#17 – Le coin des mangavores !

#17 – Le coin des mangavores !

Comme nos journées ne font que 24 heures et qu’il m’en faudrait 45 pour pouvoir lire et critiquer toutes les sorties manga que nous proposent les différents éditeurs français, ce coin des mangavores vous permettra d’avoir une vue d’ensemble sur les dernières sorties parues et de ne rien louper de vos titres préférés. C’est parti, suivez le guide !

 

Shonan Seven (T.6)

Le Shonan Seven, sorte de fight club à la sauce lycéenne, entre en phase finale. Voilà maintenant cinq tomes que des petites frappes et de gros caïds libidineux se donnent la réplique dans des joutes verbales affligeantes, quand ils ne se mettent pas sur la gueule. Leur but… Montrer à tout le monde qui est l’alpha-mâle, qui est celui qui sait le mieux faire marcher ses poings, bref celui qui a les plus grosses « cojones ». Les meilleurs combattants des classes de seconde et première vont donc pouvoir en découdre, dans la cour du lycée, sous le regard avide de centaines de lycéens survoltés. On en vient à se dire qu’il n’y a absolument aucun adulte dans ce bahut mais bon, passons… Du coup, le tome se concentre sur la qualification des participants dont Ikki, Haku et Kinkaku font partie, pour pouvoir se frotter aux élèves de terminal et prétendre au titre du mec le plus balèze. Et la gente féminine dans tout ça ?! Elle est reléguée au rang d’objet sexuel et de trophée. Sauf que dans ce tome, pour la première fois, une jeune femme a été mise au même rang que les hommes. Enfin, tout du moins, on l’a cru… En plein combat, Yûka intervient avec un méchant « high kick » sous le regard stupéfait du public et des participants. Lors du vote des autres lycéens pour l’ultime qualification, à la surprise générale, son nom apparaît sur certains bulletins alors même qu’elle ne participe pas au Shonan Seven. Aussi infime soit-il, ce retournement de situation donnait, l’espace d’un instant, un autre rôle à un personnage féminin. Sauf que sur la page suivante, on apprend que les votes qu’elle a obtenus, elle ne les doit qu’à sa petite culotte qu’elle a montrée lors de son intervention. Sexisme, quand tu nous tiens ! Voilà, voilà… Le tandem Tōru Fujisawa et Shinsuke Takahashi poursuit donc son récit sous testostérone, enchaînant les bastons insipides et les dialogues creux. Tout un programme !

Shonan Seven (T.6)
De Tōru Fujisawa & Shinsuke Takahashi
Édité par Kurokawa

 

Gunnm Mars Chronicle (T.4)

Plus j’avance dans Gunnm Mars Chronicle et moins je sais quoi en penser… Voilà maintenant quatre tomes que nous suivons les péripéties de la petite Yoko et de sa copine Erika, sur la planète Mars, sans que nous ne puissions savoir la direction prise par Yukito Kishiro. Certes, il a toujours eu ce goût pour les récits non-linéaires, faisant des ellipses et modifiant le cap de l’histoire, Gunnm en est l’exemple parfait. Cependant avec Mars Chronicle, le problème est que l’on ne sait finalement pas de quoi veut nous parler l’auteur. Le titre est le prequel de la série d’origine, relatant la jeunesse de Yoko, qui deviendra Gally dans Gunnm. Or, pour le moment, étrangement, Kishiro semble plus s’intéresser au personnage d’Erika. Ce quatrième tome lui est entièrement consacré et Yoko n’apparaît que dans une ou deux séquences énigmatiques. Enlevée par le Baron Muster, Erika se retrouve embarquée dans une gigantesque chasse au trésor sur le planète rouge, afin de trouver un pouvoir ancestral. En soi, ce tome passe très bien, le récit est bien mené et offre quelques moments forts, comme lorsque la jeune fille découvre une chaîne de recyclage de cadavres humains pour en faire des briques. On retrouve dans ces moments-là, l’imaginaire, un brin taré, de l’auteur et sa vision glaçante et violente du futur. Mais on aimerait quand même avoir une ligne directrice un peu plus claire du récit, si tant est qu’il y en ait une. Niveau dessin, il faut bien l’avouer, le trait du mangaka n’est plus exactement ce qu’il était, même s’il reste au-dessus de la mêlée. Forcément moins aiguisé qu’à l’époque de Gunnm mais également moins agressif, son style a évolué et a gagné en rondeur. Gunnm Mars Chronicle est donc, jusqu’ici, un peu décevant et déstabilisant bien qu’il possède quelques qualités. On va quand même lui laisser le temps de déployer totalement son histoire et ses enjeux, jusqu’ici bien cachés, avant de trancher…

Gunnm Mars Chronicle (T.4)
De Yukito Kishiro
Édité par Glénat

 

Winged Mermaids (T.2)

Nous voilà déjà aux deux tiers de Winged Mermaids, le nouveau seinen d’Etorouji Shiono, publié chez Doki-Doki. Une fresque épique se déroulant dans le royaume d’Aizen menacé d’invasion par les forces armées de la princesse Nadarika et ses alliés du royaume d’Yggländ. Suite à la mort d’Asagito, l’héritier à la couronne, Ichito Suzuki, un pilote hors pair, se voit contraint de cacher sa mort et de le remplacer afin d’éviter le chaos dans le royaume. C’est dans ce contexte de guerre que se déroule donc Winged Mermaids qui, à l’instar de Tenjin, un autre titre édité chez Kana, met à l’honneur les avions et leurs pilotes dans d’incroyables joutes aériennes. Même si ici, on est plus dans une inspiration Seconde Guerre mondiale que dans un délire Top Gun, on retrouve de part et d’autre, ce même engouement pour l’aviation militaire. Sur un peu moins de deux cent pages, l’action ne faiblit que rarement et pour cause, il ne reste qu’un tome pour boucler l’affaire. Shiono l’a démontré dans Ubël Blatt, il sait installer une histoire et la raconter. Sans trop en faire, il se montre efficace dans sa gestion du rythme des événements. Forcément, la plupart des personnages pâtissent du peu de tomes que comporte le titre et beaucoup d’entre eux sont à peine effleurés. Pour autant, Winged Mermaids se lit avec plaisir, proposant un récit habilement mené. Il n’y a plus qu’à espérer une conclusion dans la même lignée. Mais il n’y a pas de raison…

Winged Mermaids (T.2)
De Etorouji Shiono
Édité par Doki-Doki

 

No Guns Life (T.5)

L’affrontement entre Jûzô et Victor arrive à son terme. Ce dernier ayant pour but de pousser le Gun Slave Unit dans ses derniers retranchements. D’autant que les deux hommes se connaissent puisque l’un était l’ingénieur attitré de l’autre durant la Grande Guerre. Mais rien n’est aussi simple qu’il n’y paraît et Victor n’est pas celui que l’on croit. Dans la seconde partie du tome, Jûzô se voit confier une nouvelle affaire qui va mettre en lumière une partie de son passé, notamment les événements ayant suivi la guerre. L’auteur Tasuku Karasuma continue de creuser le sillon dans son univers cyberpunk mâtiné d’ambiance de film noir. Au même titre que ses personnages, son récit est lui aussi hybride, jouant des codes de genres assez différents, tout en conservant une unité et une véritable homogénéité. Sombre, violent et assez badass, son monde se déploie tranquillement, dévoilant une société en souffrance, dépassée par une technologie omniprésente. À de nombreuses reprises, on repense au Gunnm de Kishiro, au Ghost in the Shell de Shirow, voir même au Blade Runner de Ridley Scott. Le tour de force du manga, c’est de parvenir à nous impliquer réellement et faire en sorte que l’on puisse s’identifier à Jûzô. Le pari n’était pas gagné d’avance, compte tenu du physique atypique du personnage, qui en apparence n’a plus grand-chose d’humain. Pourtant, il est traité avec suffisamment de finesse et de sensibilité pour que derrière sa gueule de revolver, on arrive à déceler une grande part d’humanité. Il semble être le point d’équilibre dans ce monde où certains individus ont perdu la raison, se transformant en machine de guerre. Il y a dans No Guns Life, cette recherche d’identité, cette quête d’humanité alors même que tout tend à une course effrénée pour la manipulation technologique. Bref, un seinen solide et qui jusqu’ici, tient ses promesses. Que du bon !

No Guns Life (T.5)
De Tasuku Karasuma
Édité par Kana

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