A la recherche du temps perdu (critique du 7×01 de Castle)

A la recherche du temps perdu (critique du 7×01 de Castle)

Note de l'auteur

castleuneCastle, c’est un peu la relecture pop post-moderne de Arabesque. La série qui débute comme une version légère de Basic Instinct (un meurtre inspiré des écrits d’un auteur célèbre) a démontré un savoir faire dans la dérision, le second degré et une capacité versatile à surfer sur les modes. La série n’invente rien mais réinterprète. Elle fait s’entrechoquer différentes influences pour un résultat qui frôlerait l’opportunisme si elle ne le faisait pas en lançant de gros clins d’oeil aux spectateurs.

Il y a deux visages dans Castle. Celui qui décode le genre policier (au sens large du terme) et la pop culture, s’appuyant sur la mécanique de l’écrivain et qui offre ce spectacle jouissif et bourré de second degré (sans cynisme). Et celui qui veut s’acheter une crédibilité en créant un fil rouge dramatique (la mort de la mère de Beckett) avec pour seul constat : le sérieux ne sied guère à Castle. Imaginer un vigilante habillé en super héros, des espions, des voyageurs dans le temps ou une bombe menaçant New-York que l’on désamorce en arrachant tous les fils, la série sait faire. Et bien. Jouer avec une conspiration, des politiciens et flics véreux dans une mythologie hasardeuse, et la série s’écroule.

L’année dernière, Castle jouait gros. En concrétisant (enfin) l’union Castle/Beckett, la série modifiait sa dynamique et devait trouver un nouveau souffle. En résumé : éviter le syndrome Clair de Lune. Elle y est parvenue comme une évidence : jouer le naturel à fond. Ce que l’on pourrait synthétiser par “on ne change rien”. Point de mire de la saison ? Le mariage (suite logique), célébré dans un dernier épisode amusant jusqu’au cliffhanger que l’on pourrait aisément classer parmi les plus miteux et artificiel de l’histoire de la télévision : un accident de voiture.

castleDeux solutions s’offraient à ce season premiere : botter en touche, admettre son erreur et repartir comme si tout cela n’avait jamais existé ; jouer le jeu à fond et se débrouiller. David Amann choisit le deuxième choix avec beaucoup d’approximation. L’épisode s’offre quelques beaux moments, tous au début, quand il s’agit de traiter l’urgence, le drame (une fois n’est pas coutume), la traque, aidés par quelques choix formels pertinents de la part du vétéran Rob Bowman (joli plan d’une Beckett en robe de mariage arrosée par les pompiers ou un plaquage bestial d’une belle violence). La suite est une question d’errance, sans savoir très bien si l’on subit la narration ou l’enquête.

Ce season premiere, malgré un traitement un peu convulsif, pose différentes pistes pour la suite. Un vrai travail de showrunner qui voit dans l’ouverture d’une nouvelle saison les fondations d’un chantier. Amann, en petit malin, redéfinit la nature de la relation Castle/Beckett (un coup de frein à main qui évite l’artifice), s’offre un fil rouge qui ressemble comme deux gouttes d’eau à la saison 3 de Alias. Cette année risque d’être une quête pour retrouver le temps perdu. C’est alléchant si les auteurs ne se refusent rien (et au vue des premiers indices, c’est le cas), quitte à partir aux confins du réalisme.

Castle

Saison 7
Créée par Andrew W. Marlowe
Showrunnée par David Amann
Driven (7×01)
Réalisée par Rob Bowman
Avec : Nathan Fillion (Richard Castle), Stana Katic (Kate Beckett), Jon Huertas (Javier Esposito), Seamus Dever (Kevin Ryan), Tamala Jones (Lanie Parish), Penny Johnson (Captain Victoria Gates), Molly C. Quinn (Alexis Castle), Susan Sullivan (Martha Rodgers)…

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