5 grandes séries qui ont débuté à la mi-saison

5 grandes séries qui ont débuté à la mi-saison

Traditionnellement, la mi-saison c’est le repaire des séries qui ne sont pas assez bonnes pour la rentrée d’octobre. C’était plus ou moins vrai à une époque, ça l’est évidemment moins aujourd’hui, étant donné l’éclatement du calendrier. L’obsession des network pour l’inédit fait que les saisons sont aujourd’hui diffusées par paquets (au lieu de diffuser sur 30-35 semaines 22 inédits et une poignée de rediffs).

Les networks font aujourd’hui la place pour ces shows, désireux de créer autour de ces diffusions un vrai évènement. Les séries de mi-saison, si elles gardent ce créneau, sont souvent diffusées par paquets plus light que les séries d’octobre (modèle Community pour les comédies ou Hannibal pour les dramas).

Dans les années 80-90, la mi-saison était la saison des remplaçants venus grappiller la place du nouveau-venu d’octobre déchu. Des remplaçants qui, pour certains, ont laissés l’image d’un champion absolu, pas d’une série “pas assez bonne pour l’automne”. Aujourd’hui, on passe en revue cinq d’entre elles, toutes des succès de longue durée, dont certaines ont apporté une révolution dans le monde de la télévision.

Buffy contre les vampires

Par Julia Lagrée

Buffy débarque dans nos vies, comme elle débarque à Sunnydale en cours d’année. Derrière cette petite nouvelle aux airs inoffensifs se cache un bout de femme qui en a sous la pédale, comme la série. En 7 saisons, Buffy deviendra une série qu’on étudie dans les universités, Joss Whedon sera érigé au rang de génie de la pop culture, et les vampires un thème de séries récurrent.

Pendant 7 ans, la série fera les beaux jours de la chaîne WB puis d’UPN (les deux networks qui ont fusionné pour devenir la CW). Buffy est une série fantastique et comique mais pourtant elle traitait de thèmes forts et universels : le pouvoir, la responsabilité, l’héroïsme et tout ça sur fond de parcours initiatique qui mène de l’adolescence à l’âge adulte. C’est aussi une série qui a marqué un tournant dans le traitement de la place de la femme à la télévision, en s’affranchissant de figure paternelle forte et faisant de son héroïne, une fille (puis femme) détenant seule tout le pouvoir et les responsabilités qui en découlent.

Arrivée discrètement le 10 mars 1997, la série ne fera pas seulement les beaux jours de la chaîne, elle marquera profondément le paysage audiovisuel américain et changera à jamais la vision des héroïnes dans les séries, sans jamais recevoir un seul Emmy ou Golden Globe. Buffy, la série solitaire de début à la fin.

 

Malcolm in the Middle

Par Marine Pérot

Qui aurait cru que du haut de ses 10 ans Malcolm allait générer un tel engouement du public? Lancée le 9 janvier 2000 sur la FOX, la série de Linwood Boomer connu 7 saisons à succès, de nombreuses nominations aux Emmys et aux Golden Globes et aura aussi permis de révéler Bryan Cranston au grand public. La série est arrêtée en 2006 et son final, diffusé le 14 mai, est suivi par 7,46 millions de fans et conclu comme il se doit les aventures de Malcolm et de sa famille.

L’une des particularités de Malcolm est d’avoir été l’une de ses premières séries des années 2000 à lancer la mode du ‘single-camera setup’, ainsi que d’avoir été de ses comédies contemporaines qui ont choisi de ne plus utiliser de rires pré-enregistrés. Enfin, il faut noter que pour sa forme Malcolm était aussi une nouveauté qui a séduit le public avec son personnage principal brisant le quatrième mur et s’adressant directement aux téléspectateurs, une technique encore peut utilisée à l’époque mais qui est s’est ensuite rapidement propagée dans le genre.

Malcolm, c’est 6 ans de bons et loyaux services pour la FOX pour une série commencée à la mi-saison. Une série qui avait du cœur et beaucoup d’humour et qui aura séduit le public si rapidement qu’après une première saison de 16 épisodes, la chaîne en commanda 25 pour sa saison 2. Comme quoi, parfois, la mi-saison peut révéler de véritables petits bijoux.

 

Code Quantum

Par Nicolas Robert

Le 26 mars 1989, l’histoire de la télé connaît un jour bien particulier. NBC diffuse effectivement le premier épisode d’une série protéiforme qui revisite un thème cher à la science-fiction… et qui ne doit surtout pas donner une part trop importante à la SF. C’est effectivement en insistant sur cette directive que les dirigeants de la chaîne ont donné le feu vert au lancement du show de Donald P. Bellisario.

La consigne peut surprendre (elle est relatée dans “Code Quantum : itinéraire d’un ange gardien”, de Patrick Marcel) mais il y a une raison toute simple à cela. A la fin des années 80, la science-fiction connaît une petite période de creux à la télé américaine. Les exécutifs de la chaîne voient donc d’un mauvais oeil l’exploration du temps. Pas grave : le créateur de Magnum a plus d’un tour dans sa barbe. Ce qui l’intéresse, c’est de profiter des sauts dans le temps pour aussi sauter d’un genre à l’autre. Avec le succès que l’on sait.

Tout au long de la saison 1, Bellisario, profondemment croyant, rappelle régulièrement que Sam Beckett, le héros de la série, est au service du Très-Haut, qui guide ses sauts dans le temps. La chaîne lui demandera de lever le pied sur ce point, pour ne pas alourdir le propos de la série.

Une situation bien gérée par le showrunner de Code Quantum. Jusqu’à ce que le network lui donne de nouvelles consignes: en fin de parcours, NBC demandera finalement à Bellisario de lâcher les chevaux sur l’aspect fantastique du show. La raison ? Star Trek : The Next Generation est entre-temps devenue populaire. Bientôt, The X Files arrivera sur l’antenne de la Fox. Souvent, chaînes varient…

 

The Office

Par Nicolas Robert

Quand on y pense, lancer un remake de série anglaise sur NBC le 24 mars 2005, c’était une vraie gageure. A l’époque, la direction de la chaîne devait effectivement exorciser le bide Coupling (2003), autre grande série anglaise qui a traversé l’Atlantique… avant de finir à la poubelle.

Ce coup-ci, les producteurs décident de ne pas donner dans l’adaptation foireuse. Ben Silverman, futur boss de NBC Entertainment, va d’abord convaincre Ricky Gervais et Stephen Merchant, créateur de The Office UK, de le laisser adapter leur show. Puis il va confier à Greg Daniels le développement de cette version. Ce dernier décide de respecter scrupuleusement le matériau original, puisqu’il considère à l’époque qu’il est dangereux de partir avec quelque chose de radicalement différent.

L’idée était bonne, l’intention louable… mais ça n’a pas franchement marché. Et il s’est fallu d’un souffle que la série soit annulée. C’est finalement le succès de la série sur iTunes – et le carton de Carell à l’affiche de 40 ans toujours puceau – qui vont encourager la chaîne à continuer l’aventure.

La suite, on la connaît : Daniels et sa bande vont revoir leur copie, pour proposer une version respectueuse et en même temps différente du modèle britannique. On appelle ça faire un vrai travail d’adaptation. Audacieux, bien pensé et surtout porté par des scénaristes, des producteurs et des acteurs parfaits dans leur rôles respectifs.

Il faut dire que, pour ce qui est des comédiens, les auditions ont vu passer du monde… et même de sacrées figures.

 

Hill Street Blues

Par Dominique Montay

Le casting de Hill Street Blues.

La série qui a changé la face de la télévision américaine était une série de mi-saison. Elle n’était cependant pas une série “sur le banc”, pas assez bonne pour la rentrée de septembre. En juillet 1980 débute une grève du syndicat des acteurs qui durera 94 jours et décalera la saison télé. Entre septembre et janvier, à l’antenne tous les soirs sauf le dimanche et le mercredi, sur NBC on se serait cru en France avec un film de cinéma en prime-time.

NBC était venu chercher MTM, maison de qualité, boite de Grant Tinker, qui produisait des shows tels que Mary Tyler Moore Show, Bob Newhart et Lou Grant (déjà un drama avec un casting élargi). L’influence principale du producteur, avec Michael Kozoll et Steven Bochco était tout simplement la comédie M.A.S.H.. Un casting large (13 personnages principaux), des histoires entremêlées…

Hill Street Blues révolutionna le drama télévisuel en général et le cop show en particulier. Les mètres-étalons de l’époque, c’était Dragnet, Kojak. Des héros uniques (ou deux maximum), qui résolvaient toujours l’affaire en fin d’épisode (1). Hill Street Blues intégrera le principe des arches narratives, mêlant histoires personnelles courant sur la saison entières à des enquêtes résolues au bout de quelques épisodes.

Boudée par le public, la série sera sauvée grâce à son impact critique, et surtout grâce aux Emmys, qui la sacreront dans 6 catégories différentes cette année-là (pour 21 nominations). La série durera 7 saisons pour 146 épisodes, formera des showrunners qui feront le succès de la télévision américaine dans les 90’s (David Milch, Dick Wolf…) et révèlera le talent du réalisateur Gregory Hoblit. Elle initiera un nouveau mouvement télévisuel dont les conséquences directes furent NYPD Blue, Homicide, ER… et dont on ressent encore aujourd’hui les répercussions.

(1) : Amusant de constater qu’en France, la traduction française de la série est un non-sens complet de sa nature. En la titrant Capitaine Furillo, le diffuseur de l’époque se contente de jouer sur la popularité des séries à héros unique en faisant croire qu’Hill Street Blues était calée sur le même principe. On appelle ça avoir des œillères.

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