Art of Mana

Art of Mana

Note de l'auteur

Mana Books sort dans nos contrées un nouvel artbook en destination des fans des grandes gloires du RPG japonais. Licence majeure de l’époque de la Super Nintendo, la saga des Mana a été popularisée en grande partie grâce à Secret of Mana, jeu culte pour beaucoup et qui trouve dans cet ouvrage un superbe écrin pour afficher son superbe univers visuel.

Petit rappel historique : si la saga des Mana était aussi importante chez Squaresoft à l’époque, c’est parce qu’elle était prévue à la base comme un spin-off de la licence Final Fantasy, à l’époque le plus gros succès de l’éditeur, qui cherchait déjà à en profiter. Appelé solennellement Final Fantasy Gaiden: Seiken Densetsu (Gaiden signifie spin-off), c’est dans les sorties internationales que ça devient un peu compliqué. Aux USA, histoire de garder le terme Final Fantasy, il sortira sous le nom Final Fantasy Adventure, et en Europe on aura droit à Mystic Quest, sur GameBoy Color. Trois noms, un seul jeu. Et ce n’est pas fini, puisque Squaresoft, désireux de créer un Final Fantasy plus simple pour l’Occident, développe un Mystic Quest Legend, sorti sous ce nom en Europe, mais appelé Final Fantasy Mystic Quest aux USA. Un RPG pour « débutant » – c’est ainsi qu’il est décrit – mais qui n’a absolument rien à voir avec la série des Mana. Bref, un beau bordel.

C’est avec la sortie de Seiken Densetsu 2, renommé Secret of Mana aux USA, que la saga prend son indépendance et se différencie de Final Fantasy. Titre plus action-RPG que son grand frère, porté par les sublimes musiques de Yôko Shimomura, le jeu devient culte au fil des ans et atterrit même chez nous. Le livre permet de découvrir les premiers artworks (peu nombreux) du premier Seiken Densetsu, agrémenté des somptueuses illustrations de Haccan faites pour les deux remakes (respectivement en 2006 et 2016 pour les différents anniversaires). Les petits commentaires qui accompagnent les œuvres sont parfaits pour comprendre les intentions de l’artiste.

Pour Secret of Mana, c’est Hiromichi Tanaka, producteur sur le jeu et Koichi Ishii, créateur de la saga des Mana, qui se chargent de la plupart des commentaires. L’occasion d’admirer le travail de Noriko Sasaki sur les esprits du jeu et leurs choix de design. Rebelote questions remakes, puisque on découvre le travail de Haccan sur celui de 2009 et, sur le plus récent Secret of Mana HD sorti en début d’année et bénéficiant d’une (malheureuse) refonte 3D.

Seiken Densetsu 3 est plus intéressant dans l’artbook, puisque jamais sorti du Japon officiellement. Le livre est assez généreux sur les illustrations pleine page qui ont servi de matériel promotionnel à ce jeu lancé en 1993 sur Super Nintendo. Elles sont l’œuvre de Nobuteru Yuki, artiste surtout connu pour ses travaux sur différents animes comme Vision d’Escaflowne ou Chroniques de la guerre de Lodoss. Et Haccan reviendra aux crayons à l’occasion de la compilation Seiken Densetsu Collection sorti sur Switch l’année dernière, regroupant les trois premiers épisodes (les versions originales, pas les remakes). Des artworks somptueux, comme d’habitude.

Pour Dawn of Mana, c’est le style particulier de Nao Ikeda qui servira à établir le style visuel de ce nouvel épisode, sorti sur PS2, mais jamais chez nous. À l’œuvre sur le design des esprits et des personnages, l’artiste parvient à donner un ton plus onirique à cet épisode. Les artworks sont splendides et les commentaires de Ikeda toujours plaisants à lire. Peut-être parce que les fichiers étaient plus faciles à retrouver, Dawn of Mana bénéficie d’un sacré contenu dans l’artbook, et inclut même les feuilles de références qui ont servi à la production du jeu, avec multiples notes sur les détails des personnages.

Dawn of Mana étant le dernier épisodes canonique de la saga (le quatrième), le reste de l’ouvrage est consacrée aux différents spin-offs sortis, à commencer par Legend of Mana sur Playstation, et dont le style visuel de Shin’ichi Kameoka a transpiré sur toutes les illustrations, bien éloignées du reste des épisodes. Là encore, on est ravi de constaté l’opulence de contenu sur ce titre, puis que le livre est bourré de documents et de détails. Sword of Mana, sorti sur GBA et remake non avoué du premier épisode, est toujours porté par le style de Kameoka qui réalise des illustrations superbes.

Pour Children of Mana sur DS, c’est Nao Ikeda qui revient aux fourneaux avec son style mignon et enfantin. L’un des rares épisodes sortis chez nous et l’artbook reprend bon nombre de travaux. Le livre continue sur les titres mineurs qui émaillent la saga, comme Friends of Mana, sorti uniquement au Japon sur téléphone ou Heroes of Mana, titre DS qui n’aura pas marqué les foules. Enfin, Rise of Mana, sorti en 2014 sur smartphones au Japon, profitera du talent de Ryota Murayama avec des visuels splendides et accrocheurs. Le livre se termine avec un entretien spécial de Ishii et Tanaka, les deux piliers de la saga des Mana et l’évolution de la licence au fil des années. Une interview longue et riche, passionnante pour n’importe quel fan.

Livre indispensable pour tous ceux qui ont adoré les épisodes de la saga, on sent malgré tout que certains épisodes sont plus illustrés que d’autres, en particulier les plus récents. Peut-être que des travaux ont été perdus, mais on aurait aimé en voir plus sur des épisodes aussi fondateurs comme Secret of Mana. Il manque également des crédits un peu plus visibles sur les différents artistes à l’origine des artworks, puisque les personnes indiquées à l’origine des commentaires ne sont pas forcément les artistes des illustrations en question. Mais vu la qualité du bouquin et des travaux inclus dedans, il serait dommage de bouder son plaisir.

Art of Mana
208 pages
Édité par Mana Books

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