
1994, une année de séries cultes : Thunder in Paradise/Viper
Quand l’année 1994 enterre les 80’s. La fin d’une époque, d’un style, d’un genre : les séries motorisées. Grande gloire où l’on pouvait voir un chevalier moderne et sa monture mécanique, un super hélicoptère, une super moto… autant de superlatifs à accoler derrière un véhicule. Effet de mode, fantasme de techno-mécaniciens, l’année 1994 tente de raviver la flamme une dernière fois en convoquant une voiture de luxe à la mode (la Dodge Viper) et un hors-bord. Viper et Thunder in Paradise (aka Caraïbes Offshore) débutent toutes les deux la même année pour un résultat proche du crash test.
Dans les deux séries, il y a une histoire de rédemption cachée derrière la machine. L’ancien détenu, seul capable de piloter la Viper ou les NAVY-Seals vétérans aux commandes de Thunder (le petit nom du hors-bord). On commence, timidement, à approcher l’anti-héros, sans toutefois l’aborder de front, en lui laissant le champ libre pour une morale intacte. Comprendre que le fantôme de MacGyver est encore bien présent, peut-être le personnage le plus honnête de l’histoire de la télévision américaine. Du moins, celui qui incarne le mieux, les valeurs les plus nobles. Dans Viper, Joe Astor est un ancien détenu dont on a effacé la mémoire. Spence troque son passé militaire pour un agent des opprimés ou de dernières causes. La rédemption, même forcée, passe par l’acte désintéressé. Et pour prolonger le bras vengeur ou résistant, la machine intervient.
Les deux séries sont nourries par un esprit comic book. Remplacez les pouvoirs traditionnels des super-héros par des véhicules exceptionnelles et le résultat devient évident. Seulement l’idée s’arrête à des principes tellement rudimentaires que l’ensemble sombre dans les stéréotypes infantilisant. Car la suspension de crédulité a tout de même ses limites. Que ce soit dans Viper ou Thunder in Paradise, elle s’épuise devant la pauvreté visuelle, la minceur des personnages, les scénarios écrits sur un timbre poste. Elle se réduit et est symbolisée par les effets spéciaux. Encore balbutiant dans les CGI (Computer Generated Imagery), l’effet extrait le spectateur de l’authentique par un aspect approximatif dans le rendu. Où il ne s’agit plus de croire qu’une voiture ou un bateau est capable de telles prouesses mais de voir l’artifice à travers les limites de l’acceptable.
C’est peut-être la raison de la désaffection des séries motorisées (Viper a néanmoins duré cinq saisons grâce à la syndication) : la fin d’une croyance dans le véhicule-jouet comme symbole d’un futur proche. Dans les années 80, la perspective de l’an 2000 laissait entrevoir toute sorte de désirs futuristes à coup de voitures volantes. 1994, cette idée s’épuisant devant la réalité, il faut raison garder. Aujourd’hui, Viper ou Thunder in Paradise brillent dans les discussions de quelques sériephiles déviants (ou hypermnésiques) mais s’il fallait ne retenir qu’une chose : Caraïbes Offshore s’est rendu coupable d’un vulgaire plagiat de Predator. Il va sans dire que Schwarzenegger gagne aisément aux points (poings ?) face à Hulk Hogan.
Viper est son changement de lead au charisme poulpant (ou poulpeux ?)… M’enfin ça a vait quand même de la gueule cette Chrysler Viper.
Le séries motorisées, c’était quand même le grand kif pour le petit garçon que j’étais. Comment pouvait-on résister à cette débauche de mécaniques tape à l’œil (ah… ces peintures inévitablement noires & brillantes sur des carrosseries racées, les LED mythiques sur KITT, les boutons clignotants partout partout…). Et puis ces héros anciens du Vietnam, ex-flics et autres traumatisés baroudeurs en recherche de rédemption… Ah, c’était quand même mieux avant !
Et pourtant, on y reviendra avec KNIGHT RIDER en 2007, et Black Scorpion en 2001, aux véhicules motorisés.
Pour par très longtemps.
Knight Rider, mon dieu, j’avais oublié cette purge :/