriétaire se fait massacrer.

Une scène d’une intense violence, dérangeante, terrifiante. Un cas d’école de l’immersion de l’horreur dans un contexte banal, renforcé par le point de vue: nous sommes du côté de la vitre avec les observateurs. Nous partageons leur malaise, leur peur grandissante. Nous sommes à la fois, comme eux, victimes et voyeurs, en danger malgré l’impression d’être à l’abri. Luther, fiction très sombre, prouve avec cette scène sa force et son intensité, qu’on retrouvera un peu plus tard dans l’épisode, avec une scène presqu’aussi glaçante, avec l’assassin, camouflé sous un casque de moto, qui assassine un a uns les employés d’une société à coups de marteau. Mémorables moments de télé.