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On a lu… Shôchû on the Rocks (T.01) de Carole Bartier et Saïd Sassine

On a lu… Shôchû on the Rocks (T.01) de Carole Bartier et Saïd Sassine

Note de l'auteur

shochu-on-the-rock-1-ankamaEt de trois ! Après City Hall et Radiant et avant la sortie de Lost Sahara en septembre prochain, l’éditeur Ankama nous propose son nouveau manga « made in France ». Shôchû on the Rocks plonge ses lecteurs dans un univers sombre rempli de docteurs aux pratiques atypiques, de pole dancers et d’alcool aussi savoureux que dangereux, appelé Shôchû. Êtes-vous prêts à vendre votre âme pour un verre ?!

 

Silène Darwin est un jeune étudiant en médecine dans le monde de Djezel, où cohabitent humains et créatures de tout poil. Le jour de l’examen final, les professeurs, dont le père de Silène fait partie, découvrent qu’il a triché en volant les sujets de l’examen. Renvoyé de la fac, le jeune homme décide d’aller noyer son chagrin dans un bar. Complètement ivre, il conclut un marché avec le barman : en échange d’un verre de Shôchû, il devra se rendre au Mont Aicard. Après une nuit agitée, à son réveil, il fait la connaissance d’un étrange individu du nom de Véga Shipman, qui souhaite l’accompagner afin qu’il honore sa promesse. Alors que la police intervient pour une histoire de vol et accuse Silène, celui-ci se retrouve contraint de suivre Véga, dont les intentions sont encore assez obscures.

 

De prime abord, ce qui interpelle dans ce premier tome de Shôchû on the Rocks, c’est le style graphique assez old school, bordélique et faussement naïf de Saïd Sassine. Loin des canons du genre, le dessin très contrasté, expressif et parfois brouillon confère au titre une identité propre. Une atmosphère intrigante et inquiétante renforcée par un trait appuyé, à mi-chemin entre Gô Nagai (Goldorak) et Bryan Lee O’Malley (Scott Pilgrim), saupoudré de Tarquin (Lanfeust de Troy). Un étrange mélange d’influences qui sert un récit assez barré et atypique. L’univers développé par Carole Bartier et Saïd Sassine aborde pêle-mêle des thématiques diverses allant de l’éthique médicale à la corruption en passant par les relations enfant/parent. Le monde dans lequel évoluent Silène, Véga et les autres est rempli de créatures indescriptibles, à commencer par celles dont est extrait le fameux Shôchû. Cet alcool prisé, issu de ce bestiaire, peut s’avérer mortel suivant la bestiole dont il provient. Tout ici semble décalé et contribue à l’étrangeté de ce premier tome. Tout au long de la lecture, on se demande si on ne se trouve pas de l’autre côté du miroir, dans un univers parallèle et hallucinatoire.

 

Les personnages ne sont pas en reste. Que ce soit Silène, en rebelle un peu prétentieux ou encore James, son pote totalement et secrètement amoureux de lui, qui arrondi ses fins de mois en se produisant dans un bar gay, les protagonistes de Shôchû semblent tous quelque peu borderline et perdus. Comment ne pas repenser à la scène improbable dans laquelle Silène, en plein trip hallucinogène, décide de pratiquer sur lui-même une opération, afin d’extraire un parasite de son corps ?! Quant au personnage de Véga, on a, pour le moment, du mal à réellement le situer. En roue libre, il disparaît aussi vite qu’il apparaît et malgré l’intérêt et le semblant de bienveillance dont il fait preuve à l’égard de Silène, on ne peut s’empêcher de penser qu’il finira par le conduire à sa perte. Dans l’ensemble, ce premier tome intrigue et nous amènera très certainement à attaquer le second tant le ton est différent de ce que l’on a l’habitude de lire. L’éditeur Ankama étoffe donc encore son catalogue avec un titre intriguant et qui prouve une fois encore la vitalité de la bande dessinée française qui s’accapare les codes du manga afin de mieux le détourner. Bref, un petit verre d’un alcool qui passe plutôt bien même si, pour le moment, on se demande vraiment ce qu’il y a dedans.

 

Shôchû on the Rocks de Carole Bartier et Saïd Sassine, aux éditions Ankama.

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