
Age of Empires II HD : Longue Vie au Roi !
Age of Empires II: The Age of Kings est le parfait représentant de l’âge d’or des jeux de stratégie, à une époque où le STR (Stratégie en Temps Réel) était l’un des genres majeurs du jeu vidéo. Depuis l’année dernière, les jeux de stratégie semblent faire un grand retour aussi inespéré qu’inattendu. L’arrivée massive de nouvelles licences comme Grey Goo (test ici), Act of Aggression et Planetary Annihilation Titans (test ici) s’est vue accompagnée de grands classiques remasterisés comme Homeworld Remastered (test ici) ou de suites avec Homeworld: Desert of Kharak (ici). Mais s’il y a bien un jeu qui symbolise au mieux cette renaissance soudaine, c’est bien Age of Empires II HD et sa nouvelle extension African Kingdoms sortie plus de 17 ans après l’opus original. Pour ceux qui n’ont jamais entendu parler de cette série mythique, je vous invite d’abord à jeter un coup d’œil à l’article consacré à la saga Age of Empires ici.
Entre épées et faucilles
Age of Empires II: The Age of Kings (AoE ou AoK pour les intimes) est un jeu de stratégie historique en temps réel (STR ou RTS en anglais) en 2D isométrique. Sorti en 1999, soit deux ans après le premier opus consacré à l’Antiquité et toujours développé par feu Ensemble Studios, The Age of Kings change de contexte pour le Moyen Âge. Le but du jeu est simple, il s’agit de faire évoluer sa civilisation à travers les quatre différents âges représentant chacun une période du Moyen Âge, et bien sûr l’emporter sur ses adversaires. On y retrouve donc chronologiquement l’Âge Sombre, l’Âge Féodal, l’Âge des Châteaux et pour finir l’Âge Impérial. Au fur et à mesure que le joueur évolue d’âge en âge, il va débloquer de nouvelles technologies, unités et autres bâtiments. Pour y arriver vous devez faire attention à votre économie qui est basée sur la collecte ou la production de quatre ressources : le bois, la pierre, l’or et la nourriture. La série Age of Empires a toujours eu une grosse partie de micro gestion et c’est particulièrement le cas pour cet opus. Bâtir une économie solide est ici une priorité absolue. Négliger cet aspect du jeu vous coûtera la victoire à chaque fois. Les quatre types de bâtiments (économique, militaire, défensif et technologique) aperçus dans le premier Age of Empires sont évidemment de retour mais en plus grand nombre.
Les unités du jeu se divisent en deux. D’un côté, nous avons les villageois qui collectent les ressources et construisent les bâtiments. De l’autre, nous avons les soldats. Les unités militaires peuvent être divisées en quatre catégories (Cavalerie, Infanterie, Archers et Armes de Siège). Les combats sont basés sur la logique simple du pierre-papier-ciseaux. Toutefois, l’existence d’unités de contre comme les chameaux anti-cavalerie ou bien les tirailleurs anti-archers rend le tout un peu plus complexe qu’il n’y paraît. De plus, chaque faction dispose d’unités uniques en rapport avec sa culture et son histoire. Par exemple, les Mongols ont des archers à cheval redoutables tandis que les Perses utilisent les terrifiants éléphants de guerre. Utiliser les décors à son avantage, comme les collines, est un élément que le joueur doit aussi prendre en considération lors des batailles.
Une leçon d’histoire pas comme les autres
À l’origine, Age of Kings dispose de treize différentes civilisations qui sont divisées en quatre sous-groupes reconnaissables à l’architecture des bâtiments : l’Europe de l’Ouest, l’Europe du Nord et de l’Est, le Moyen-Orient et l’Extrême-Orient. Chaque faction a, comme dans tout bon RTS, des points forts et des points faibles qui lui sont propres. Les civilisations sont assez variées pour qu’elles s’adaptent à tous les styles de joueurs. Par exemple, certains préféreront jouer une défense solide avec les Byzantins tandis que d’autres aimeront plus jouer offensif avec les raids incessants des Vikings. Le jeu propose d’ailleurs plusieurs façons de remporter la victoire. On peut évidemment annihiler tous ses adversaires dans un bain de sang homérique, mais il est aussi possible de capturer toutes les reliques (les petits os de poulet qu’on faisait passer pour un saint), ou bien construire une merveille que le joueur devra défendre corps et âme jusqu’à la fin du compte à rebours.
En plus des modes classiques (et nombreux), le jeu propose de revivre des campagnes historiques comme les croisades ou la révolte de William Wallace (Braveheart). Les campagnes solo sont l’un des gros points forts d’Age of Empires II. Elles vous feront voyager dans le temps pour une leçon d’histoire que vous n’oublierez jamais. Je conseille d’ailleurs vivement le jeu aux parents qui veulent faire découvrir l’histoire à leurs enfants de façon un peu plus ludique et vivante.
Veni, Vidi, Vici
Le jeu de base a bénéficié d’une première extension en 2000 intitulée The Conquerors qui va lorgner du côté de l’Amérique Latine et de l’Asie. Au menu, cinq nouvelles civilisations sont de la partie dont un nouveau sous-groupe précolombien avec les Aztèques et les Mayas, auxquels il faut ajouter les Espagnols, Coréens et Huns. The Conquerors est une excellente extension comme on en fait pratiquement plus aujourd’hui. Les nouvelles campagnes historiques sont très intéressantes et nous en apprennent beaucoup sur la confrontation entre les conquistadors de Cortez et l’Empire Aztèque. Le nombre de maps s’est également s’enrichit avec l’arrivée des cartes tropicales inspirées de l’Amérique Latine mais aussi des steppes hivernales d’Asie Centrale.
Une légende encore vivante
Maintenant, venons-en à la version HD et ce qu’elle apporte de nouveau à ce jeu mythique. Tout d’abord, il n’y a pratiquement pas d’améliorations de gameplay à part une hausse de la limite de la population (de 200 à 500). Age of Empires II HD est avant tout une remasterisation avec un léger lifting graphique et la possibilité de jouer à la fois dans de hautes résolutions mais aussi sur les bécanes récentes sans souci de compatibilité. Mais le véritable intérêt de cette version est évidemment Steam et son matchmaking qui sonne le retour d’un multijoueur compétitif dans la série. Le deuxième gros avantage d’Age of Empires II HD est le support du Steam Workshop qui regroupe des dizaines de mods qui vont améliorer, voire complètement transformer votre jeu. L’éditeur de carte ultra complet qui était inclus dans le jeu d’origine est bien sûr toujours présent pour le plus grand plaisir de notre imagination.
Civilisations oubliées, Civilisations retrouvées
Une deuxième extension nommé The Forgotten va à son tour rajouter une tonne de contenu avec quatre nouvelles factions (Italiens, Incas, Slaves et Hongrois) et quatre nouvelles campagnes solos dont les aventures sanglantes de Dracula contre les Turcs. Développé par Forgotten Empire LLC, The Forgotten était au départ un énorme mod avant de devenir une extension officielle pour la version HD sur Steam. C’est dans le mod qu’on voit pour la première fois l’apparition d’un mode Traité (pas de combats pendant une période donnée) dans Age of Empires, mode qui sera reprit par la suite dans Age of Mythology et Age of Empires III.
L’Afrique médiévale, tout un symbole
Toujours développé par la brillante équipe Forgotten Empire LLC, African Kingdoms est la troisième extension d’Age of Kings et disponible uniquement pour la version en haute définition. Dans un effort d’explorer toutes les civilisations médiévales du monde, les développeurs se sont attaqués ici au dernier continent encore inexploré par la série : l’Afrique. The African Kingdoms permet de jouer avec trois nouvelles factions africaines (Berbères, Maliens, Éthiopiens) et une faction européenne (les Portugais). Pour chaque nouvelle civilisation, nous avons le droit à une campagne solo de qualité entièrement doublée. The African Kingdoms est une excellente extension avec un cadre surprenant. Bref, une vraie réussite. J’en profite pour féliciter The Forgotten Empire LLC pour nous avoir fait découvrir ces cultures méconnues et pourtant très intéressantes.
L’art face à l’histoire
Au final, Age of Kings n’a rien perdu de sa superbe et reste pour moi, encore aujourd’hui, l’une des références du RTS. Le gameplay est non seulement riche et bien huilé mais il s’adapte également à tous les joueurs. Un casual gamer ou un amateur d’histoire peut jouer les très nombreuses campagnes solos et être aussi satisfait qu’un hardcore du RTS plus focalisé sur le multijoueur compétitif du titre. C’est simple, tout le monde y trouvera son bonheur, sauf les allergiques aux jeux de stratégie. Graphiquement, Age of Empires II m’impressionne toujours par le souci du détail qu’avait déjà les développeurs il y a maintenant plus de quinze ans. De plus, les nombreux mods de la communauté rendent non seulement chaque civilisation encore plus unique d’un point de vue architectural mais approfondissent aussi un gameplay déjà bien complet.
Age of Empires II HD a cette saveur particulière du plat favori qu’on pourrait manger pendant des années sans jamais se lasser. Age of Kings a vu grandir toute une génération de joueurs. J’y ai joué avec mes yeux d’enfant, d’adolescent et maintenant d’adulte. Et pourtant, à chaque fois, je découvre ou apprends quelque chose de nouveau. Age of Empires II est bien plus qu’un monument du RTS, il représente à petite échelle le génie humain et son rapport avec le monde, ou comment un petit nombre d’individus peuvent bâtir des civilisations millénaires. Age of Kings me conforte dans l’idée que le jeu vidéo est un art. Non pas pour ses graphismes ou sa direction artistique, mais parce que ce jeu est un objet intemporel. Tout comme l’Acropole ou la Joconde, Age of Empires, j’en suis sûr, sera toujours là pour nous voir grandir encore et encore. Merci Ensemble Studios !
Age of Empires II: HD Edition/ Age of Empires HD: The Forgotten/ Age of Empires HD: The African Kingdoms
Développeur : Skybox Labs, Hidden Path Entertainment, Ensemble Studios
Prix : 32 euros