
Bates Motel, ou comment devient-on un psychopathe ? (critique du pilote)
La chaîne câblée américaine A&E et Anthony Cipriano ont eu la bonne idée de se pencher sur une question qui a surement taraudé de nombreux fans du chef d’œuvre d’Alfred Hitchcock, Psychose : comment Norman Bates est-il devenu un tueur ? Avec Bates Motel, on aura peut-être une réponse. Cette nouvelle série explore le passé du jeune homme, à l’époque où sa mère a fait l’acquisition d’un motel où ils emménagent. Là où tout a commencé.
Bates Motel reprend un à uns les éléments visuels du film d’origine. La divergence entre l’œuvre originale et cette adaptation moderne vient du traitement des personnages. Si le décor met en avant un travail de reconstitution, les personnages valorisent un travail de création très minutieux, une vraie recherche de profondeur.
La série réalise un fantasme de cinéphile, donner vie à Norma Bates. Incarnée par la très talentueuse Vera Farmiga, la mère de Norman se révèle rapidement des plus dérangeantes. On découvre dans les premières minutes de la série le destin du père de Norman, et il semble très probable que sa mère ait quelque chose à voir là-dedans. C’est une femme complexe, dont l’attachement pour son garçon soulève de nombreuses questions, tant elle est sur-protectrice et exigeante envers lui. Il semble que Norma prenne un peu trop à la lettre le fait que son fils soit la seule personne qu’elle ait dans ce bas monde.
Dans la peau d’un mini Anthony Perkins, Freddie Highmore est tout à fait convaincant. Ce petit en a fait du chemin depuis Charlie et la Chocolaterie et Arthur et les Minimoys ! Dans Bates Motel, il nous livre un Norman tout en subtilité. Ce garçon est plein de charme et on a d’emblée beaucoup de sympathie pour lui, tout en sachant comment il finira par tourner. Avec son visage innocent, Highmore conduit le spectateur à éprouver de la compassion pour Norman, comprenant la frustration que peut ressentir ce pauvre adolescent face aux diverses pressions que sa maniaque du contrôle de mère ne cesse d’exercer sur lui.
Le pilote de Bates Motel est très accrocheur, plein de mystère et de tension. Il joue clairement sur le côté hommage au film d’Hitchcock mais pousse aussi très vite l’histoire plus loin, n’hésitant pas à lancer des interrogations sur ses personnages et leurs relations, et remettant en question l’idée même de l’identité du méchant dans toute cette histoire. Qui sont vraiment les bad guys dans cette petite ville d’apparence si paisible ? Car si Norman est destiné à être un tueur, même si sa mère semble des plus instables, ne vont-il pas justement devoir faire face à encore plus fous qu’eux ?
Bates Motel offre un regard intéressant sur le passé des personnages d’Alfred Hitchcock. Tous les acteurs livrent des performances efficaces, la tension est palpable et l’intrigue très accrocheuse. Ce pilote nous donne envie d’en savoir plus sur ce qu’il va advenir des Bates et compagnie. Il se passent beaucoup de chose dans ce premier épisode et franchement, cela sent très bon pour la suite. Espérons que tout cela ne tourne pas à la série trop courte…
BATES MOTEL (A&E), Episode pilote « First You Dream, Then You Die »
Ecrit par Anthony Cipriano
Réalisé par Tucker Gates
Avec : Vera Farmiga (Norma Louise Bates), Freddie Highmore (Norman Bates)
Tu m’as donné envie de regarder cette série, alors que j’étais assez rétisante (comment peut-on oser toucher à Psycho).
C’est drôle que Vera Farmiga joue souvent la mère d’enfants complètement taré (Joshua; Esther)