#24 – Le coin des mangavores !

#24 – Le coin des mangavores !

Comme nos journées ne font que 24 heures et qu’il m’en faudrait 45 pour pouvoir lire et critiquer toutes les sorties manga que nous proposent les différents éditeurs français, ce coin des mangavores vous permettra d’avoir une vue d’ensemble sur les dernières sorties parues et de ne rien louper de vos titres préférés. C’est parti, suivez le guide !

 

One Piece (T.85)

Les choses vont bon train dans ce nouveau tome de One Piece. Alors que Sanji se retrouve contraint de participer à un mariage arrangé avec l’un des membres de la famille de l’empereur Big Mom, les autres membres de l’équipage de Luffy tentent de sauver leur peau et par la même occasion, celle de leur compagnon. Bien que les choses ne semblent pas très bien engagées, les événements prennent une nouvelle tournure lorsque Chapeau de Paille a l’occasion de s’allier avec Bege et son gang de mafieux pour faire tomber la terrible Big Mom. Ce nouveau tome, tout comme les précédents, est assez dense et n’est pas avare en action. On n’a pas franchement le temps de s’ennuyer même s’il faut bien le reconnaître, on sent poindre une légère lassitude tant la formule est archi-connue. L’œuvre-monde d’Eiichiro Oda se perd en détours et circonvolutions et peine à nous apporter de réelles réponses. L’auteur a d’ailleurs récemment avoué qu’il lui tardait d’arriver à la conclusion de son titre et on ne peut pas lui en vouloir. One Piece est devenu, comme la créature de Frankenstein, un truc monstrueusement incontrôlable puisque le créateur semble lui-même avoir quelque peu perdu le contrôle. Bien entendu, le shônen reste bien au-dessus de la mêlée en termes d’univers, d’imaginaire et de d’inventivité mais il serait peut-être temps de s’acheminer rapidement vers la conclusion et d’apporter enfin les réponses que des millions de fans attendent. Allez, un petit effort… !

One Piece (T.85)
D’Eiichiro Oda
Édité par Glénat

 

Chimères (T.1)

La maladie de la Chimère… Apparue il y a une quinzaine d’années dans un quartier défavorisé de la mégalopole, elle prend de multiples formes en transformant les gens qui en sont atteint en véritables créatures. C’est après la soudaine disparition d’un de ses amis que Luca va en prendre connaissance. Parti à se recherche, il va devoir s’introduire dans les bas-quartiers et se frotter à une faune atypique et peu recommandable. C’est là qu’il va rencontrer la belle strip-teaseuse Yue et l’intriguant Long Chen, un médecin peu orthodoxe. Aux commandes de ce nouveau titre édité par Doki-Doki, Kaili Sorano nous offre un premier tome plutôt sympathique. Cette première immersion dans un quartier de marginaux laissés pour compte fonctionne assez bien, grâce notamment à des personnages bien caractérisés et à un récit maîtrisé. Alors que tout la première partie se focalise sur Luca et son pote disparu, on se rend assez vite compte qu’en fait, il n’est pas le personnage principal. En effet, l’auteur le délaisse à la moitié du tome, en faveur de Long Chen vers qui semble se tourner tous les projecteurs. Ce changement de point de vue déconcerte et nous amène à reconsidérer l’histoire en cours de route. D’autant que durant la seconde moitié du tome, on nous présente de nouveaux protagonistes, à commencer par Jay, un jeune garçon des rues qui souhaite contracter volontairement la fameuse maladie afin de devenir plus fort. En effet, ce dernier risque à tout moment d’être capturé par des gangs de trafiquants d’esclaves qui sévissent dans le quartier. Bref, vous l’aurez compris, strip-teaseuse, drogues, trafic d’humains et maladie mutagène, Chimères nous plonge dans un récit sombre et nous tend un miroir reflétant la noirceur de notre société contemporaine. Il paraît encore trop tôt pour se prononcer sur ce titre mais ce premier tome est une entrée en matière relativement alléchante.

Chimères (T.1)
De Kaili Sorano
Édité par Doki-Doki

 

Gleipnir (T.1)

Shûichi Kagaya est un jeune lycéen sans histoire. Mais un jour, sans prévenir, le voilà capable de se transformer en un gros monstre, une espèce de peluche géante aux capacités hors-normes. C’est à ce même moment qu’une jeune fille nommée Claire Aoki, fait irruption dans sa vie. Entre eux va naître une étrange relation aussi fusionnelle que malsaine. En effet, cette dernière va le faire chanter et se servir de lui pour retrouver sa grande sœur. Pour cela, l’étrange jeune fille va trouver un moyen non conventionnel en se glissant littéralement dans le corps de Kagaya. Avec Gleipnir, le mangaka Sun Takeda nous livre sa première œuvre, un seinen étrange et atypique s’appuyant sur un postulat de départ vu et revu. Car au-delà du délire classique du lycéen soudainement capable de se transformer en une étrange créature, le titre apporte, au travers du personnage de Claire, une approche assez différente. En extrapolant un peu, on peut voir dans l’apparence assez grotesque de Kagaya en mode peluche monstrueuse, une métaphore sur l’adolescence et les changements qu’entraîne la puberté. Et que dire du fait que Claire puisse se glisser dans le corps du jeune garçon et le manipuler à sa guise, si ce n’est qu’il pourrait s’agir d’une variation autour des premiers émois amoureux et de la sexualité. Peut-être vais-je trop loin dans mon analyse me diront certains, cependant la lecture de ce premier tome ne paraît pas complètement dénuée de sens. Reste à voir ce qu’il adviendra de la partie fantastique du récit et de la quête entreprise par Claire. Le second tome saura très certainement nous donner quelques pistes supplémentaires. Wait & see

Gleipnir (T.1)
De Sun Takeda
Édité par Kana

 

On the Frontier

L’éditeur Kana ne fait pas que dans les grosses licences, style Naruto, bien loin de là. Avec sa collection Made In, la maison d’édition s’aventure régulièrement sur le terrain du manga d’auteur et c’est le cas avec On the Frontier de Tôru Izu. Actif depuis maintenant 10 ans, le mangaka nous propose ici un recueil d’histoires courtes qui sont autant de « tranches de vie » nous faisant voyager de la douce innocence de l’enfance aux désillusions de la vieillesse avec des personnages forts et touchants. Ici, le fil conducteur est non seulement la vie en elle-même mais bien plus encore le temps qui passe. Bien que chacune des histoires semblent être indépendantes les une des autres, elles partagent toutes ce rapport au temps, à l’âge, cet adulte que l’on rêve de devenir étant enfant et celui que nous ne sommes plus tout à fait lorsque l’on arrive à la fin de sa vie. Entre l’esprit fougueux et frondeur de la jeunesse et celui plus résigné et fataliste de la vieillesse, Tôru Izu construit de multiples passerelles. Sans jamais tombé dans le pathos, l’auteur traite aussi des désillusions à travers la perte d’un proche, celle d’un travail voire même d’une passion. À travers ce recueil, il définit ses personnages par ce qu’ils aiment et nous questionne sur ce qui nous constitue, ce qui fait de nous ce que nous sommes. Pour autant, On the Frontier ne verse pas dans la pseudo philosophie et c’est ce qui fait sa force. Au contraire, c’est à travers la simplicité des portraits de ses personnages qu’il parvient à nous faire réfléchir et nous émouvoir. Mais c’est aussi grâce à son trait plein de finesse et de fragilité qu’il y parvient. À la fois minimaliste et extrêmement minutieux et travaillé, son dessin vibre à chaque page, recherchant plus une sorte de vérité et une large palette d’émotions que du sensationnel. C’est beau, simple et émouvant… et ça se passe finalement de commentaires.

On the Frontier
De Tôru Izu
Édité par Kana

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