
#18 – Le coin des mangavores !
Comme nos journées ne font que 24 heures et qu’il m’en faudrait 45 pour pouvoir lire et critiquer toutes les sorties manga que nous proposent les différents éditeurs français, ce coin des mangavores vous permettra d’avoir une vue d’ensemble sur les dernières sorties parues et de ne rien louper de vos titres préférés. C’est parti, suivez le guide !
Boruto – Naruto Next Generations (T.3)
Pas le temps de roupiller dans ce troisième tome qui s’ouvre sur un combat qui a franchement de la gueule. Les Cinq Kage font face à un Momoshiki en pleine possession de ses moyens et qui parvient à tous les rétamer sans peine. C’est alors au tour du duo Naruto/Sasuke de prendre le relais. Mais malgré leurs attaques combinées, ils ne parviennent pas à prendre le dessus sur leur adversaire. Il leur reste un seul et unique joker, le jeune Boruto, et ça tombe bien puisque c’est lui le héros du manga. Les choses sont bien faites quand même… ! En dépit du côté parfaitement artificiel de l’affrontement et de la mise en avant de Boruto, cette phase de combat n’en demeure pas moins un pur moment shōnen. Le dessin de Mikio Ikemoto est soigné, le découpage est maîtrisé et tout concourt au « geekasme ». Ce qui est étrange, c’est qu’à ce moment précis, on a limite plus l’impression de lire du Bleach que du Naruto… Peut-être est-ce dû au chara-design de Momoshiki qui rappelle celui des Arrancars mais plus généralement, cette scène de baston à rebondissements est à la démesure de celles du titre de Tite Kubo. La suite du tome voit Boruto parfaire son apprentissage ninja aux côtés de ses camarades. Dès lors, on revient à une formule plus traditionnelle qui rappelle forcément son aîné. Contre toute attente, jusqu’ici Boruto se lit avec plaisir, le titre oscille entre son envie de s’émanciper de l’œuvre-mère et son devoir de rester fidèle à un univers et à un style. Assez agréablement surpris… !
Boruto – Naruto Next Generation (T.3)
De Mikio Ikemoto & Ukyô Kodashi
Édité par Kana
One-Punch Man (T.9)
Le délire super-héroïque de ONE et Yusuke Murata continue ! Garoh, véritable psychopathe en herbe est bien décidé à devenir un monstre et, une fois n’est pas coutume, à faire triompher le mal. Après avoir foutu un joyeux bordel à l’association des héros, le voilà en total roue-libre dans la ville, défonçant à peu près tous ceux qu’il croise. Pendant ce temps-là, Fubuki, N°1 de la classe B, rend visite à Saitama dans l’intention d’en faire son larbin mais elle va vite comprendre qu’elle n’obtiendra pas ce qu’elle veut de sa part. Elle n’est d’ailleurs pas la seule à s’intéresser à lui, puisque Sonic le Foudroyant compte lui régler son compte une bonne fois pour toute. C’est sans compter sur l’intervention de Genos, élève de Saitama, qui s’interpose, nous offrant au passage une scène de baston hallucinante comme c’est souvent le cas dans ce titre. Malgré la multitude d’éléments narratifs et de personnages, les auteurs parviennent à conserver une étrange simplicité et une incroyable efficacité. En ne se prenant jamais au sérieux, ONE et Murata déjouent les pièges inhérents au genre, mettant en sourdine l’esprit nekketsu et laissant de côté la psychologie de bas étage. Non, One-Punch Man, c’est avant tout du fun, une certaine vision du cool qui ne cesse de jouer sur le décalage plein d’humour entre la puissance de Saitama et une nonchalance et un je-m’en-foutisme assumés. Ici, le quotidien est souvent perturbé par l’arrivée inopportune d’individus malveillants et les protagonistes se mettent bien volontiers sur la gueule. En fait, c’est bien le manga qui est au service des scènes dantesques de combat et non l’inverse. Tout converge vers une forme épurée du shōnen. ONE a retiré tous les éléments qu’il estimait superflus pour se concentrer sur l’essentiel, la baston dans des scènes d’action graphiquement démentes. Et le plus dingue, c’est que les deux compères réussissent à nous rendre complètement accrocs alors même que l’on sait que Saitama est le plus fort. Étant déjà au sommet, il n’a aucune marge de progression et semble capable, jusqu’ici de démonter n’importe quel adversaire. Pourtant, le lecteur continue de le suivre… La formule paraît trop basique pour être concluante, cependant, nous voilà neuf tomes plus tard, attendant la suite des aventures de ce doux dingue avec impatience… C’est fort !
One-Punch Man (T.9)
De ONE & Yusuke Murata
Édité par Kurokawa
Mob Psycho 100 (T.4)
Avec deux séries en cours de publication, l’auteur ONE occupe une place de choix dans le catalogue de l’éditeur Kurokawa. Et comme je l’ai déjà dit dans de précédentes critiques, les deux titres partagent un même ADN. Mais à la différence de One-Punch Man, sur Mob Psycho 100, ONE est seul aux commandes. Maintenant que Ritsu, le frère de Mob a développé des pouvoirs télékinésiques, le voilà devenu la cible d’une puissante organisation appelée La Griffe. Celle-ci kidnappe des détenteurs de pouvoirs afin de leur laver le cerveau et les enrôler dans leurs rangs. Leur but étant de déclencher une révolution et renverser le monde. Bien évidement Mob ne l’entend pas de cette oreille et même s’il est non-violent de nature, le fait que l’on s’en prenne à son frère, va le faire exploser. Ce tome se focalise donc sur l’affrontement opposant le jeune lycéen à Koyama, un punk balafré à la solde de La Griffe. Une fois encore, ONE laisse s’exprimer son style graphique, passant d’un trait minimaliste et naïf à un dessin ultra-nerveux et marqué lors des phases de combat. C’est avec ce quatrième tome que le récit semble prendre enfin une direction plus claire. En effet, les trois premiers tomes, assez déstabilisants, ne nous donnaient pas de cap et servaient finalement plus de mise en place, un peu bordélique, certes. Bien que le personnage de Mob soit au centre de toutes les attentions, son frère Ritsu, depuis le début, n’est pas en reste. On sent vite chez lui, une personnalité trouble qui se révèle dans ce tome. L’acquisition de ses pouvoirs sonne pour lui comme une revanche après des années passées dans l’ombre de son frère. De là, on peut deviner les éventuelles pistes scénaristiques qui en découleront. Bref, Mob Psycho 100 poursuit son petit bonhomme de chemin, affirmant son identité et sa différence. Décalé, atypique, voire absurde, le titre continue de nous surprendre, nous mettant au passage, une petite claque par-ci, par-là…
Mob Psycho 100 (T.4)
De ONE
Édité par Kurokawa
Resident Evil – Heavenly Island (T.5)
Cette fois, ça y est. La médiocre série B du géant Capcom prend fin avec ce cinquième tome. Ils ne sont plus qu’une poignée de survivants sur l’île et leurs chances de s’en sortir entiers sont quasi nulles. D’autant que la bimbo Zili dévoile son vrai visage et décide de se transformer en une grotesque créature en s’injectant un virus. Et c’est parti pour un final qui n’en finit plus, faisant une fois encore la part belle aux scènes gores. Ça transperce, ça tranche, ça arrache mais ça ne réfléchit pas trop. Le personnage de Zili est tellement grotesque et caricaturale que s’en est risible. Tout ici est artificiel et téléphoné jusqu’au come-back ultime du monstre-que-tout-le-monde croyait-mort-mais-qu’en-fait-il-était-encore-vivant… On imaginerait assez bien une adaptation ciné de ce truc, réalisé par un tâcheron d’Hollywood, avec ce qu’il faut de filles dévêtues et d’hémoglobine. Heavenly Island a tout ce qu’il faut pour devenir un film direct-to-video. Creux, décérébré, racoleur et moche, ce pur produit marketing n’a absolument rien à défendre si ce n’est l’appât du gain. À l’instar de l’immonde saga cinématographique avec Milla Jovovich, voilà une nouvelle tentative parfaitement ratée de faire exister l’univers Resident Evil en dehors du jeu vidéo. La seule bonne nouvelle : c’est fini !
Resident Evil – Heavenly Island (T.5)
De Naoki Serizawa & Capcom
Édité par Kurokawa