
Alix – Veni vidi vici de David B. et Giorgio Albertini
Pour les 70 ans du plus gaulois des Romains, ce 37e épisode plonge Alix et son compère Enak dans les affres de l’Anatolie au premier siècle avant notre ère. De simple bouquiniste, notre héros va encore une fois sauver l’Empire. Rien de nouveau sous le soleil, donc. Eh ben, non ! Avec un nouveau duo, la série a repris des couleurs et beaucoup d’intérêts.
L’histoire : Alix parcourt l’Asie mineure au moment où César entend imposer le calendrier julien. Charge à lui de reconstituer une bibliothèque digne de ce nom après l’incendie de celle d’Alexandrie, une mission assez rare pour lui. À Samosate, il tombe sur son vieil ennemi Arbacès occupé à ourdir un nouveau complot contre le premier des Romains. Parviendra-t-il à le déjouer ? En vrai, vous avez déjà sûrement la réponse.
Mon avis : On a retrouvé Alix et la lignée des grandes réussites de feu Jacques Martin. Telles La Tiare d’Oribal, Le Sphinx d’or ou Le Dernier Spartiate, la liste n’est pas exhaustive. C’est un album doté d’un scénario très travaillé, et même si Alix gagne à la fin (si, si, on vous l’assure), l’intrigue est documentée et assez prenante. On ne s’ennuie pas, on se cultive et on apprend même l’origine du sempiternel veni vidi vici, attribué à César.
Les basiques d’Alix sont bien sur présents. Devenu préfet intérimaire, il s’escrime toujours à faire régner la justice, à mettre en avant la défense de la veuve et de l’orphelin et à crier au monde entier sa fidélité à la gens Julia. Mais ce qui amène du piquant dans l’affaire, c’est le coming-out d’Enak. N’allez pas imaginer que le prince égyptien avoue son homosexualité plutôt qu’il cesse de n’être que le compagnon effacé d’Alix. L’ancien esclave se permet des facéties, il chambre copieusement son camarade, n’hésite pas à blasphémer à l’endroit du grand Jules. Bref, il démontre une personnalité trop peu souvent aperçue au fil du Tibre.
Et cela fait du bien, ces aspérités qui apparaissent. Cette irrévérence ferait d’ailleurs bien d’effleurer notre héros gallo-romain. Bon, ce n’est pas encore le plus dévergondé mais Alix se prend même de fascination pour une géante destructrice qui est à deux doigts de l’embrasser pleine bouche. Il ne consommera pas, mais on l’a senti bien tourmenté.
Ce nouvel opus ne convaincra pas forcément les irréductibles opposants mais il confortera les amoureux de l’Intrépide. Et c’est déjà pas mal.
Si vous aimez : L’École des fans, évidemment, sur Antenne 2.
En accompagnement : Veni vidi vici de l’inénarrable La Fouine. Avec ces paroles mythiques: « Je suis venu, j’ai fourré et j’ai vaincu. » Voilà, voilà.
Autour de la BD : Pierre-François Beauchard, aka David B., a déjà un long palmarès de scénariste derrière lui. Il s’est laissé convaincre de reprendre la série par son complice et ami Giorgio Albertini, illustrateur archéologique, à qui Casterman avait mis le marché en main. Les deux co-auteurs se sont inspirés de L’Île maudite et La Tiare d’Oribal, dont ils sont grands fans depuis leur tendre enfance.
Extraits : Les présages se succèdent dans le ciel, dans les temples et dans les rêves des citoyens romains.
« Donne-moi le cœur, Lucius. »
« Oh, grand prêtre, la bête n’a pas de cœur. »
« Rien. »
« Qu’est-ce que cela signifie ? »
« Qu’allons-nous devenir ? »
« Est-ce un bon ou un mauvais présage ? »
« Quel est notre avenir ? »
« Je n’ai jamais vu ça. Je n’ai jamais entendu parler d’un tel cas. »
Alix – Tome 37
Écrit par David B.
Dessiné par Giorgio Albertini
Édité par Casterman