
Au nom de la République – 1. Mission Bosphore
La France n’en a pas fini avec le terrorisme islamiste et face à cette menace asymétrique, les autorités s’en remettent à une discrétion totale et des actions ciblées. Au coeur de la lutte antiterro, des embrouilles entre services, on suit la trajectoire d’une unité aussi secrète que décisive. Que les complotistes de tout poil se confortent dans leurs délires car on ne nous dit pas toujours la vérité…

L’histoire : engagée sur une mission de destruction d’un arsenal militaire destiné à Daesh, trois membres de la très secrète unité gamma tombent dans un guet-apens en Turquie. Leurs camarades, autorisés par le président de la République française, n’auront de cesse de pourchasser les terroristes jusqu’à venger les leurs. La Direction générale des services extérieurs n’oublient jamais les siens.
Mon avis : bienvenue dans le monde très secret des services qui n’en sont pas moins. Point de Malotru, Socrate ou Rocambole de l’excellentissime Bureau des légendes et place à Vulcain, Marmotte ou encore Renard. Les alias sont une absolue nécessité dans l’univers du renseignement. C’est là qu’évoluent les héros de cette histoire très contemporaine. Les codes du genre sont parfaitement appliqués. La France est frappée, elle cherche à répondre mais loin des caméras et en toute discrétion. C’est un des pans les plus secrets du pouvoir régalien : les assassinats ciblés. En prévention et en réponse. Seul le président de la République peut autoriser telle ou telle action. Sans en faire de publicité. Chaque État dispose de ce type d’officine qui n’est pas inscrite dans les organigrammes officiels. En France, cela date de la guerre d’Algérie et chaque chef de l’exécutif, Jacques Chirac mis à part, a utilisé cette technique. La menace terroriste s’amplifiant, Nicolas Sarkozy et François Hollande y ont eu largement recours.
Cette BD nous montre l’envers du décors. La face B. Malheureusement nécessaire mais qui se doit d’être limitée aux véritables ennemis de la Nation au risque de dépasser les bornes et de verser dans une forme de totalitarisme. la frontière est ténue.
Celle qui fait que ce premier rendez-vous, Mission Bosphore, est une réussite encore moins. C’est un récit captivant au cœur du confidentiel défense qui nous montre bien la difficulté d’évoluer dans ce milieu, l’impossibilité parfois du bon choix et la responsabilité incroyable qui échoit sur les épaules de ceux qui protègent nos institutions et nos concitoyens.
Le trait de Gabriel Guzman, précis, pour ne pas écrire chirurgical, est au service du scénario. De même que la couleur de Silvia Fabris donne une atmosphère plus glaçante par instant. En tout point, cet essai est réussi.
Si vous aimez : les trois excellents tomes de Compte à rebours de Marc Trévidic qui évoluent dans les mêmes sphères et les mêmes atmosphères.
En accompagnement : License to kill, la BO qui accompagne le James Bond éponyme par Michael Kamen.
Autour de la BD : attention talent. Le mec sait un peu près tout faire. Ou presque. Jean-Claude Bartoll possède de multiples cordes à son arc. Journalisme, écriture, réalisation, dessin animé, téléfilm et j’en passe. Amoureux de géopolitique, l’auteur possède une vraie marque de fabrique et une liste de scénarii des BD qui ne cesse de s’allonger.
Son complice, le dessinateur argentin, Gabriel Guzman est un habitué de chez Space goat et vient à du plus classique avec cette BD.
Extraits : « Mahdi ? C’est Omar ! Par le Très-Saint, nous avons exterminé ces chiens de croisés qui voulaient saboter l’opération en cours ! Non, ne t’inquiète pas… Nous avions vidé le container avant qu’ils ne le fassent exploser ! Ha, ha ha ! Allah wakhbar ! Dieu est grand. Je te laisse Mahdi ! »
« Salam aleikoum capitaine Ogluk ! Vos renseignements étaient exacts. Nous les avons eus ! Que Dieu vous bénisse ainsi que votre famille »
« Par Allah et son Messager, béni soit son nom, vous n’avez pas été discrets ! Il va falloir faire plus vite que convenu. »
Écrit par Jean-Claude Bartoll
Dessiné par Gabriel Guzman
Édité par Soleil