100 personnages de séries, épisode 25 (Sam Beckett, John Dorian, Hank Dolworth, Michael Scott)

100 personnages de séries, épisode 25 (Sam Beckett, John Dorian, Hank Dolworth, Michael Scott)

La série, c’est l’art de la narration longue. Le vecteur parfait pour les histoires romanesques. Le cinéma raconte les évènements, les changements spectaculaires. La télé propose les lentes évolutions, les changements qu’on peine à discerner sur le moments mais qui sont pourtant évidents. C’est le mode d’expression parfait pour décrire le destin d’un personnage.

Ce mois-ci, la rédaction du Daily Mars a choisi de vous parler de 100 d’entre eux. Sans classement, juste sous forme de liste. Une liste qui aurait certainement été différente si on l’avait réalisée 6 mois plus tard. Parce qu’on oublie parfois. Parce qu’on n’a pas encore tout vu. Parce que certaines séries sont un peu trop fraîches pour qu’on ait du recul. Les 100 personnages comme les 100 moments, on y reviendra certainement. En attendant, on boucle ce dossier aujourd’hui avec un homme multiple, un étudiant en médecine, un détective privé et le « world’s best boss ».

97. Sam Beckett, Code Quantum ( Scott Bakula)

Par Jérôme Tournadre

J’ai vu Sam être pilote d’essai, disc-jockey, pianiste, chanteur de rock, mère au foyer, policier, vétérinaire, rabbin, cascadeur, acteur, soldat etc etc. Je l’ai vu arriver subitement dans la vie des gens et la changer à jamais pour le meilleur. Sam tu ne le sais pas mais tu es aussi arrivé brusquement dans ma vie et tu la changé. C’est avec toi que j’ai découvert véritablement les séries télé, que je me suis pris au jeu de t’attendre tous les soirs à la même heure pour savoir comment tu allais sortir du pétrin dans lequel tu te trouvais la vielle à la fin de l’épisode.

J’ai souvent rigolé des situations embarrassantes dans lequel tu te mettais, j’ai souvent été fasciné par ta manière de t’en sortir. J’adorais ton amitié avec cet obsédé d’Al, tu semblais choqué par ses propos cru mais je n’étais pas dupe, tu aimais ton ami, le seul qui était là pour t’épauler dans ta mission.

Pendant quelques années, je suivais tes aventures et je trouvais admirable que tu puisses venir en aide aux hommes et au femmes. Mine de rien, tu étais comme ces gens du quotidien qui par leur attitudes où leurs petites attention (un sourire, une écoute que sais-je encore) donne du baume au coeur à ceux qu’ils rencontrent.

La dimension angélique de ton personnage ne m’a pas échappé mais celle-ci n’était jamais surligné mais traiter avec un angle humain bien à propos. J’ai versé des larmes quand tu retrouvas ton frère où lors de ta dernière apparition et ton choix final. J’ai rencontré beaucoup d’autres héros altruiste et sauveur mais tu garderas toujours une place à part dans mon coeur. Merci à toi Sam, tu as changé ma vie, tu m’a fait aimé les séries.

 

98. John Dorian, Scrubs (Zach Braff)

Par IntheBlix

JD, c’est d’abord Bambi (surnom affectueux et moqueur que lui donne l’infirmière Carla). Un étudiant en médecine facétieux, naïf et immature qui découvre la vie de l’hôpital Sacré Cœur, les rapports avec les patients, avec ses collègues. C’est un enfant des années 80, dans un corps d’adulte, dont la cour de récréation est l’hôpital. Chacune de ses pensées (nombreuses) fait l’objet d’une scène fantasmée hilarante se mêlant parfois avec le réel. Chez JD, la frontière entre fantasme et réalité est parfois très ténue.

JD, c’est Pamela, Joséphine, Juliette, bizut, etc. C’est ainsi que Perry Cox (John C. McGinley), son chef de service misogyne, le prénomme, quand il ne le siffle pas, soulignant ainsi l’inexpérience de JD, son humanité débordante avec ses patients, ses frasques amoureuse avec Elliott (Sarah Chalke) et son amitié quasi-fusionnelle avec Turk.

JD, c’est…JD, pour son meilleur ami Turk (Donald Faison). Leur complicité extrême pourrait s’assimiler à une romance masculine. Ils se comprennent à demi-mot (voire en partageant un regard) et partagent tout dont la garde de Rowdy, leur chien empaillé.

JD, c’est John Dorian. Un médecin compétent constamment à la recherche de reconnaissance et d’une figure paternelle de substitution, le sien ayant brillé par son absence et son frère ainée étant encore plus immature que lui. Il jette son dévolu sur Perry Cox qui, sous couvert de brimades diverses et de monologues débités à la mitraillette (1), le chaperonne.

(1) : « J’imagine que je pourrais dresser une liste des choses qui m’importent aussi peu que cette dernière semaine avec toi attends voir… les régimes à base de protéines, Michael Moore, les Républicains et leur conventions nationales, la Cabale et tous les produits dérivés de la Cabale, la télé Haute Définition, les 2 films de Bush, Internet et les Start Up, les Nations Unies et leur programme de recyclage, les Punks, la coiffure de ma concierge, ma première paire de chaussettes, Jeff Bridges, Jeff Daniels et tout les Jeff qu’il y a au monde, le salaire des footballeurs, les états qui votent à gauche, ceux qui votent à droite, les voitures sans permis, les émissions culturelles, tout ce qui vit sur la planète, tout ce qui vit dans le système solaire, tout ce qui vit, tout ce qui vit, tout ce qui vit et toutes les choses qui existent passées présentes et futures qu’elles soient dans notre univers ou dans une autre dimension. Oh et aussi Spiderman. »

 

99. Henry « Hank » Dolworth, Terriers (Donal Logue)

Par Dominique Montay

Ancien flic. Ancien alcoolique. Détective privé. Hank Dolworth devrait être un cliché ambulant. Il ne devrait pas être capable de générer une telle empathie. On ne devrait pas être touché par la façon dont il évolue avec son équipier Britt Pollack. Et pourtant.

J’aurais pu tricher comme avant-hier (avec Dutch et Claudette) et faire deux en un en combinant avec Britt Pollack afin qu’ils bénéficient tous les deux d’une présence dans cette liste. Mais j’ai opté pour Hank parce qu’il m’a ému un tout petit peu plus que Britt.

Donal Logue a offert avec ce personnage la plus belle performance de sa belle carrière. Son destin prend aux tripes. Il est revenu de l’enfer et se tient aujourd’hui dans le purgatoire. Ses intéractions avec les autres font de lui un être d’une infinie humanité.

Il protège Britt après l’avoir détourné de la délinquance et lui avoir donné un but dans la vie. Il aime profondément son ex-femme. Il est juste bouleversant avec sa soeur. Hank, malgré tout, continue de faire de très mauvais choix, et de causer la peine autour de lui. Mais ses erreurs n’en font pas un monstre. Il paye aussi le prix cher. Humain, toujours.

Hank Dolworth est un personnage tragique qu’on est heureux de retrouver. Parce qu’il a décidé de reprendre sa vie en mains, de sortir de la merde dans laquelle il s’est fourré tout seul. Parce qu’il ne lâche rien et qu’il aime la vie. Même s’il souffre, même s’il se dit que certaines situations sont inextricables, il n’abandonne pas.

On n’a pas vu la fin de Terriers, séchée au bout de 13 épisodes. Mais je sais comment ça se termine. Hank Dolworth n’a plus jamais touché une goutte d’alcool. Il a retrouvé Gretchen et continue de bosser avec Britt, père de 4 enfants. Et sa soeur vit dans le grenier. Et il est heureux. On a tellement envie de ça pour lui.

 

100. Michael Scott, The Office (Steve Carell)

Par Nicolas Robert

Avec lui, il n’y a pas de demi-mesure. Ceux qui l’aiment dans The Office lui vouent une tendresse vraiment particulière. Quasi inconditionnelle. Sans doute parce qu’il parle à l’enfant qui est en nous avec une facilité désarmante. Au moins pendant six saisons.

Dans la saison 1 de The Office US, Michael Scott est effectivement très loin d’offrir toute la richesse de son personnage. Engoncé dans une posture de David Bent 2.0, son modèle britannique imaginé et interprété par Ricky Gervais, Michael concentre toute la lâcheté, la bêtise et la prétention des petits généraux de bureau (avouez : vous aussi, vous en avez déjà croisé).

Dès la saison 2, son personnage va s’humaniser, gagner en épaisseur sans complètement perdre ce côté bas du front qui le caractérise. Mais le petit garçon qu’il est, au fond, commence à pointer le bout de son nez. Espiègle, émouvant, potache, un peu neuneu… En exposant à la lumière du jour les multiples facettes d’un personnage très riche (presque aussi nombreuses que les identités qu’il va endosser, d’une réunion de bureau à l’autre), Greg Daniels et sa bande vont faire de Michael Scott un des personnages de comédie les plus mémorables des années 2000.

Pour que ça marche, il fallait évidemment un acteur à part. Capable d’agacer, dont on peut se moquer et qui sait aussi émouvoir. Avec Steve Carell, les producteurs de The Office ont touché le gros lot. Dans les meilleures saisons, il suffit que Scott/Carell apparaisse pour qu’un sourire se dessine sur le visage du téléspectateur, prêt à savourer l’énormité à venir.

Malheureusement, à la télé américaine, les personnages qui ont un côté enfantin sont souvent exploités à tort et à travers par les scénaristes. Michael ne fait pas exception : les saisons 6 et 7 le transforment un peu trop souvent en bouffon. On peut le regretter, sincèrement. Mais on peut aussi se souvenir de “Good Bye Michael”, l’épisode de son départ à la fin de la saison 7, parfaitement maîtrisé. Comme on peut se remémorer son ultime apparition dans la série – qui est impeccablement calibrée.

Oui : souvenons-nous plutôt de ça. Et de ce qu’il a élevé au rang de discipline olympique : le placement d’une ligne de dialogue désormais incontournable…

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