#23 – Le coin des mangavores !

Comme nos journées ne font que 24 heures et qu’il m’en faudrait 45 pour pouvoir lire et critiquer toutes les sorties manga que nous proposent les différents éditeurs français, ce coin des mangavores vous permettra d’avoir une vue d’ensemble sur les dernières sorties parues et de ne rien louper de vos titres préférés. C’est parti, suivez le guide !

Les Enfants de la Baleine (T.10)

Rien ne va plus à Amonlogia ! Alors que les habitants de la Baleine de Glaise demande l’asile au duc Dactyla, celui-ci décide d’enrôler les marqués doués de Saimia comme soldats. Pour faire pression et les faire plier, il emprisonne donc les non-marqués. C’est à ce moment-là que le seigneur Orca, à bord du Karxarias décide d’attaquer Amonlogia. En effet, depuis sa première défaite, il ne rêve que d’une chose, prendre sa revanche. Les marqués menés par Chakuro et le daîmonas Ohni décident donc de porter secours à leur peuple. Voilà maintenant dix tomes qu’Abi Umeda nous propose un récit unique alliant poésie, onirisme, introspection et interrogations d’ordre quasi métaphysiques, dix tomes que nous sommes happés par un univers qui ne ressemble à nul autre. Ici, les événements s’emballent et tous les personnages se mettent en branle dans un tourbillon d’émotions. Aussi bien sur le fond que sur la forme, l’auteur fait preuve d’une incroyable maestria, allant jusqu’à nous offrir de somptueuses couvertures à chaque tome. Nous sommes les témoins privilégiés du tragique destin des enfants de la Baleine, ce peuple maudit et persécuté en quête d’un quelconque salut. Je l’ai déjà dit lors de mes précédentes critiques, le titre fait irrémédiablement penser à l’œuvre de Miyazaki, ce qui n’est clairement pas pour nous déplaire. On y retrouve ce même humanisme, cette même poésie parfois cruelle, ce même imaginaire nimbé de fantastique qui semble ne plus vouloir nous quitter. On parcourt chaque tome avec délectation et une fois terminé, on a qu’une envie, découvrir le prochain. Les Enfants de la Baleine est une perle façonnée par un artisan à côté duquel il serait fort dommage de passer. Vous êtes prévenus !

Les Enfants de la Baleine (T.10)
D’Abi Umeda
Édité par Glénat

Sky-High Survival (T.9)

La jeune Yuri tente toujours de survivre et de ne pas se faire dézinguer par l’un des tueurs masqués. Par chance, depuis qu’elle aussi est devenue un être proche de Dieu, elle a acquis des capacités qui lui permettent de se défendre. De son côté, son frère Rika, également prisonnier de ce monde en altitude, fait la connaissance d’un autre être capable de contrôler les masqués. Étant partisan de l’eugénisme, ce dernier souhaite mettre en pratique son idéologie en sacrifiant les humains qui n’ont pas leur place dans ce monde. Depuis ses débuts, le titre de Tsuina Miura et Takahiro Oba a sacrément évolué, dévoilant peu à peu toute sa complexité. Il n’était au départ qu’un vulgaire slasher reposant sur un « high concept » basique mais efficace, il est maintenant un thriller sinueux à tiroirs qui n’en finit pas de nous surprendre. Les enjeux ont bien changé et à ce stade, il paraît bien compliqué de prédire comment tout cela se finira. Oui mais voilà, à vouloir trop en faire, les auteurs finissent un peu par nous perdre dans les dédales de leur récit et une forme de lassitude finit par pointer le bout de son nez. Les masqués ont perdu de leur mystère et l’angoisse des premiers tomes semble désormais bien loin. La multiplication des personnages aura eu raison de l’ambiance horrifique et de la tension qui faisaient le charme du titre. Reste une histoire prenante et tortueuse pleine de rebondissements mais il faut espérer qu’elle ne s’étirera pas trop en longueur sous peine de nous lasser et de nous faire perdre tout notre intérêt. À ce titre, le prochain tome sera essentiel. Wait & see…

Sky-High Survival (T.9)
De Tsuina Miura & Takahiro Oba
Édité par Kana

The Rising of the Shield Hero (T.9)

À l’instar du titre précédent, TROTSH a également fait son petit bonhomme de chemin depuis ses débuts. Parti comme une vulgaire itération sur le RPG, le manga d’Aiya Kyu a su dépasser son postulat de départ pour nous offrir un récit plus dense qu’il n’y paraît. Maintenant qu’il a obtenu sa revanche sur le roi et la princesse qui l’avaient piégé et que la vérité a éclaté au grand jour, il peut enfin évoluer dans le jeu sans être conspuer par la population. Accompagné de Raphtalia et Filo, le voilà donc parti pour les îles Carmila afin de faire progresser leurs niveaux respectifs. Sur place, ils vont faire la connaissance d’un mystérieux jeune homme nommé Larkberg. Avec ce neuvième tome, c’est donc une nouvelle partie du récit qui s’ouvre, permettant à TROTSH de repartir sur de nouvelles bases. Difficile de savoir quelle direction va prendre l’histoire mais compte-tenu de la très bonne surprise que fut la première partie, on reste confiant pour la suite. Tant que le délire RPG ne prend pas le pas sur les personnages et que ces derniers continuent d’être correctement exploités et explorés, ça devrait le faire. Pourvu que ça dure !

The Rising of the Shield Hero (T.9)
D’Aiya Kyu
Édité par Doki-Doki

One-Punch Man (T.10)

ONE et Yusuka Murata poursuivent leur exploration du monde des super-héros. D’un côté, Saitama vit sa vie comme si de rien n’était, tandis que de l’autre, Garoh, que rien ni personne ne semble pouvoir arrêter, continue sa traque des héros. Si les deux se rencontrent très brièvement dans ce tome, leur confrontation ne semble pas être pour tout de suite. En effet, avant cela, Saitama souhaite d’abord se perfectionner dans les arts-martiaux lors d’un tournoi. Le récit prend tout son temps, sans se précipiter, retardant le moment de la rencontre fatidique entre le héros et le bad guy. Le titre est toujours traversé par la même décontraction et une certaine idée de la coolitude. Bien qu’il y ait un semblant de fil rouge en trame de fond, le récit fait des détours, s’arrête occasionnellement sur l’un ou l’autre des protagonistes avant de reprendre sa route comme si de rien n’était. En résulte parfois une sensation de manque de cadre et de structure scénaristique. Étrangement, les qualités de One-Punch Man sont également ses plus gros défauts. À force de vouloir avoir l’air détaché et nonchalant, le titre perd en consistance et semble un peu trop se regarder. Car oui, les auteurs ont bien conscience de l’aura poseuse de leur titre et se repose un peu trop dessus. Qu’à cela ne tienne, leur manga reste tout de même au-dessus du lot, ne serait-ce qu’avec ses régulières fulgurances graphiques et son humour qui fait très souvent mouche. On ne va tout de même pas bouder notre plaisir.

One-Punch Man (T.10)
De ONE & Yusuke Murata
Édité par Kurokawa