Alix – Les Helvètes de Mathieu Breda et Marc Jailloux

Alix – Les Helvètes de Mathieu Breda et Marc Jailloux

Note de l'auteur

Alix poursuit sa découverte du monde antique selon les bons vœux de son maître à penser et à diriger, Jules César. Une mission périlleuse que le héros blondinet compte, comme toujours, mener à bien. Mais une mission surtout plus complexe que d’habitude avec des enjeux qui le dépassent un peu. Pas de quoi l’effrayer dans ce 38e épisode bien senti qui fait voyager. Et un peu réfléchir, aussi. 

L’histoire : Alix est chargé par Iulius Caesar, aka César (pas le sculpteur, hein) d’accompagner le déploiement de colons vétérans sur les bords du lac Léman. Pour ce faire, il faut rallier les peuplades helvètes à cette idée. Afin aussi d’assurer une forme de tampon face aux raids germains qui n’hésitent pas à franchir le Rhin. Pas gagné à l’avance car il s’agit de convaincre d’anciens ennemis que la pax romana peut leur apporter la prospérité. Avec en sus, un tout jeune patricien arrogant à surveiller comme le lait sur le feu. Pas la plus simple des missions pour le plus romain des Gaulois.

Mon avis : ils sont plusieurs à se coller à la succession de Jacques Martin depuis C’était à Khorsabad, 25e rendez-vous de la série. Pour le duo, Breda/Jailloux, il s’agit de la quatrième collaboration. Une collaboration à nouveau réussie. Après Pompéi, l’Afrique ou encore l’île de Bretagne, c’est un court mais intense voyage qui est proposé jusque dans la future Suisse. On retrouve Alix dans son rôle préféré, celui de missi dominici de César imperator. On compte de nouveau sur les racines celtes du héros pour que les tribus helvètes fassent allégeance à la politique de Rome. La géopolitique est à la base de cette aventure dans le berceau de la Guerre des Gaules. Avec un objectif lancinant : dompter les velléités des Germains et assurer le développement commercial. La guerre de pacification menée par d’autres moyens…

Les auteurs transforment sur les planches un synopsis de feu Jacques Martin, parti en 2010. En le développant et en y apportant leur patte. Bien sûr. Alix, l’éternel célibataire ou presque, semble avoir les yeux de Chimène pour la belle et mystérieuse Audania. Une forme platonique que la fille de Diviciacos, chantre des Éduens, laissera en l’état en préférant son peuple à un retour à Rome avec le beau blond. Il y a aussi une forme de manichéisme béât avec le sort de Lucius, fils d’un ami de César, qui dégouline de suffisance au début avant d’en rabattre un max après cette aventure.

Cela donne tout de même un ensemble très cohérent, peut-être avec quelques longueurs dans les bulles, mais un 38e opus qui s’inscrit parfaitement dans une série qui vieillit bien. Voire de mieux en mieux.

Si vous aimez : le tourisme lacustre du lac Léman au à celui de Neuchâtel.

En accompagnement : Commentaires sur la Guerre des Gaules de Jules César ou quand l’histoire est écrite par les vainqueurs.

Autour de la BD : après le dessin animé et les jeux vidéos, Mathieu Breda s’est essayé avec succès à la bande dessinée avec Alix. Ce rôle de scénariste n’est qu’une maigre partie de son activité, une incursion rafraîchissante. Son compère et ami, Marc Jailloux, est au crayon d’Alix depuis le tome 32, La Dernière conquête. Il est également le dessinateur accompli de Vinci ou La Dernière prophétie.

Extraits : « César ! »

« Je ne voulais pas te laisser partir sans un  dernier atout, Alix… Les Celtes sont fous des chevaux. Ils ne pourront que te respecter si tu montes ce splendide animal. »

« Merci, César. Il est magnifique. Il a l’air puissant. Je vais l’appeler Balios, comme un des Titans qui tiraient le char de guerre d’Achille. »

« Le nom est bien trouvé mais ne t’attache pas trop à ce cheval, Alix. Mes augures ont prédit qu’il ne reverra jamais Rome. »

Écrit par Mathieu Breda
Dessiné par Marc Jailloux
Édité par Casterman

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