
#Analyse L’insuffisance de MacGyver
S’il n’existe de plaisir qui soit coupable, certains peuvent être pervers. C’est le cas de MacGyver, objet fascinant comme un accident de la route. Pourtant, des plus grandes catastrophes, nous pouvons tirer des enseignements. Attardons-nous un peu sur le cas MacGyver (2016).

© Guy D’Alema/CBS
MacGyver (2016) est une déception. Et pour qu’il y ait déception, il faut une attente. Au-delà des problèmes internes qui annonçaient, avant même la diffusion du pilote, une catastrophe industrielle ; au-delà des fausses premières images qui n’auguraient déjà rien de bon ; au-delà du casting bien fade qui encourageait la méfiance ; il y avait quelque chose de séduisant à retrouver un personnage qui a bercé toute une génération et probablement boosté les ventes de couteaux suisses dans le monde. L’entreprise de décongélation du célèbre roi de la bricole possédait même une forme de logique dans l’immense ode à la nostalgie qui règne sur notre époque.
Miroir inversé
Qu’y a-t-il de bon à attendre d’un produit que fleure bon l’opportunisme mercantile ? Une question d’époque. MacGyver (1985), ce sont les années Reagan. Pour obtenir un bon baromètre des rapports entre la politique et l’art, il faut observer la saga cinématographique Rocky. Et l’année 1985, c’est la sortie de Rocky IV. Souvenez-vous de l’entrée d’Apollo Creed, toute en finesse sur du James Brown et vous avez la tendance de la décennie. MacGyver, dans cette ambiance, incarnait une force contraire : anti arme à feu, écolo, humble, loin des excès m’as-tu-vu de l’époque, si ce n’est une coupe mulet. MacGyver, c’est un peu la force prolétarienne, « travaillant » pour une fondation philanthrope.

Patricia « Pete » Thornton 2.0 | © Guy D’Alema/CBS
Si MacGyver (2016) est né à la fin de l’ère Obama, notre époque ressemble (malheureusement) bien au futur président Donald Trump. Et l’idée d’un personnage positif (après l’hégémonie des anti-héros), écolo et anti arme à feu possédait une forme de logique, sinon un écho. Seulement cette théorie, aussi romantique soit-elle, s’est écrasée devant un pilote qui nie la nature de MacGyver (il tue, indirectement, mais il tue et nombre de ses bricolages sont tournés vers une violence directe). Avec cette forme de négation se pose la question de l’intérêt d’utiliser un personnage iconique pour lui enlever ses fondamentaux, sinon, l’exploitation d’une marque qui cherchera à faire vibrer la corde nostalgique d’une génération de trentenaires.
Retour vers le futur
Ce MacGyver 2.0 possède un aspect schizophrène. D’un côté, la série s’affranchit de son aîné en redéfinissant les personnages : Jack Dalton devient un gros bras efficace, Pete Thornton devient Patricia Thornton, Murdoc est un tueur à gage. De l’autre, le jeune néo MacGyver fait régulièrement mention d’un grand-père mentor qui lui a beaucoup appris. D’un côté, la série reprend les gimmicks de l’original, de l’autre elle change la dynamique général (personnage solo ou presque contre série de groupe). Cette schizophrénie s’incarne jusque dans un générique qui reprend le début du thème principal, vire à 180° et se conclut sur la célèbre explosion finale (garantie sans retouche).

Murdoc 2.0 | © Guy D’Alema/CBS
Quelque part, ce MacGyver cru 2016 est symptomatique de son époque. La série exploite la nostalgie et dilue l’ensemble pour un résultat qui voudrait faire du « pas trop neuf » avec du vieux. On pense beaucoup à Scorpion (sur CBS) dans l’utilisation d’un petit génie pour des missions secrètes, jusque dans la notion de groupe. Mais on peut aussi voir dans ces variations le résultat d’un esprit mashup qui n’entend plus refaire mais agglomérer, comme si une référence seule n’était plus suffisante. À ce titre, la fin de Chisel (1×09) montre une direction possible vers une autre série : Mission Impossible. Le groupe pourrait ainsi se composer de personnages à la fonction bien précise : le cerveau-bricoleur, les muscles, l’as de l’informatique et le maquilleur. MacGyver ne se suffit plus à lui-même mais doit s’entourer pour mieux exister.
C’est finalement avec une pointe de tristesse que l’on accueille cette version allongée. La série présente un encéphalogramme plat. Elle maintient une existence artificielle par sa façon de figurer un courant. Même inconsistance, même évanescence, comme toutes ces œuvres qui se perdent dans le flux. On peut dire des choses sur MacGyver (2016), mais MacGyver (2016) n’a rien à nous dire. C’est le constat amer des déçus parce qu’il y avait de la place pour une renaissance.
Pour paraphraser un conférencier :
-Ridicule (artistiquement)
-Dangereux (son succès montre le mauvais exemple)
-Évident (pour les Networks qui vont pouvoir continuer à bafouer le patrimoine TV durant les prochaines décennies)
Je fais hélas partie de cette masse, qui continue à regarder, espérant un sursaut de dignité, d’imagination, de « pas si mal finalement » ou de « en progrès ».
C’est le syndrome « Suicide Squad » ; le contenu importe peu, l’essentiel est de bien le vendre et de créer un produit facile a digérer.
Je suis juste étonné avec le nombre de séries produites aujourd’hui qu’on ait droit à une critique fleuve (déjà le deuxièmes épisode) d’un truc aussi anecdotique que McGyver-le-reboot-de-la-mauvaise-série-télé-des-années-80. Enfin, vous faîtes ce que vous voulez de votre temps après tout, c’est juste que vos analyses développées n’importe comment sur un objet débile sont absolument inintéressantes.
Merci, néanmoins, d’avoir pris le temps de lire l’article.