Beau séjour, la mort lui va si bien (Séries Mania)

Beau séjour, la mort lui va si bien (Séries Mania)

Note de l'auteur

Du 15 au 24 avril se déroule la septième saison de Séries Mania à Paris, et comme chaque année, le Daily Mars vous offre une couverture du festival. Au programme, critiques, bilans de conférences et autres surprises…

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Kato se réveille un matin à l’hôtel Beau séjour, couverte de sang. Elle n’a aucun souvenir de la nuit passée. Peu à peu, elle découvre que les autres, autour d’elle, ne sont plus en mesure de la voir ni de l’entendre… À quelques exceptions. Cette création flamande, combinaison réussie de polar glaçant et de fantastique, est portée par l’interprétation tout en nuances de la jeune Lynn Van Royen.

Le festival Séries Mania est toujours l’occasion de faire des découvertes réjouissantes. C’est aussi un lieu qui permet de dégager de nouvelles tendances sérielles. Si les disparitions d’enfants ont toujours une bonne place (The Kettering Incident, Ennemi Public), cette année joue la variation en mode réapparitions. Dans The Five, un enfant disparu revient sous la forme de son ADN. Dans Thirteen, une enfant disparue revient 13 ans plus tard sous la forme d’une jeune femme. La série Beau séjour crée de son côté une sorte de double combo fantastico-policier où la morte se dédouble.

Tout un petit village belge est occupé par la disparition de la jeune Kato… Toute ? Non ! Car un petit groupe de personnes résiste encore en continuant normalement à voir Kato vaquer à ses occupations, en l’occurrence la recherche de la vérité sur son assassinat.

BEAU-SEJOUR-3Sans rendre la série vraiment légère, il faut avouer que le concept tend à donner des situations pour le moins cocasses. Il faut admettre que, même si c’est bizarre à écrire, la scène de l’enterrement de Kato est particulièrement savoureuse. Kato est un fantôme mais pas un spectre. Elle est encore elle-même, une elle-même que la plupart des gens ne voient plus. Elle ne traverse pas les objets. Elle peut les prendre, les ouvrir, les lire aussi. Évidemment, cette faculté est un don du ciel pour découvrir des secrets et l’atout idéal pour résoudre une affaire de meurtre… C’est tellement dommage que ce soit le sien. Dommage pour elle, pas pour nous !

Pourtant, que ceux que la larme à l’œil attire plus se rassurent, les auteurs ne passent pas à côté de moments vraiment touchants. Vue dans une salle comble du festival, il n’est pas exclu que les rires généreux du public nous aient tous mis dans une ambiance plus détendue et moins propice aux larmes. Les interactions de Kato avec son père risquent bien, seul sur votre canapé, de vous briser le cœur.

L’image, sur une palette foncée, alliée à un temps assez gris (qui n’était pas un choix de réalisation mais la faute à un tournage hivernale, selon l’équipe présente à la projection) amène ce qu’il faut d’étrange et de plombé à cet hôtel Beau séjour et à ses alentours. Ces tons nous ramènent inexorablement vers la vérité dramatique de l’ensemble. Le tueur se cache sans nul doute parmi les proches de Kato. Il va être bien difficile d’attendre janvier 2017 en Belgique, et on ne sait quand en France sur Arte, pour voir la suite.

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