On a vu… que des fois, il faut savoir dire stop

On a vu… que des fois, il faut savoir dire stop

ACN et la bande à MacAvoy dans The Newsroom pour HBO.

Souvenez-vous : il y a une grosse poignée de semaines, Dominique vous disait que ce n’était jamais évident de dire au-revoir à une série lorsqu’elle s’arrête. Il avait raison. Mais dire au revoir à une série que vous lâchez en cours de route, c’est pire.

Vous aviez déjà remarqué que la relation qui existe entre un sériephile et une série ressemble parfois à une relation de couple ? Non ? Et pourtant, c’est troublant.

Pour peu que la rencontre soit belle, il y a pourtant de sacrés parallèles. Quand tout roule parfaitement, plus on voit l’autre, plus on a envie de le voir. On se dit qu’il/elle nous parle comme peu l’ont fait jusqu’ici. C’est une histoire de partage, je crois. La rencontre de deux façons de voir le monde qui, au mieux, se complètent et au minimum, se comprennent.

On se dit alors que ça va durer, et qu’on sera toujours content de se retrouver. Parfois, c’est le cas. Jusqu’au bout. Et souvent, c’est beaucoup moins évident.

Parfois, ce qui vous a séduit dans une série, chez un scénariste, devient le carburant d’un sentiment qui n’a rien à voir avec ce qui vous plaisait. On cède à l’agacement. On se dit alors que ça va passer, on se souvient de tout ce qui nous plaisait dans nos échanges et on se répète que tout ça, au fond, n’est pas bien grave. Que l’essentiel est encore là. Qu’il ne manque pas grand’chose en fait, pour que tout soit comme avant.

Sauf que des fois, ça n’est pas le cas. Et au détour d’un moment anodin -pas forcément le pire que l’on ait vécu ensemble mais clairement pas le meilleur- on décide de dire stop. Pour de bon.

On se dit alors que l’autre a changé. Que nous aussi, on a changé. Que c’est comme ça et que ça ne sert à rien de continuer. Ne serait-ce que parce qu’à un moment, on a aimé partager des choses ensemble.

« Non, mais c’est pas que toi, c’est moi, Aaron, c’est nous… »

Eh oui : croyez-vous qu’il a été si simple que ça, pour Dominique, de ne pas regarder le season premiere de Sons of Anarchy saison 6 ? Pas vraiment. Il a beau avoir été déçu, sur-déçu de ce qu’il a vu ces trois dernières saisons, il a douté avant d’arrêter. Parce que même quand on arrive au point de non-retour, un léger doute subsiste toujours. Appelez ça la force de l’habitude ou l’interrogation liée à l’impression de faire le mauvais choix, mais une personne qui a vraiment aimé une série ou un scénariste ne la lâche jamais aussi facilement que ça.

Moi, ça m’est tombé dessus samedi matin. Avec l’avant-dernier épisode de la saison 2 de The Newsroom. Un épisode qui a des qualités et d’autres éléments qui m’ont fait dire « Ca suffit comme ça : la semaine prochaine, je remballe toutes mes affaires ».

J’ai trop aimé Sorkin pour passer mon temps à me dire que ce qu’il me raconte ne me parle presque plus. Je ne veux pas d’une relation dans laquelle je céderais trop souvent au mépris. Paradoxe au pays de l’épisode:  j’arrêterai à la fin d’une saison pourtant meilleure que la précédente (j’en parlerai cette semaine, dans un bilan qui n’aura rien d’une sanglante audience de divorce, soyez rassurés).

La relation qui existe entre un sériephile et une série ressemble parfois à une relation de couple, disais-je. D’autres l’aimeront et continueront de l’aimer longtemps après tout ça. De mon côté, je ferai ma propre route.

Peut-être qu’on se recroisera plus tard, je ne sais pas. Parce que marquer le point d’arrêt, c’est aussi repenser à tout le chemin. Dans son ensemble. Avec ce qu’il avait de bon et de mauvais.

Ce n’est donc pas facile de dire stop. Jamais. Sauf quand c’est Revolution.

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