
Abzû : un Journey sans fin
La PS4 accueille cet été bon nombre de jeux indépendants originaux et plus rafraîchissants que la moyenne. Parmi ceux-ci se trouve Abzû, jeu contemplatif développé par Giant Squid Studios, qui emprunte beaucoup à l’incroyable Journey de Jenova Chen. Et pour cause : Abzû est surtout l’œuvre de Matt Nava, directeur artistique qui a déjà opéré chez thatgamecompany pour, devinez quel jeu ? Journey, bien sûr !
Palme d’or
Abzû vous plonge littéralement dans les palmes d’un être mystérieux chargé d’explorer les fonds marins pour – a priori – libérer des endroits envahis par l’obscurité et faire revenir les espèces marines pour repeupler les océans. C’est l’interprétation que l’on pourrait faire, tellement Abzû jette le joueur en eaux profondes, dans une histoire qui ne sera jamais explicitement contée. On pense évidemment à Journey, mais sa trame se révélait bien plus compréhensible, par plusieurs indices disséminés de manière maligne. Abzû prône plutôt l’exploration et la contemplation en privilégiant les interactions entre les animaux marins et les humains. Je ne parle pas de pêche sauvage avec un harpon ensanglanté, mais plutôt de contact simple, comme s’accrocher aux plus gros bestiaux ou méditer, histoire de découvrir toutes les espèces vivantes. Abzû est un titre qui ne propose aucun challenge, et il faut accepter de se laisser porter par la beauté et la passivité de l’ensemble.
Beau, le jeu l’est assurément, pointant même vers le superbe. On sent la patte de Matt Nava et on rapprochera indéniablement Abzû de Journey dans son approche des couleurs, vives et douces, et surtout dans ses ambiances azurées qui parsèment les niveaux. Le rendu des océans est juste fantastique et passe de l’ambiance lumineuse d’un récif de corail à l’obscurité terrifiante d’une fosse marine. Et même si la signature visuelle est moins subtile que celle de Journey, grâce au travail mené sur l’épure et la technique, Abzû s’en sort merveilleusement bien, surtout sur la diversité et la précision des animaux marins qui ornent le titre. Que ce soient les dauphins, les murènes, les raies mantas, les poissons-clowns ou les orques, on trouvera de tout et on admirera la précision de leurs animations. On aura même droit à quelques bestioles inattendues au fur et à mesure de la progression.
Quid du gameplay ? Le constat est plus délicat, suivant vos attentes et votre capacité à évoluer sans avoir besoin de challenges. Tout comme Journey, Abzû s’articule autour d’un axe principal très linéaire qui consiste simplement à suivre une ligne droite, en déclenchant parfois des mécanismes qui serviront à ouvrir des portes. Il n’y a absolument rien de bien compliqué. Abzû copie d’ailleurs sans vergogne les pics d’intensités de Journey : ici on trouvera une grande zone où se balader pour profiter du décor, là on traversera tout un passage rapide, porté par la musique somptueuse d’Austin Wintory et des courants marins. Je cite souvent le jeu de thatgamecompany et pour cause : Abzû n’aurait sans doute pas existé sans Journey, mais tout au long de l’aventure, il souffrira de la comparaison avec son grand frère.
Abzulement divin
On l’a déjà évoqué dans nos colonnes, Journey est un jeu incroyable, plus une expérience à vivre qu’un véritable titre, une immersion totale pour nos sens. Abzû est clairement de la même trempe, utilise les mêmes recettes et la même charte graphique, avec néanmoins des spécificités liées à l’océan, comme cette manière de se mouvoir comme dans un ballet aquatique. Mais pour quiconque a déjà vécu l’expérience Journey, Abzû aura la désagréable sensation d’un deuxième effet Kiss Cool : le même goût, la fraîcheur en moins. Plus grave encore, Journey parvenait, à travers un final absolument grandiose, à tisser de véritables relations avec des inconnus, à l’autre bout du monde, en réussissant l’un des meilleurs modes coopératifs du jeu vidéo. Une relation si forte que lors des dernières secondes, on avait juste envie de faire un énorme câlin à la personne qui terminait le jeu avec nous de l’autre côté de la planète.
Abzû n’a pas cette prétention. Certes, le final de l’histoire cherche aussi l’empathie avec le joueur à travers une relation spéciale, mais elle sera bien moins efficace et plutôt factice, surtout comparée à son grand frère. Il manque une certaine subtilité dans son approche pour que cela fonctionne, une vraie empathie envers ces personnages et ce qu’ils ont traversé. Peut-être que le jeu se termine trop tôt, peut-être aurait-il fallu un système aussi simple et fort que le coopératif dans Journey. C’est bien dommage puisqu’on devine les intentions de Matt Nava, mais le résultat n’est pas tout à fait là. On ne fait que l’effleurer du bout des doigts, s’éloignant dans les profondes eaux bleues de l’océan. Un petit raté qui n’enlève heureusement rien du plaisir de cette aventure.
Car oui, Abzû reste un petit plaisir, pour peu que vous aimiez vous perdre dans un jeu contemplatif en mode passif. Par sa direction artistique sublime et le simple plaisir de s’agripper à des dauphins pour bondir hors de l’eau, Abzû ravira les amateurs de faune marine et des plaisirs simples de la vie, le tout accompagné par les partitions magnifiques d’Austin Wintory, qui participent clairement à l’émerveillement de l’aventure. Accompagner des baleines au plus profond de l’océan, se balader au milieu de méduses fluorescentes ou juste nager à travers les algues, Abzû est un vrai bonheur pour les sens, dans un monde où rien ne vous agresse, histoire de profiter d’un somptueux aquarium géant à travers une aventure qui n’arrivera malheureusement jamais à la hauteur de son aîné, dont il copie le schéma sans honte aucune. Abzû, c’est la petite bulle d’oxygène, le genre de jeu qui fait juste du bien, une véritable plongée sous cet océan fantasmé, libérateur, quand on voit le monde peu reluisant à la surface.
Abzû
Développeur : Giant Squid
Éditeur : 505 Games
Prix : 15 euros
Je pense aussi bcp a flOw en jouant a Abzu…
Ils sont vraiment bon ces types..
https://archive.org/details/LeCaveSeRebiffe-1961-GillesGrangier
erreur de lien dsl..
https://www.youtube.com/watch?v=tTVDSOnPLns