Airbourne – Breakin’ Outta Hell (Spinefarm Records)

Airbourne – Breakin’ Outta Hell (Spinefarm Records)

Note de l'auteur

Airbourne revient en force avec un nouvel opus, le bien nommé Breakin’ Outta Hell et à cette occasion, le groupe s’est déplacé à Paris pour faire écouter le petit brûlot à la presse française en exclusivité, dans l’enceinte sacrée des locaux de chez Gibson. Entre bières fraîches et guitares de collection, premières impressions sur l’un des albums les plus électriques de la rentrée.

Passer un moment avec les frères Joel et Ryan O’Keeffe, respectivement hurleur et force de frappe d’Airbourne, a toujours quelque chose de rafraîchissant… De nécessaire même. Ça vous rappelle pourquoi, malgré toutes les évolutions de la musique populaire ces trente dernières années, on en revient toujours aux mêmes quatre ou cinq gus, enfermés dans un local de répétitions pourri, la bave aux lèvres et l’envie d’en découdre, une bière à portée de main et pas un rond pour s’offrir un jeu de cordes de rechange. L’essence même du rock’n’roll en somme, simplicité et sincérité. Pour la sobriété, on repassera un autre jour !

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Joel et Ryan O’Keeffe

Nos chers kangourous auraient pourtant de quoi se la jouer… En nous présentant leur quatrième album studio ce soir, ils ont bien conscience de faire partie de la relève, de la crème de ce qui se fait de mieux dans le genre, et pour cause, tout le monde le leur dit ! Le public, les journalistes, même ma femme et mon ex, tout le monde tombe sous le charme dès la première écoute ! Alors quoi ? On passe au champagne et aux T-shirts Abercombie & Machin ?

Tiens, fume, c’est de l’australien ! C’est le cuir sur le dos et une bière en pogne que les deux lascars se pointent sur la petite scène du showroom Gibson histoire de nous causer du petit dernier, Breakin’ Outta Hell donc. Onze titres pour moins de quarante minutes de musique, on va droit au but sans se prendre les pieds dans la pédale de frein, opportunément remplacée par une bonne vieille distorsion des familles. Encore que, le genre de la maison serait plutôt de se brancher directement au Marshall sans capote !

Produit par le revenant Bob Marlette, déjà coupable du premier effort du groupe (Running Wild – 2007) et mixé par Mike Fraser qui officie derrière les manettes pour AC/DC depuis The Razor’s Edge  (tiens donc), Breakin’ Outta Hell reprend les choses où le susnommé Running Wild les avaient laissées il y a presque dix ans. Non que les tentatives plus orientées métal 80’s (notamment sur le précédent album Black Dog Barking – 2013) n’aient été intéressantes, mais manifestement, le groupe avait besoin de revenir à ses racines.

Un son brut et sans fioritures, l’impression que les mecs viennent de débarquer dans le salon pour peu qu’on pousse les enceintes un poil au dessus du maximum autorisé par la loi, on s’en fiche de toutes manières,  It’s Never Too Loud for Me ! La machine à riffs fonctionne toujours à plein régime et on se replonge avec délices dans ce rock australien théorisé par les p’tits gars d’AC/DC quatre décennies en arrière.

Et c’est d’ailleurs un peu gênant… Au-delà des comparaisons évidentes, même en faisant abstraction du fait que la pochette de Breakin’ Outta Hell rappelle avec insistance celle du Powerage de la bande à Angus Young (qui était par extraordinaire le quatrième album du groupe aussi !), Airbourne en vient à ringardiser ses aînés et idoles de toujours. Bien involontairement certes, mais tout de même. On appelle ça tuer le père.

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Il y a quelque chose tout de même, non ?

Mange donc la cavalcade de Thin the Blood dans les gencives, l’efficacité à la limite du punk de Down on You (le Did You Know Wrong des Sex Pistols saute aux oreilles), le rouleau compresseur suprême de Rivalry qui vient faire la nique au faiblard Play Ball des « autres » australiens… Encore une fois, c’est inconscient, mais Airbourne nous crache au visage un « place aux jeunes » bien senti !

Et puis les paroles… L’enfer, les nanas (Do Me Like You Do Yourself ), la picole (l’hilarant et autobiographique When I Drink I Go Crazy) et le rock’n’roll comme un mantra (It’s All for Rock’n’Roll), on peut difficilement faire plus direct. C’est velu, y’a du cheveux gras dans la mousse, qui a dit cliché ? De fait, l’image est belle parce qu’elle est vraie, zéro retouche.

Les mecs sont tels qu’en eux-mêmes, à l’image de Joel qui ne peut s’empêcher d’empoigner une guitare et de gratouiller à vide pendant que son frère répond aux questions de la presse, se permettant une vanne dès qu’il en a l’occasion et retournant à son manche instantanément parce que c’est comme ça, tu es chez Gibson, il y a une Explorer toute neuve qui te tend les bras… Comme à la maison quoi ! La promo de l’album ? Attends, t’as entendu comment elle sonne ? Et puis tu viens de l’écouter le disque, ça n’a pas répondu à toutes les questions que tu pouvais te poser ?

Ben si. Breakin’ Outta Hell ne va pas changer la face du monde, personne ne déclenchera une révolution culturelle après son écoute, on n’étudiera pas les paroles de ses chansons en cours d’anglais (quoique ce serait assez savoureux), nous sommes bien d’accord. Par contre, du plaisir par wagons, de la sueur, des cervicales endolories et des voisins exténués, ça oui, plein ! Parce que c’est leur ADN, à Airbourne, leur identité, qu’ils ne savent faire que ça et qu’ils le font de mieux en mieux. Que demander de plus ? Ah si, patron, la même chose !

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