100 personnages de séries, épisode 6 (Sophia Petrillo, Gemma Teller, John Munch, Tobias Beecher)

100 personnages de séries, épisode 6 (Sophia Petrillo, Gemma Teller, John Munch, Tobias Beecher)

Deuxième semaine de notre dossier avec aujourd’hui à l’honneur : une retraité qui n’a pas la langue dans sa poche, une femme de biker, un omniprésent et un homme brisé par le système.

21. Sophia Petrillo, The Golden Girls (Estelle Getty)

Par Jérôme Tournadre

Une sitcom racontant la vie quotidienne de trois femmes âgées habitant Miami et qui tentent de refaire leurs vies après un divorce ou un deuil le tout sur un ton mordant et en abordant des sujet tabou tel que la ménopause ou la sexualité c’était peu courant dans les années 80 (c’est d’ailleurs toujours le cas hélas). Mais si vous ajoutez à ce trio de craquantes, un quatrième larron qui s’avère être un véritable électron libre de toute pensée et actes, vous obtenez un mélange détonant de provocation et de rire.

Cet électron c’est bien sur Sophia Petrillo. Tout ceux qui ont vu au moins un épisodes Golden Girls s’en rappellent forcément. Dorothy, sa fille nous apprend au début de la série que sa mère a eu un AVC qui lui a ôté toute inhibition. La belle excuse ! La vérité c’est que cette mama italienne qui a sûrement un passif dans la mafia sicilienne est une sacrée femme qui ne s’en laisse jamais compter et qui n’hésite pas à dire ce qu’elle a sur le cœur avec une franchise et un humour terrassant.

Fait amusant : Estelle Getty était plus jeune que Béatrice Arthur qui incarnait sa fille dans la série. La complicité entre les deux actrices et la manière dont Estelle Getty compose un personnage hors du commun est une belle preuve qu’un bon acteur peut incarner n’importe quel rôle.

Un rôle qui fera d’ailleurs la renommée de l’actrice puisqu’à l’instar d’un Richard Belzer avec John Munch (voit plus bas), on retrouvera le personnage de Sophia Petrillo dans bien d’autres séries (The Golden Girls et ses spinofsf The Golden Palace et Empty Nest, mais aussi Blossom et Nurses). Au final Sophia est un peu devenue la grand-mère des Américains (et des français qui la découvrirent avec les autres Golden Girls lors de la diffusion de la série dans l’émission Continentale ; on n’en sera jamais assez reconnaissant).

ne grand-mère qui trouvera toujours une histoire incroyable à raconter ( » Pictures It! « ) et le bon mot pour relever la naïveté de Rose, la rigueur de Dorothy ou la lubricité de Blanche. Une grand-mère qui nous a malheureusement quitté en 2008, après une fin de carrière passée à bousculer l’image des retraités dans le monde entier.

 

22. Gemma Teller Morrow, Sons of Anarchy (Katey Sagal)

Par Marine Pérot


On peut dire ce que l’on veut de Kurt Sutter et lui reprocher d’en faire souvent beaucoup trop
, il est une chose qu’il faut reconnaître : les personnages féminins de Sons of Anarchy sont pour la plupart assez badass.

Alors il y a bien sur un traitement des femmes assez particulier dans cette série, l’univers des bikers les relayant au rang accessoire, mais certaines sortent du lot et mènent la barre d’une main de fer, comme Gemma Teller Morrow.

Katey Sagal a beau être la femme de Sutter, il n’a pas froid aux yeux dès qu’il s’agit de lui écrire les pires atrocités dans le show. Gemma a plus ou moins tout vécu, du viol au meurtre en passant par les complots les plus tordus qui soit. Mais Gemma n’est pas qu’une old lady parmis tant d’autre, sans elle le club ne serait pas ce qu’il est et ni Clay ni Jax n’en seraient là.

Dans l’ombre, elle conseille, elle manigance, elle manipule et elle agit. Gemma est une femme d’action, une femme qui ne se laisse pas marcher sur les pieds et qui n’a finalement qu’une seule véritable préoccupation : prendre soin de sa famille. Cela incluant aussi bien ses petits enfants que les Sons of Anarchy (qui l’appellent tous “maman” d’ailleurs).

Pour beaucoup, Gemma a le sang chaud. Pour Tara, c’est une psychopate. Pour d’autres, c’est une femme instable. Pour nous, Gemma est quelqu’un pour qui la fin justifie les moyens et elle ne recule devant rien pour atteindre ses objectifs.

 

23. John Munch, Homicide, Law and Order : SVU… (Richard Belzer)

Par Dominique Montay


Recordman absolu. John Munch a fait ses débuts dans la série Homicide, adaptée d’un roman de David Simon, créée par Paul Attanasio, et sowrunnée par Tom Fontana.
Ex-hippie, consommateur de drogues, illuminé de la vie à tendances nihiliste et paranoïaque, Munch nous aura offert une palette d’émotions complexes et variées durant ses 7 saisons à Baltimore. Un homme brisé par des mariages manqués, amoureux de la vie malgré tout, camouflé sous une grosse dose d’ironie et de mauvais esprit.

Au-delà de la merveille de composition que nous offre le comedian Richard Belzer, John Munch est un personnage mythique. Le seul à être apparu dans 7 séries différentes (Homicide, X-Files, Law and Order, Law and Order Special Victims Unit, Arrested Development, The Wire, 30 Rock… et il est même mentionné verbalement dans Luther). Il fut régulier dans deux d’entre elles. Homicide, donc, et L&O : SVU, où Munch a perdu de sa superbe dans une série qui fait la part belle aux enquêtes, et moins à l’humain.

Drôle et touchant, on se rappelera surtout d’un épisode d’Homicide : Canicule (1×09). Une nuit entière dans le commissariat de Baltimore. Une nuit chaude et étouffante où les flics devisent entre eux. L’enquête ? Qui rallume constamment une bougie dans la salle ? Le coupable ? John Munch. L’ironique, le nihiliste qui rallume une bougie parce que pour lui, elle symbolise l’espoir.

 

24. Tobias Beecher, Oz (Lee Tergesen)

Par Nicolas Robert

De tous les prisonniers d’Oswald, celui qui a le matricule 97B412 est sans aucun doute l’un des plus marquants. C’est avec lui que l’on entre dans l’oppressant univers d’Emerald City. Son crime ? Avoir provoqué un accident mortel alors qu’il conduisait saoûl. Un crime grave, mais surtout un crime que n’importe qui est susceptible de commettre. Véritable point de repère pour le téléspectateur au début de l’histoire, l’ex-avocat va pourtant lâcher sa main d’un coup, en se rebellant contre son double le plus sombre, Vern Schillinger, le chef de file des Aryens à Em City.

Empruntant souvent les sentiers de la violence, ceux de la folie parfois, la trajectoire de Beecher a ceci de très troublant qu’elle questionne perpétuellement le téléspectateur. Dans sa relation passionnelle avec Chris Keller, ou lorsqu’il se rapproche de Kareem Saïd. Personnage perpétuellement en proie à ses excès, Beecher cherche toujours à savoir qui il est véritablement, et c’est en ça qu’il interpelle l’audience. Cette quête de soi, conduite dans des conditions extrêmes (et pleine de rebondissements -trop ?), l’amènera un jour à penser qu’à Oz, il est devenu « l’homme qu’il a toujours été sans même le savoir ».

A l’image de ce qu’il avait fait pour Tim Bayliss dans Homicide (personnage au sujet duquel Martin Winckler remarqua un jour qu’ils ont les mêmes initiales), Tom Fontana, scénariste-producteur- a tracé toute une trajectoire pour ce personnage dans la série. Avec une telle intelligence, une telle maîtrise qu’on se dit qu’il y a peut-être -dans des proportions extrêmes, on est d’accord- un peu de Beecher en chacun de nous.

Dis, Tom, au lieu de farfouiller l’histoire de façon mortellement ennuyeuse, tu ne voudrais pas nous refaire un coup comme ça ?

 

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