Aladdin : Un film sans Génie

Aladdin : Un film sans Génie

Note de l'auteur

Le classique de Disney défiguré par le mauvais goût et la bêtise toxique de Guy Ritchie. Un échec total, avec un Will Smith en roue libre.

 

La carrière ciné de Will Smith est un champ de ruines. Depuis plus de dix ans, la superstar hip hop-smart-cool-j’me marre enchaîne avec une belle régularité les nanars, les œuvres improbables, oubliées dès le générique de fin. Films de super-héros, de SF, drames, mélos : tout ce qu’il touche se transforme en bouse. J’exagère ? Vous voulez des titres ? Bright, le nullissime truc Netflix avec des flics et des orques, Beauté cachée, Seul contre tous (et c’est pas le Gaspar Noé), Diversion, Un amour d’hiverAfter Earth, la purge de Shyamalan ou encore Men in Black 3. N’en jetez plus ! Et quand il accepte un projet un peu excitant comme Suicide Squad, il fait réécrire son personnage (Deadshot) et cannibalise le film. Non content de se ridiculiser dans les séries Z indignes de son talent, il refuse les bons films avec une constance qui force le respect. Au fil des années, Mr Ego et son nombril hypertrophié a décliné Matrix (le rôle de Néo, oui, oui) pour tourner dans Wild Wild West, refusé Charlie et la chocolaterie, Snake Eyes de Brian De Palma, ou Django, de Quentin Tarantino, car il trouvait que les rôles de Leo DiCaprio ou Christopher Waltz étaient trop importants. Un winner, un visionnaire !

Mais tout cela n’était rien à côté de son nouveau « chef-d’œuvre », Aladdin, adaptation 2.0 du célèbre dessin animé de Disney, 128 minutes de médiocrité, d’une laideur au-delà de l’imaginable. Responsable de ce fiasco total et absolu : Guy Ritchie, cinéaste bas de plafond qui doit penser qu’Autant en emporte le vent est une comédie sur un pétomane. De fait, le Britannique est un des cinéastes les plus surfaits de la planète, enfant consanguin de Michael Bay, Luc Besson et Uwe Boll. Tarantino du pauvre, auteur (j’déconne) d’une dizaine de films, il n’a JAMAIS signé un long-métrage digne de ce nom. Après l’échec du Roi Arthur (budget de 175 millions de dollar, avant les frais de pub, pour 14 millions de recette lors du premier week-end d’exploitation), Ritchie va cachetonner chez Disney. Il cosigne le scénario (quelle blague) avec John August, auteur de plusieurs scripts pour Tim Burton, qui décalque la narration et les principales péripéties du dessin animé de 1992, avec des personnages bien lisses, occidentalisés (Disney lave plus blanc ?). Cela n’a aucune sorte d’intérêt, mais avec la « Ritchie Touch », on passe dans la quatrième dimension, on frôle le bon goût sans jamais y parvenir. D’ailleurs, il n’y a rien à sauver : les effets spéciaux bâclés (ah, le tigre numérique tout pourri), les numéros musicaux (du Bollywood chorégraphié par Leni Riefenstahl), des jeunes premiers avec le charisme d’un dromadaire mort, le tout défiguré par un étalonneur numérique sous coke qui peinturlure chaque pixel à la sauce pop art… C’est du cinéma qui pique les yeux, une grosse meringue dégoulinante, sans odeur ni saveur particulière, qui te laisse laminé sur ton fauteuil, méditant cette phrase définitive d’un grand philosophe (je cite de tête) : « Si la connerie se vendait au kilo, y a longtemps que Guy Ritchie serait dans le commerce. »

Dans cet océan de médiocrité, Will Smith semble néanmoins se marrer (il devait penser à son pourcentage). Génie hip hop rigolard (Will Smith quoi !), il pousse la chansonnette, roule des yeux, lance de petits cris, gonfle ses muscles dès qu’il peut, esquisse quelques pas de danse et balance des vannes. Bref, c’est le Prince (Ali) de Bel Air au pays des 1001 nuits. Sauf que dans le dessin animé Disney, c’est le regretté Robin Williams qui doublait, incarnait le génie. Avec sa seule voix, il faisait décoller le film, l’emmenait dans une autre dimension et laissait des millions de spectateurs morts de rire, abasourdis par sa performance du troisième type. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Will Smith, qui gesticule comme il peut devant son fond vert, semble bien fade, voire carrément pathétique, en comparaison. Échec et mat !

Petite anecdote pour la route ! Afin de pouvoir jouer ce Schtroumpf digital au rabais, Will Smith a décliné l’excellent Dumbo, ciselé par Tim Burton. Choisir Guy Ritchie plutôt que Tim Buron ! Un visionnaire, je vous disais…

Aladdin
Réalisé par Guy Ritchie
Avec Will Smith et Naomi Scott.
En salles le 22 mai 2019

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