
Amon Amarth – Jomsviking (Metal Blade Records)
L’éternel retour des Suédois d’Amon Amarth dans une nouvelle livraison de leur death metal mélodique d’inspiration viking. Sans surprise.
Quand on mentionne le viking metal, on pense à Bathory, pour qui le terme est inventé en 1988 avec la sortie de Blood Fire Death. On pense aussi à sa version bodybuildé huileux des américains de Manowar (Sign of the Hammer, 1984). Et dans un style moins imberbe, aux Suédois d’Amon Amarth.
Les orthodoxes du death mélodique, option viking. Depuis Once Sent from the Golden Hall (1998), les Suédois n’auront jamais posé leurs haches et cesser de conter des histoires de dieux et guerriers nordiques. Dixième album studio, Jomsviking met en musique une tragédie viking. Un amour impossible, des meurtres, l’exil dans la version scandinave de la légion étrangère (les jomsviking du titre) au programme d’un récit qui s’intéresse davantage aux hommes qu’aux dieux. Comprendre que l’on est plus Le 13ème Guerrier que Thor.
Dans ce paysage sans surprise, s’impose une musique… sans surprise. L’orthodoxie a ses limites. La position dogmatique des Suédois se consume. Comme une saison sans récolte, la misère s’abat sur les compositions, jusqu’à forcer l’anthropophagie. Ce cannibalisme irréfléchi pousse les riffs dans des formules convenues. Et sans caractère à cause d’une production lisse. Andy Sneap aseptise. Trop propre quand on cherchait la souillure et le sang sur des champs de bataille. Seul le chant de Johan Hegg conserve les artefacts du death et impose quelques aspérités à un ensemble beaucoup trop clair.
La léthargie générale s’efface à de rares moments, quand nos vikings ressortent quelques riffs épiques dont ils ont le secret. Des mélodies à bomber le torse. À réveiller nos instincts bellicistes pour occire l’ennemi, l’épée à la main. La musique redevient cette machine à remonter le temps, retrouve ses capacités immersives. Des euphories éphémères, sur lesquelles on s’interroge : regain d’inspiration, réflexe post mortem ou pavlovien ?
Amon Amarth est un groupe de conviction. De celle qui motive, transcende mais aussi qui aveugle. Les Suédois ne savent peut-être plus distinguer la réalité du rêve, et cette main tendue, album après album, était peut-être une invitation à rejoindre le Valhalla.
Amon Amarth – Jormsviking (Metal Blade Records) sorti le 25 mars 2016