
#15 – Le coin des mangavores !
Comme nos journées ne font que 24 heures et qu’il m’en faudrait 45 pour pouvoir lire et critiquer toutes les sorties manga que nous proposent les différents éditeurs français, ce coin des mangavores vous permettra d’avoir une vue d’ensemble sur les dernières sorties parues et de ne rien louper de vos titres préférés. C’est parti, suivez le guide !
One Piece (T.84)
Quel tome, mes amis ! Épique et bourré de révélations notamment sur Sanji, ce quatre-vingt quatrième tome de la saga d’Eiichiro Oda met un petit coup de jus à un récit qui commençait à s’encroûter. Tandis que le cuistot de l’équipage du Chapeau de Paille s’apprête à se marier à l’une des filles de Big Mom, dans l’intérêt mutuel des deux familles, Luffy ne l’entend pas de cette oreille et compte bien récupérer son ami cuisinier. Ce tome est donc l’occasion d’en apprendre plus sur Sanji et notamment son enfance avant d’arriver sur le navire de la Baratie. Étant le vilain petit canard de la fratrie, il a subi mille sévices et humiliations de la part de ses frères mais également de son paternel. Alors que les premiers flash-back le concernant, nous avaient fortement émus, lors de notre rencontre avec le personnage, ceux-ci en remettent une couche, dévoilant des blessures et des cicatrices inattendues pour Sanji. Ce nouvel arc renvoie à deux moments-clés, deux événements majeurs de l’histoire de One Piece. Tout d’abord, le sacrifice de Sanji, son renoncement afin de protéger ceux qu’il aime, à commencer par son équipage, fait écho aux choix similaires de Robin dans les arcs Water Seven et Enies Lobby. Là encore, Luffy ne compte pas laisser partir ses membres d’équipage de la sorte, même s’il doit en venir aux mains, ce qui nous amène au second moment écho. Même s’il n’a pas la même charge émotionnelle, l’affrontement Luffy/Sanji nous renvoie irrémédiablement au déchirant combat fratricide opposant Luffy à Usopp, lorsque ce dernier refusait d’abandonner leur navire, le Vogue Merry. Un tome intense donc, qui, une fois n’est pas coutume, ne s’éparpille pas dans tous les sens. La baston à venir face à Big Mom, l’un des quatre Empereurs tout de même, s’annonce assez dantesque. On en trépigne d’impatience.
One Piece (T.84)
D’Eiichiro Oda
Édité par Glénat
To Your Eternity (T.3)
Imm, être immortel parmi les mortels, poursuit sa quête initiatique. Accompagné de la vieille Piolan, le jeune homme, sous sa forme actuelle, va faire la connaissance de Googoo, un gamin portant un masque et que la vie n’a pas épargné. Ce troisième tome de To Your Eternity est une nouvelle fois l’occasion de faire la connaissance de nouveaux personnages attachants. L’auteur Yoshitoki Oima brosse tome après tome, un univers pétri de croyances ancestrales, un monde dangereux dans lequel se débattent femmes et hommes. Au milieu de tout ça, Imm, avec la candeur d’un nouveau-né, découvre et apprend. Ici, il découvre de nouvelles capacités inattendues mais il va surtout, pour la première fois depuis le début de son voyage, être confronté à un ennemi appelé Knocker. Si jusqu’ici, le titre d’Oima brouillait les pistes et ne voulait pas vraiment dévoiler sa couleur, avec la fin de ce tome, il affirme clairement son appartenance au shōnen. L’action est franchement bien emballée et le mangaka montre son savoir-faire. Le découpage est clair, précis et ne joue pas la surenchère de plans. Ajoutez à cela le magnifique dessin de l’auteur et vous obtenez un plaisir de lecture instantané. Chacune des rencontres que fait Imm, apporte au titre une dose d’humanité supplémentaire et chaque personnage parvient à nous émouvoir. D’ailleurs, l’une des grandes forces de To Your Eternity, c’est qu’ils continuent de vivre et de s’incarner à travers Imm. À son contact, eux aussi sont, d’une certaine façon, devenus immortels. Yoshitoki Oima nous convie donc à une quête mystique et existentielle, un récit sur la vie, la mort et la mémoire. Splendide.
To Your Eternity (T.3)
De Yoshitoki Oima
Édité par Pika Edition
The Heroic Legend of Arslân (T.7)
La reconquête du pouvoir par le prince Arslân se poursuit. Réfugié dans la Citadelle de Peshawar, lui et ses fidèles compagnons doivent faire face au conflit opposant Gahdevi et Rajendra, les deux princes héritiers du Royaume de Sindôra. Extrêmement bien entouré et conseillé, notamment par le grand stratège Narsus, Arslân profite de la confusion et retourne les événements à son avantage. Conspiration, trahison et coup d’état, petit à petit, les pièces de l’échiquier se mettent en branle pour nous offrir un récit dense et passionnant. Hiromu Arakawa et Yoshiki Tanaka savent parfaitement où ils vont et ne laissent rien au hasard. Il y a dans leur histoire, une réelle fluidité dans le déroulement des événements. Les enjeux clairement énoncés, ainsi que les personnages très bien écrits et définis sur lesquels se repose le récit, permettent à The Heroic Legend of Arslân de sortir facilement son épingle du jeu et de se différencier du tout-venant. Chaque tome apporte sa dose de moments épiques et de surprises rondement menées. À vrai dire, on a beau chercher, on n’a pas grand-chose, voire absolument rien à reprocher au titre édité chez Kurokawa. On ne peut que se délecter de la qualité du récit qui nous est proposé. C’est intelligent, haletant et beau. Bref, sur le fond comme sur la forme, The Heroic Legend of Arslân fait un incroyable sans faute. Arakawa sait mieux que quiconque embarquer les lecteurs et les plonger en immersion dans ses histoires à l’incroyable richesse. Ne cherchez pas, dans le genre, vous ne trouverez pas mieux !
The Heroic Legend of Arslân (T.7)
De Hiromu Arakawa et Yoshiki Tanaka
Édité par Kurokawa
Les Six Destinées (T.4)
C’est avec ce quatrième tome que Les Six Destinées se conclut dans le bruit et la fureur. Miroku a été gravement blessé par la lance de Bishamon et sa sœur Hifumi, accompagnée de la princesse Alice sont en bien mauvaise posture face au Tengu sanguinaire, le terrible Kurayama. Bref, ce n’est pas la joie et la situation ne semble clairement pas vouloir tourner à l’avantage de nos héros. Ce shōnen de Sayuki et publié par l’éditeur français Doki-Doki ne se sera pas ménagé durant ses quatre tomes. Ultra-rythmé et sans réel temps mort, le récit aura joué la carte de l’efficacité même si pour cela, il aura fallu sacrifier quelques personnages au passage. En soi, cette conclusion est assez satisfaisante même si, comme c’est souvent le cas avec des séries aussi courtes, elle paraît un peu précipitée. Tout semble un peu se bousculer afin de répondre aux différentes questions restées en suspens. Toutefois, elles trouvent toutes une réponse, ce qui n’est pas forcément toujours le cas. Le titre arrive quand même à nous surprendre sur ses toutes dernières pages, nous offrant une fin relativement ouverte qui pourrait très bien entraîner une suite. Côté dessin, Sayuki fait preuve d’une belle maîtrise avec un trait des plus vifs. Les scènes de baston omniprésentes se payent la part du lion, grâce à une mise en page inspirée et un découpage incisif et nerveux. Au final, Les Six Destinées aura su combler les attentes du lecteur à travers un récit efficace et intense. Du shōnen sans fioriture, qui va droit à l’essentiel et qui touche son cœur de cible sans grande difficulté. Le mangaka ne nous abandonne pas pour autant puisqu’on peut le retrouver sur la série Nirvana, également édité chez Doki-Doki.
Les Six Destinées (T.4)
De Sayuki
Édité par Doki-Doki