Angel, le sanctuaire des hérétiques de Bec et Montalbano

Angel, le sanctuaire des hérétiques de Bec et Montalbano

Note de l'auteur

Les Carpates, ça vous gagne. Et la Roumanie, en vrai, ça donne vachement envie. Si cette pâle copie d’un slogan publicitaire est légèrement capillotractée, le premier acte d’Angel ne l’est pas du tout. Accrochez-vous à vos certitudes mais attendez-vous à être légèrement angoissé à la fin. Avec une descente dans la noirceur des hommes et des paysages. Aurez-vous encore de l’appétence pour le voyage en Europe centrale après cela ? Pas sûr.

L’histoire : venu pour se reposer et écrire un livre dans le calme, Angel Cimarron, journaliste d’investigation, découvre la Transylvanie et une région où il se passe des choses bien étranges. Dans un village tenu par la famille Popescu, une menace de moins en moins sourde fait monter l’angoisse autour d’un château abandonné au sein duquel avait eu lieu un massacre d’hérétiques au début du XIIIe siècle. L’Histoire serait-elle en train de repasser les plats ?

Mon avis : dans ce triptyque annoncé, ce premier rendez-vous s’avère plus que prometteur et réussi. D’abord et surtout par le climat, qui y règne, et que l’on peut résumer à noirceur. La colorisation d’Hugo Sebastian Facio y est pour beaucoup. Mais, évidemment, pas que. L’ambiance y est moite et ténébreuse. La pluie quasi-incessante, que l’on imagine dans une fin d’automne, concourt à cette atmosphère ténébreuse. Une chatte n’y retrouverait pas ses petits. Et le scénario promeut également cette pente plus ou moins douce vers l’obscurité.

On en veut pour preuve les différents phénomènes qui touchent cette bourgade des Carpates. Des chats éviscérés et cloués sur des portes, du sang qui coule d’une fontaine, un troupeau entier de moutons décimé et rien à voir avec la réintroduction du loup dans les montagnes ou encore une scierie qui part en fumée malgré les trombes d’eau qui se sont abattues sur les alentours. Tout ça fait un tantinet flipper.

La montée en puissance dans la mise en place de l’intrigue est parfaitement orchestrée. Si les pièces commencent à s’emboîter lentement au début, le rythme s’accélère ensuite avec un point d’orgue qui donne méchamment envie de découvrir la suite.

Pari réussi et rempli avec encore pas mal de lièvres à lever notamment sur l’emprise de la famille Popescu sur le village de Bräncvastel aujourd’hui et très probablement hier… Et aussi sur le rôle joué par le massacre d’une secte hérétique au XIIIe siècle qui ouvre cette BD avant de disparaître complètement de ce premier acte. Nul doute qu’il sera bien au cœur du deuxième.

Si vous aimez : le comte Dracula et ses péripéties par l’auteur anglais, Bram Stoker.

En accompagnement : les plus jolis tacles et récupérations de ballon de Gheorge Popescu, longiligne et altier défenseur central et milieu roumain qui fit notamment les beaux jours du FC Barcelone

Au tour de la BD : Christophe Bec est un auteur qui baigne souvent dans la science-fiction (Olympus mons, crusaders…) mais qui ne dédaigne pas non plus à mettre son grain de sel en matière d’Histoire. Comme on a pu récemment le voir avec West legends consacré au Kid. Claudio Montalbano signe son premier ouvrage chez Soleil.

Extraits : « ça n’avait rien d’un fantôme ou d’une dame blanche comme dans la plupart des histoires de châteaux hantés… Non. C’était plutôt celle d’un chevalier ! »

« Alors, on ne trouvera des réponses à tous ces mystères qu’en pénétrant dans le château »

« Oui, j’ai déjà envisagé la chose… Il faudrait agir de nuit, j’ai repéré des ouvertures sur la tour principale, par lesquelles on pourrait passer… Mais le problème, c’est qu’elles sont à une bonne trentaine de mètres de hauteur ! »

« Alors, demain, on ira à Brashkov, acheter du matériel d’escalade. »

Écrit par Christophe Bec
Dessiné par Claudio Montalbano
Édité par Soleil

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