Édition 2016 du festival de la fiction TV de La Rochelle

Édition 2016 du festival de la fiction TV de La Rochelle

Plus qu’un festival enterrant définitivement la saison des apéros à rallonge et des binge watching de rattrapage, tout en permettant d’admirer les derniers feux de l’été sur le Vieux Port, le festival de la fiction TV est surtout l’occasion de (re)découvrir les tendances fictionnelles françaises et européennes. Chaque année, la pression de la production internationale et web-diffusée semble écraser un peu plus le marché hexagonal, condamnant quasiment toute prise de risques, loin de libérer les formats nouveaux et les offres impertinentes. Chaque année, on espère que place soit offerte au mauvais esprit, à l’imagination débridée. Autant dire qu’on souhaite voir récompensées les quelques séries qui sortent vaillamment du lot, tout en rêvant de se laisser surprendre par le traitement inattendu d’un pitch à première vue classique.

Pour la 18e fois cette année, la ville de La Rochelle accueillera le festival de la fiction TV qui récompense les meilleures productions françaises et européennes, du 14 au 18 septembre prochain. Le jury, présidé par Isabelle Carré, attribuera quatorze prix dans six catégories, dont « meilleure série », « meilleur téléfilm », bien sûr, mais aussi « meilleure web-série » ou encore « meilleure fiction européenne ». En plus des quarante-cinq œuvres participantes, les chaînes présenteront hors compétition leurs futurs programmes phares, tandis que tables rondes et ateliers rythmeront ces quatre jours dédiés aux arts télévisuels. Détails et préférences.

box-27-Zabou-BreitmanÇa n’étonnera personne, mais on s’emballe peu, car on ne trouve guère de risques et de créativité, pour les téléfilms prévus pour les longues soirées d’hiver des chaînes historiques. Ils nous dépeignent (en association avec un fournisseur d’antidépresseurs ?) précarité, misère sociale, harcèlement professionnel, fièvre acheteuse et meurtres. Des productions, certes de qualité, pour lesquelles il y aura toujours un public, dotées d’un immense supplément d’âme dès que Zabou Breitman figure au générique (Box 27, France 2).

En revanche, on mise, intrigués, sur Glacé, mini-série produite par M6, adaptée du bestseller de Bernard Minier, un thriller psychologique au cœur des Pyrénées. Quant à la lecture du pitch d’Emma – la série de TF1 nommée d’après son héroïne, un « robot-fille-canon-enquêteur », affublée d’un coéquipier humain – elle évoque forcément Elijah Bailey et le robot Daneel Olivaw. Mais ce serait hélas un pari risqué d’envisager une parenté quelconque avec la saga des robots (de l’aube, entre autres) de l’écrivain Isaac Asimov.

Dead-Landes-François-DescraquesDans le format 26′, José pour OCS par et avec Franck Bellocq (le Patrick de Soda), coécrit avec Jean-Luc Cano (Soda, Life is Strange) pourrait positivement surprendre avec son Jésus, de retour sur Terre sous couverture pour remettre de l’ordre dans le bazar ambiant. Dans la même catégorie, on attend beaucoup de François Descraques (Le Visiteur du futur) et un peu moins, pardon, de François Uzan (Que du bonheur) avec leur série dystopique frenchie Dead Landes, Les Escapés avec Thomas VDB.

Parmi les séries européennes présentées, on retiendra Chewing Gum, pour la Grande-Bretagne, de et avec Michaela Coel – laquelle sera présente pour une rencontre sur le festival où elle évoquera son travail, d’adaptation notamment puisque le personnage de Tracey est né sur scène. Vingt-quatre ans, vierge et fan de Beyoncé, la jeune femme subit les affres du désir conjuguées à l’angoisse du péché.

Les festivaliers découvriront en avant-première, et hors-compétition, les nouvelles aventures télévisuelles de Franck DuboscLes Beaux Malaises, coécrit par Dubosc lui-même, raconte la « vraie-fausse vie » de l’acteur et les joies et déboires de la célébrité, concept prometteur en termes de succès d’audience pour M6.

Enfin, le Québec sera à l’honneur avec notamment la projection de Mon ex à moi, série autour d’une jeune femme, petite sœur déjantée d’Ally McBeal et Bridget Jones, obsédée par la reconquête de son ex.

 

Malgré toute la bonne volonté du monde, il est difficile de trouver dans cette sélection et les promesses de la rentrée quelque chose qui fasse vibrer notre fibre « pop », sorti de France 4, la grande bouffée d’air frais et Arte, l’aiguiseuse de curiosité. Du coup, on en vient à espérer beaucoup du traitement de sujets qui semblent tellement classiques sur le papier et, surtout, on soulignera la pertinence du sujet de la table ronde du vendredi : « La fiction française se donne-t-elle les moyens d’exister à l’international ? » Encore faudrait-il qu’elle commence par trouver le moyen de continuer d’exister sur le plan national, pour une frange grandissante de public, face à l’offre pléthorique tous azimuts.

Pour en savoir plus sur la selection : Festival de la Fiction TV – La Rochelle – 14-18 septembre 2016

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