
#16 – Le coin des mangavores !
Comme nos journées ne font que 24 heures et qu’il m’en faudrait 45 pour pouvoir lire et critiquer toutes les sorties manga que nous proposent les différents éditeurs français, ce coin des mangavores vous permettra d’avoir une vue d’ensemble sur les dernières sorties parues et de ne rien louper de vos titres préférés. C’est parti, suivez le guide !
Red Dragon (T.1)
Le mois dernier, l’éditeur Glénat dégainait son nouveau shōnen, une fresque historique nous plongeant dans la Chine ancestrale. Red Dragon est le dernier titre de Masahiro Ikeno, à qui l’on doit déjà la mini-série Malicious Code. Avec ce premier tome, l’auteur pose de solides bases pour un récit qui se veut aussi bien épique, que social, sur fond de guerres incessantes et de renversements du pouvoir en place. La dynastie de Qin, à la tête d’un pays qu’on n’appelle pas encore la Chine, terrorise les populations, pillant et mettant à sac les villages pour en tirer profit. Dans ce chaos, deux figures vont se dresser contre l’ordre établi. Liu Bang et Lu Wan, sont deux jeunes hommes intrépides et roublards, issus du peuple. Leur but : changer le monde. À la tête d’une poignée d’hommes, ne comptant que sur leur qualité de fins stratèges, ils vont être les instigateurs d’une insurrection à grande échelle. Voilà ce que nous propose ce premier tome de Red Dragon. En 228 pages, Masahiro Ikeno a le temps de mettre correctement en place son récit, d’installer ses personnages et de poser les grands enjeux de l’histoire. Trop souvent, dans le shōnen, le premier tome nous ressort une structure narrative presque toujours identique et bourrée d’archétypes. On en retient finalement plus la forme que le fond… Fort heureusement, cette introduction de Red Dragon est suffisamment consistante et généreuse pour que notre attention soit focalisée sur le contenu. L’éditeur Glénat détient peut-être ici l’un de ses prochains hits. En tout cas, cette entrée en matière est convaincante. Pourvu que ça dure !
Red Dragon (T.1)
De Masahiro Ikeno
Édité par Glénat
Apeiron (T.1)
Sur seulement deux petits tomes, Apeiron nous propose une course effrénée sur fond de manipulation génétique et de paranoïa ambiante, lorgnant du côté de 1984 de George Orwell. Le monde est en proie à un étrange mal, une épidémie d’amnésie. Quatre adolescents se retrouvent atteints par cette inexplicable maladie et se font soigner dans un hôpital spécialisé. Le jour où ils obtiennent leur permission de sortie, ils manquent de peu de mourir suite à l’explosion d’un missile, se font sauver puis abandonner dans la nature par un inconnu. Ils se retrouvent en possession d’une peluche qui parle et qui va les aider en leur filant des capacités spéciales… Et là, je sens que sur cette dernière phrase, j’en ai perdu certains… Alors oui, que voulez-vous, Shinya Kusaka et Takuji Katō n’ont vraisemblablement pas eu de meilleure idée que cet ourson-pokemon pour guider tout ce petit monde. C’est un peu dommage car l’idée d’inventer une maladie pour transformer la population en sentinelle de surveillance, à défaut d’être très novatrice, reste très sympa. Mais l’apparition de ce truc décrédibilise quelque peu le propos. Ils auraient pu acquérir leurs compétences par un biais un peu moins ridicule et un peu plus en phase avec le récit. Hormis cette incroyable faute de goût, l’ensemble se laisse lire facilement. Sans être complètement emballé par les aventures de ses ados lambda, on suit leur parcours tout en sachant qu’on ne se tapera pas quinze tomes là-dessus. Du coup, ça passe relativement bien…
Apeiron (T.1)
De Shinya Kusaka & Takuji Katô
Édité par Doki-Doki
Mushoku Tensei (T.4)
Suite à un événement inattendu, accompagné d’un grand flash de lumière aveuglant, Rudeus et Eris se retrouvent tous deux projetés à l’autre bout du pays, sur le continent des Démons. L’espace d’un bref instant, Rudeus reprend possession de son ancien corps et fait la rencontre de Hitogami, une entité appelée aussi Dieu des hommes. Celui-ci apparaît sous forme de projection mentale dans la tête du jeune héros et affirme vouloir l’aider. Mais très vite, Rudeus reprend conscience dans son corps actuel d’enfant, aux côtés de la jeune Eris et de Louiseld, de la race des Spelds. Il découvre alors que cette race a beaucoup souffert et que celles et ceux qui la composent ne sont pas aussi dangereux et violents qu’on le dit. Décidément, Mushoku Tensei ne cesse de nous surprendre ! Alors qu’on pourrait croire que le récit va s’installer confortablement capitalisant sur son idée de départ, Yuka Fujikawa n’entend pas se reposer sur ses lauriers. En quatre tomes seulement, l’histoire a rebondi à de nombreuses reprises, prenant des directions parfois inattendues. Au fur et à mesure, le mangaka étend son univers et tisse des liens entre les personnages et entre les événements. Du coup, le lecteur n’a jamais le temps de s’ennuyer grâce à une trame qui semble maîtrisée et des personnages attachants. Rudeus est bien mieux écrit que beaucoup de protagonistes du même genre. Ne cédant pas à la facilité, Fujikawa apporte des nuances à son héros, permettant une meilleure identification. Bref, sans réinventer quoi que ce soit, Mushoku Tensei parvient malgré tout à s’imposer comme seinen très plaisant.
Mushoku Tensei (T.4)
De Yuka Fujikawa
Édité par Doki-Doki
Sky-High Survival (T.8)
La chasse aux masqués continue dans ce nouveau tome de Sky-High Survival, toujours aussi généreux. Maintenant que Yuri est elle aussi devenue une personne proche de dieu, grâce au masque sans bouche, elle fait preuve de facultés incroyables. Cependant, elle ne peut toujours pas contrôler d’autres masqués. N’étant clairement plus la même jeune fille chétive qu’au début du récit, elle montre désormais un visage plus déterminé que jamais. D’autant que son frère Rika, à la tête d’un petit groupe de survivants, se fait enlever par le nageur, un masqué colossal, pour être emmené auprès d’une autre personne proche de dieu. Depuis maintenant deux ou trois tomes, Sky-High Survival est passé de survival, tendance slasher conceptuel, à un trip S.F. un peu perché, au sens propre comme au figuré, lorgnant vers une sympathique série B. Les auteurs, Tsuina Miura et Takahiro Oba ne se sont pas limités à leur concept de base, rajoutant une couche supplémentaire de « what the fuck ?! » avec l’introduction de différents masques et de cette délirante compétition pour devenir la personne le plus proche de dieu. À ce stade, on ne sait toujours pas vraiment où l’on va. Cependant, on reste quand même porté par l’histoire, menée sans temps mort. Petit à petit, Miura et Oba explorent leur univers et mettent en place les éléments qui nous amèneront, on l’espère, à une conclusion satisfaisante. Toujours est-il qu’ils nous auront bien dupés, en élargissant de la sorte leur concept délirant. C’est sans prétention, agréable à lire, un peu nawak, fun… Et c’est déjà pas si mal !
Sky-High Survival (T.8)
De Tsuina Miura & Takahiro Oba
Édité par Kana