100 moments de télé, épisode 2 (Lost, Parks and Recreation, Homicide, Luck, Friday Night Lights)

100 moments de télé, épisode 2 (Lost, Parks and Recreation, Homicide, Luck, Friday Night Lights)

Deuxième épisode de notre dossier « 100 moments de télé », avec aujourd’hui du Lost (indice sur l’échelle du spoiler : 8), du Parks and Recreation (1 sur l’échelle), du Homicide (8), du Luck (2), et du Friday Night Lights (9). Ces indices sont donnés à titre indicatif et ne peuvent en aucun cas se retourner contre le Daily Mars. Si vous vous êtes emporté parce que pour vous, le titre de « L’arrivée du train à la Ciotat » en dit beaucoup trop sur le contenu du film (on ne juge pas), vous le savez comme moi, dès 1 sur l’échelle du Spoiler, c’est déjà beaucoup trop.

Et sinon, bonne lecture

6. « We have to go back »

par Nicolas Robert

La série : Lost

L’année : 2007

L’épisode : 3×22-23 – Through the Looking Glass

Matthew Fox dans « Lost ».

On dira ce qu’on voudra de Lost, de ses périodes de creux, de son final pas franchement fameux, mais quand Damon Lindelof et Carlton Cuse visent le haut, il faut reconnaître que c’est monstrueusement bon. Troisième season finale de Lost, Through the looking glass va mystifier les téléspectateurs en beauté, en combinant une nouvelle fois intrigue sur l’île et intrigue en flashback. Sauf que non. Et qu’on le saura à la toute fin de l’épisode.

Jouant habilement sur les repères que le téléspectateur croit avoir, Through The Looking Glass s’impose avec sa scène finale (et le très bon « We have to go back« ) comme l’un des tous meilleurs moments de la série. Et chronologiquement, ce double épisode impose avec force une idée : Lost arrive au milieu de son existence, et sort joliment d’une pénible crise narrative.

7. Leslie Knope fait un meeting dans une patinoire

par Dominique Montay

La série : Parks and Recreation

L’année : 2012

L’épisode : 4×12 – The Comeback Kid

« Get on your feet… »

Leslie Knope s’est présentée à l’élection au conseil de la ville de Pawnee. Après qu’elle ait perdu ses soutiens, Leslie obtient l’aide de ses amis et collègues pour gérer sa campagne. Et c’est… chaotique. Le moment critique est atteint le jour où elle doit tenir un meeting de ralliement dans une salle de basketball avec une gloire sportive locale : « Pistol » Pete.

Sauf que la salle réservée, autrefois dédiée au basket, est devenue une patinoire. Et le tapis rouge qui doit les mener des coulisses au podium est beaucoup trop court (merci Tom). Pendant que le groupe avance tant bien que mal sur la glace, se rétamant toutes les deux secondes, la musique n’a de cesse de recommencer, avec ces paroles « Get on your feet ». Ah, et le chien d’Andy pisse sur la jambe de Ron Swanson. Et oui, à la fin Pistol Pete arrive, tente de mettre un panier, mais se viande lamentablement sur la glace et se pète le bras. Encore aujourd’hui, j’en ris.

 

8. La fusillade déclenchée par Junior Bunk en pleine brigade criminelle

par John Plissken

La série : Homicide

L’année : 1998

L’épisode : 6×22 – Fallen Heroes

Nathaniel Lee « Junior Bunk » Mahoney : fallait pas l’inviter (au poste) ! Quatre avant avant d’incarner le bouillant Dr Pratt dans Urgences, Mekhi Phifer est ici parfait en petite frappe promu tueur de flics.

Apothéose tragique de l’arche narrative liée au clan mafieux Mahoney, la fusillade qui clot la première partie du double season finale Fallen Heroes charrie des invraisemblances. Non, dans un poste de police, on ne laisse pas trainer dans un tiroir un flingue chargé à portée de main d’un suspect menoté au bureau voisin. Non, on ne laisse pas non plus le dit suspect sans surveillance au milieu de tout le monde, encore moins lorsque ce dernier fricote avec une organisation de narco-trafiquants en pleine vendetta meurtrière depuis plusieurs jours.

Et pourtant : lorsque Junior Bunk, après son arrestation par les détectives Kellerman et Lewis, profite de l’inattention générale au poste pour se saisir d’un Glock et entamer un sidérant carnage, la suspension d’incrédulité est totale. On y croit à fond parce que, durant ces interminables secondes, le sort de ces héros qui tombent nous importe. Et parce que la mise en scène de Kathryn Bigelow, toute en pano-éclair suivant la trajectoire des tirs et s’attardant sur la violence des impacts, nous happe dans sa fureur. L’issue du massacre nous laisse bouche bée devant le cadavre de Bunk (Mekhi Phifer, bien avant Urgences), criblé de balles par Giardello, Kellerman, Lewis et Baylis.

Comme chez Hitchcock, l’intensité dramatique et la force de la mise en scène l’emportent sur la crédibilité. Narrativement, quelles que soient les raisons de son écriture, ce final sanglant n’a rien de gratuit : il est l’aboutissement d’une série d’erreurs du tandem Kellerman/Lewis remontant à la saison 5. Et il sera le déclencheur d’une série de conséquences dans la saison suivante. En sept saisons d’Homicide, les fusillades se comptent sur les doigts de la main. Mais lorsqu’elle déchaîne l’enfer, la série écrabouille toute concurrence.

 

9. L’entrainement

par Nicolas Robert

La série : Luck

L’année : 2012

L’épisode : 1×01 – Pilot

Luck et Kerry Condon.

Des scènes de chevaux qui courent, il y en a dans Luck et pourtant, une des premières possèdent une puissance assez unique. On en a parlé lors de la période des bilans, en fin d’année. Le camarade Rorschach, alors que je parlais d’une des plus mémorables scènes de l’année, évoque la course de l’épisode 4, « une séquence assez incroyable de retenue, maitrise, poésie, tension et émotion ». Il a tout à fait raison. Sauf que je continue de lui préférer la scène du pilote, où Rosie s’entraîne sous les yeux de plusieurs personnages clefs de la série.

Parce que c’est une scène éminemment physique. Toute en puissance, qui met le téléspectateur sur le cheval… et sur les fesses. Et qu’elle donne les clefs de la série. Singulière, impeccable visuellement et d’une puissance évocatrice incroyable: Mann sort le grand jeu pendant une poignée de minutes. Rien qu’avec une scène d’entraînement.

10. Matt Saracen découvre le cadavre de son père rappatrié

par Sullivan le Postec

La série : Friday Night Lights

L’année : 2010

L’épisode : 4×05 – The Son

Sur les quelques litres de larmes que j’ai versées en cinq saisons de Friday Night Lights, beaucoup l’auront été pour le personnage de Saracen. Et « The Son », évidemment, compte parmi les épisodes qui m’auront fait le plus pleurer. Matt Saracen devait y faire face à la mort de son père lors d’une action militaire en Irak, un père absent depuis qu’il ne cessait de se réengager dans l’armée. Un de ceux qui l’avaient abandonné, s’appuyant sur une cause perçue comme juste pour mieux ne pas avoir s’excuser de fuir ses responsabilités : élever son fils adolescent et prendre soin de sa mère atteinte d’un début de sénilité.

Alors qu’il prépare les détails de la cérémonie de mise en terre, Saracen apprend que le cercueil devra être maintenu fermé. Le soir, passablement alcoolisé, il confie à Landry et aux frères Riggins qu’il ne sait pas quoi dire à l’enterrement, et qu’en fait, il ne sait même pas si le corps de son père est vraiment dans le cercueil. Tim Riggins décide alors qu’il faut aller ouvrir le cercueil et en avoir le cœur net.

Nous, téléspectateurs, ne sauront jamais vraiment ce qu’a vu Saracen. La caméra se contente de filmer le visage du génial Zach Gilford, qui suffit amplement à insinuer en nous une image de cauchemar. La performance vibrante, bouleversante, de Gilford dans toute la série trouve un écrin parfait dans cet épisode, et montre comment le showrunner Jason Katims avait su établir une relation telle avec ses acteurs qu’il savait parfaitement quand se passer d’images démonstratives, ou de dialogues, parce que l’expressivité de leurs visages, de leurs regards, raconterait tout.

Une campagne fut lancée pour que Zach Gilford obtienne une nomination à l’Emmy de la meilleure guest-star (puisqu’il n’était plus régulier dans cette saison de Friday Night Lights). Très injustement, elle fut un échec. « The Son » remporta néanmoins une nomination pour le meilleur scénario, la première majeure de la série.

C’est bête, mais rien qu’à taper ces lignes en visionnant des captures d’écran de la scène, les larmes me montent aux yeux. C’est bête, mais cela en dit long sur la puissance émotionnelle de la série, et l’impression persistante que Dillon était un vrai endroit peuplé de vrais gens, dont j’ai intensément partagé les émotions.


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