
BEST-OF : Les séries mésestimées
Entre novembre et décembre, la rédaction du Daily Mars vous proposait son dossier « Les séries mésestimées », qui avait pour but de mettre en avant des séries qu’on pensait injustement raillées, ou méconnues du grand public. Cet été, retrouvez les liens vers ces critiques / analyses, rédigées sous les plumes de Nicolas Robert, Frédéric Moreau, Jérôme Tournadre, Sullivan Le Postec, John Pliskken et Dominique Montay, avec en guest, Romain Nigita venu nous parler d’une fiction avec des gens en pyjama qui sillonnent l’espace. Bonne (re)-lecture ! (cliquez sur les titres pour vous rendre sur les articles)
Spartacus (2012-2013) par Dominique Montay
« Mais voilà, si on insiste, on commence à trouver ça moins mauvais (oui, la marche n’est pas bien haute). Puis meilleur. Puis on commence à se prendre d’intérêt pour les personnages. À trouver qu’ils jouent de mieux en mieux. À se rendre compte que cet Andy Whitfield a un putain de charisme, jusqu’ici masqué par la médiocrité du reste. Si le visuel reste toujours aussi moche, si les parti-pris sont toujours présents, on arrive à se recentrer sur ce qui fait le chœur d’une série, son écriture. Et le fait est qu’elle s’améliore constamment. Et offre des moments de télévision d’une force, d’une cruauté, d’une sensibilité assez peu vue ailleurs. »
Due South/Un Tandem de choc (1994-1998) par Nicolas Robert
« Le pitch a beau être bateau comme c’est pas permis, la série est surprenante. Très bien écrite et n’hésitant pas à fureter avec élégance du côté du polar (Juliette pour toujours, Vacances à Chicago), de la comédie romantique (Invitation à la Romance) ou du récit à énigme (Voir c’est croire), Due South est effectivement une production protéiforme, très divertissante et vraiment attachante. »
Blue Bloods (2010-…) par Frédéric Moreau
« Une série policière totalement à contre-courant, anachronique. Où les enquêtes se jouent sur le terrain, dans des ruelles (superbement) mal éclairées, au flair, entre les murs d’une salle d’interrogatoire un peu défraîchie. Et non pas dans les labos, derrière des écrans de contrôle high tech ou en collaboration avec un consultant génial et sympathiquement antipathique. »
Chuck (2007-2012) par Nicolas Robert
« Grâce à une belle conjonction de talents, Chuck a pu grandir et rester cohérente au fil des ans. Même quand la série prenait de gros risques. Pendant les deux premières années, Chuck Bartowski était le prototype parfait de l’anti-héros rigolo. Un gamin qui savait parler à tous les gamins de l’autre côté de l’écran. Après une trentaine d’épisodes bien menés, Schwartz et Fedak ont décidé de le faire mûrir, de lui confier davantage de responsabilités. Quitte à remettre en cause un équilibre bien installé. »
Party of Five/La vie à cinq (1994-2000) par Sullivan Le Postec
« Bien sûr l’avalanche de drames qui a frappé la famille au fil des six saisons n’était pas vraisemblable dans son accumulation – mais on pourrait en dire autant de quasiment toutes les séries. Reste que presque toutes les intrigues étaient individuellement d’une grande justesse. Les créateurs Amy Lippman et Christopher Keyser nous communiquaient leur amour profond pour leurs personnages – sans jamais négliger leurs failles, sans avoir peur de les montrer parfois faibles ou même méchants ou cruels. Les Salinger n’en sont dès lors que plus attachants. »
Eureka (2006-2012) par Dominique Montay
« Eureka n’a rien d’une grande série. Elle a eu beau être diffusée sur le câble américain, elle ne l’était pas dans la zone de confiance du néo-sériephile (celui qui a commencé à s’intéresser au genre avec Les Soprano et qui est persuadé qu’avant Tony, c’était juste Drôle de dames et La Croisière s’amuse). Elle n’est ni sur HBO, ni sur AMC, ni sur Showtime. Elle n’est pas innovante. Elle n’a pas un casting ébouriffant. Ses effets spéciaux sont assez rudimentaires. Oui mais qu’elle est agréable à suivre, cette série. »
La Saga Star Trek : Entretien avec Romain Nigita par Dominique Montay
« Mésestimée, pas totalement. Méprisée plutôt. En fait, le public français a manqué le premier rendez-vous de Star Trek, en 1966. On a vu la série débarquer chez nous sur TF1, beaucoup trop tard, en 1982. Le lien qu’on aurait pu avoir avec Star Trek, on l’a plus eu avec Cosmos 1999, diffusée très peu de temps après la Grande-Bretagne, et qui est restée culte. Rien à voir avec la théorie selon laquelle les Français n’aiment pas la SF ! Ça, je n’y crois pas… »
Private Practice (2007-2013) par Nicolas Robert
« Si Grey’s Anatomy ressemble, dans ses pires moments, à un solo de batterie pendant lequel Rhimes -la reine des caisses- donne de la cymbale n’importe comment, Private Practice, c’est plus une partition de basse. Tout en rondeurs mais pas dénuée d’énergie ni de ruptures étonnantes. Avec ce truc en plus qui tient la baraque même quand ça souffle fort. Un peu comme ce qu’on entend sur Eternal Life de Jeff Buckley, en fait. »
Knots Landing/Côte Ouest (1979-1993) par Sullivan Le Postec
« Mais si une des premières qualités qu’on peut attribuer à une série est de rendre compte de son époque, alors force est de reconnaître que celles-ci constituent un témoignage parfait de ces années Reagan/Tatcher/Tapie, où l’individualisme et la cupidité étaient rois. L’une d’elles raconte les années 80 encore mieux que les autres, parce qu’avec plus de justesse, de nuances et d’audace. C’est Knots Landing, alias Côte Ouest qui reste connue comme un spin-off de Dallas. »
Batman The Animated Series (1992-1995) par Dominique Montay
« L’autre grande force de la série est d’avoir réussi à imposer une vision des personnages assez forte pour être mémorable. Le Joker de la série, doublé magnifiquement par Mark Hamill (qui restera donc dans la postérité pour deux rôles ô combien iconiques: Luke Skywalker et le Joker), est remarquable de vice et de drôlerie. Clayface est devenu un personnage profond et torturé (alors qu’il est anecdotique dans le comic book).
Magnum (1980-1988) par John Plissken
« On pourrait encore consacrer un article entier aux expérimentations formelles et narratives de Magnum : l’usage de l’humour “méta”, 30 ans avant les branlettes sympas de Community, notamment dans le génial L’Orchidée noire (saison 1) ou A la recherche de l’art perdu (saison 8, pastiche d’Indiana Jones en clin d’œil au rôle qui échappa à Selleck, “piégé” par son contrat avec Universal) ; la destruction régulière du « 4e mur » par les regards complices de Magnum au spectateur ; l’intrusion du fantastique et de l’onirisme dans plusieurs épisodes ; les intrigues crossover avec d’autres séries (Arabesque, Simon&Simon…) ; une maitrise virtuose des retournements de situation. »
Sleeper Cell (2005-2006) par Nicolas Robert
« Sleeper Cell est le prototype même de la série qui a de grosses baloches : développant patiemment son propos, elle redonne à la menace terroriste toute sa dimension anxiogène sans jamais multiplier les scènes de violence physique. Et quand celles-ci surviennent, leur impact s’en retrouve démultiplié. »
Superman The Animated Series (1996-2000) par Jérôme Tournadre
« On pourrait résumer le problème de Timm en trois points : une galerie de méchants peu impressionnante en termes visuels, un personnage positif difficile à appréhender, et un environnement moins riche graphiquement que Gotham City. En un mot comme en cent, il semblait plus facile et simple de travailler sur un personnage daaaaaarrrrrrrkkkkk et vengeur que sur un être profondément bon. Pendant un temps, l’équipe envisagea même une série où Superman aurait été accompagné d’un autre héros à chaque épisode. Bref ça a tâtonné sévère et c’est tout à l’honneur de Bruce Timm et son équipe d’avoir su relever à bras le corps les difficultés de l’adaptation pour créer une œuvre magnifique. »
Batman The Animated Series n’est a mon avis pas une serie mesestimees. C’est plus une reference non-avouee.
A note qu’en 92-95, la serie a developpe beaucoups de personnages, la ou le comics ronronnais. Et a meme creer Harley Quinn.
Le débat a déjà eu lieu lors de la publication de l’article original. 🙂
Pour moi, y a l’excellent polar Wire in the blood (la Fureur dans le sang) qui est mesestimée voir ignorée par les amateurs de série.