
Bilan Games 2016 de Florian Falcucci
Éternel marronnier de début d’année, l’inévitable top 2016 pointe le bout de son nez, histoire de faire un bilan en bonne et due forme de ces 365 jours remplis de pépites et de déceptions ludiques. Entre jeux « triple A » et titres indépendants, l’année 2016 aura été un joli équilibre entre ces deux mondes, proposant autant de concepts originaux et frais que de titres classiques de gros éditeurs. L’un des points forts de cette fin d’année, c’est aussi l’arrivée de deux arlésiennes à quelques jours d’intervalle : Final Fantasy XV et The Last Guardian. Plusieurs années de travail ont été nécessaires pour arriver au bout du développement, et on peut dire que les deux titres ont marqué les joueurs, en bien ou en mal.
L’un des gros événements de 2016, plus discret également, aura été les semi-échecs des gros jeux « AAA », notamment sur la fin d’année. Mafia 3, Call of Duty: Infinite Warfare, Watch Dogs 2, Dishonored 2, Titanfall 2, Steep : les grosses licences ont clairement eu du mal à se démarquer cette année, et les chutes de prix vertigineuses ont surpris tout le monde, aussi bien les joueurs que les porte-monnaies. Cela va peut-être inciter de gros éditeurs à changer leur fusil d’épaule (Activision avec Call of Duty), mais il est regrettable que certains payent le prix d’une accumulation de gros titres (Dishonored 2). Seul Battlefield 1 voit sa prise de risque payer (un jeu militaire pendant la Première Guerre mondiale). Même si certains jeux se plantent à cause d’une finition déplorable (Mafia 3, c’est toi que je regarde), réaliser un jeu solide et irréprochable sur bien des points, qui plus est sur une licence connue, n’est plus synonyme de réussite commerciale.
Petite pensée pour la XBOX ONE, qui décidément a de plus en plus de mal à donner envie. Entre un Gears of War 4 jugé beaucoup trop classique par les fans de la licence et un Dead Rising 4 qui ne trompera personne, la console n’a que sa technique pure pour se démarquer (la dernière itération de la console lit les films 4K), alors que son concurrent direct aligne les coups d’éclat sur un rythme impérial (Uncharted 4, The Last Guardian) et ce n’est pas prêt de se terminer pour 2017 (Horizon Zero Dawn, NIer Automata). Ce n’est pas avec l’annulation récente de Scalebound, l’exclusivité de Platinum Games sur XBOX ONE, que ça va s’arranger.
Du côté de Nintendo, le géant nippon a bien compris que sa WIIU était de toute façon fichue, et ce n’est pas son Starfox Zero qui relancera la sauce. Autant dire que les possesseurs de WIIU n’ont pas très souvent allumé leur console en 2016, si ce n’est peut-être pour faire quelques parties de Splatoon, qui bénéficie d’un suivi régulier. Il faudra patienter en 2017 avec l’arrivée de la SWITCH pour se mettre quelque chose sous la dent, mais là encore, le planning des jeux prévus sur la machine ne permet pas de justifier véritablement l’achat de la console à sa sortie. On attendra les éventuels éditeurs tiers pour vraiment se pencher sur la question.
Top 3 des jeux AAA
Toujours mené tambour battant par un Naughty Dog désormais fer-de-lance de la PLAYSTATION 4, ce quatrième épisode fait le pari d’attaquer la saga d’aventure sous un angle un peu plus sombre, et s’en sort avec les honneurs. En choisissant de garder Uncharted comme une licence pop et fun par son scénario et ses personnages, tout en distillant une écriture toujours soignée (Uncharted n’est pas The Last of Us), Naughty Dog nous embarque dans une chasse au trésor dantesque, magnifique et incroyable. Terriblement plaisant à faire, Uncharted 4 est une aventure que l’on vit comme un film, sauf que l’aventurier en galère, c’est vous.
> Critique d’Uncharted 4 : A Thief’s End
Après sept années de développement, l’arlésienne de Sony sort enfin du bois. Complètement bardé de défauts en tout genre (soucis de caméra, moteur physique un peu hésitant), The Last Guardian balaie tout ça d’un revers de la main grâce à la relation entre un enfant et un animal étrange, mais complètement attachant. Ce lien est au cœur du jeu, et Fumito Ueda s’y tient jusqu’au bout, évitant sans complexe tous les poncifs du AAA facile pour rester concentré sur une science de l’épure et de l’émotion. Au même titre que ses deux précédents titres, Ueda prouve encore une fois qu’il est un véritable auteur et un grand artiste du milieu.
> Critique de The Last Guardian
3. Hitman
On n’y croyait pas, à ce système épisodique qui avait l’air de cacher sous son manteau un early access un peu moisi. Et puis non : IO Interactive nous gratifie avec ce nouvel Hitman d’un des meilleurs épisodes de la série, en sus d’un suivi exemplaire, avec six épisodes savamment distribués tout au long de l’année. On a eu droit régulièrement à notre dose de chauve assassin, avec des niveaux totalement fous pétris d’un level design exemplaire. La saga ne partait pas sur de bonnes bases, mais a su redresser la barre tout au long de l’année et on espère sincèrement que ce système perdurera pour la saison suivante.
> Critique de Hitman Saison 1
Top 3 des jeux indés
Sans crier gare, avec de longues années de développement, Playdead nous balance à la figure un Inside flamboyant, après son premier essai sur Limbo. Inside est probablement l’exemple type du jeu proche de la perfection sur le plan technique, que ce soit en animation, en recherche visuelle et en game design. En distillant une ambiance malsaine, Inside nous embarque dans cette aventure digne de 1984, et autres récits dystopiques, et se termine sur un final qui ne laissera personne indemne. Beaucoup plus riche et solide que Limbo, Inside est le jeu de la consécration pour Playdead et un titre absolument indispensable.
> Critique d’Inside
2. Darkest Dungeon
Après plus d’une année d’early acess, Darkest Dungeon débarque avec toute sa sauvagerie et sa cruauté. Pourtant, au détour d’un couloir lugubre et sans fin, le titre se révèle terriblement addictif. Parcourir un donjon sombre avec son équipe de bras cassés, dont les défauts les rendent tout d’un coup bien plus humains, est une expérience intense et un véritable jeu de rôles comme on en fait plus, parcouru par un design graphique digne des plus belles planches de Mignola. Un must have.
> Critique de Darkest Dungeon
Jonathan Blow nous avait retourné le cerveau avec Braid il y a quelques années, il revient l’année dernière avec The Witness, un FPS à énigmes où le joueur se balade sur une île déserte pour résoudre des énigmes sur des plaques disséminées un peu partout. Trip mégalo ? Peut-être, toujours est-il que l’intelligence des puzzles est sans concession et le simple fait de ressortir du papier (avec petits carreaux, c’est important) et un stylo montre toute la motivation que l’on peut porter à The Witness. La douceur de cette île aux couleurs chatoyantes finit de nous convaincre de passer des heures à résoudre ces casse-têtes et peut-être découvrir le secret de l’île.
> Critique de The Witness
Flop de 2016
Après avoir fait au moins dix fois le premier épisode et apprécié au plus haut point chacun de mes runs, j’attendais ce second épisode inespéré comme un véritable Messie. Malheureusement, après une bêta en demi-teinte, la vérité derrière le miroir a été violente : Mirror’s Edge Catalyst est une terrible déception, complètement plombé par un open world qui a oublié le véritable intérêt de la licence : un parcours d’obstacles pour atteindre son objectif de la manière la plus fluide et la plus sensorielle qui soit. Ici, on se cogne contre des vitres et on s’arrête devant des gouffres avant de voir que le chemin était cent mètres plus loin, faute d’un level design soigné et malin. Frustrant et injouable.
> Critique de Mirror’s Edge Catalyst
2. Final Fantasy XV
Comme pour pas mal de monde, la partie open world de Final Fantasy XV est, au mieux, rigolote, malgré un système de combat pas super intéressant (tapoter la touche Rond en permanence, il y a plus fun). Ce qui sauve le titre, c’est l’attachement que l’on porte à ce groupe de quatre idiots, qui semblent vivre littéralement devant nous. Après un Last Guardian flamboyant, on pourrait penser que les Japonais avaient pigé un truc. Sauf que voilà, à partir du chapitre 10, tout dégringole. L’univers et la mythologie qui étaient déjà sauvagement sacrifiés au profit de quêtes annexes sans intérêt sont balancés à la figure du joueur comme un cadavre putride dont on se contrefout, tout comme la cohérence du scénario et la liberté savamment entretenue durant les premières heures. Comment peut-on créer une ville aussi charmante comme Altissia et la jeter à la poubelle sans rien en faire au bout d’une heure de jeu ? Un ratage en règle assez impardonnable.
> De Versus XIII à Final Fantasy XV
J’aurais pu mettre No Man’s Sky dans la case des déceptions, mais à vrai dire je m’y attendais un peu. Je vais plutôt parler de Mafia 3, un titre qui aurait pu marquer la différence vis-à-vis de son contexte et de son histoire, mais qui se retrouve submergé par un gameplay répétitif et inintéressant, sans parler des bugs multiples sur l’IA ou sur la partie graphique. C’est un parfait représentant d’une licence avec un minimum d’estime et qui se retrouve sacrifié par son éditeur (ou son développeur) pour satisfaire le grand public sur l’autel lambda du monde ouvert. Une structure complètement bancale illuminée par moment dans les cutscenes superbes et un doublage parfait. Un beau gâchis.
> Mafia 3 et son racisme ordinaire
Le jeu multijoueur qui ne m’a pas lâché en 2016 : Overwatch
Il y a toujours un titre multi qui m’accompagne toute l’année au détriment des autres. En 2016, c’est le dernier bébé de Blizzard, Overwatch, qui aura réussi son coup. Pas véritable fan des jeux habituels du géant américain, mais reconnaissant bien volontiers les qualités et la solidité de leurs titres, ce FPS compétitif m’a happé par son univers empruntant des codes visuels un peu partout et par ses mécaniques simples au premier abord, mais dévoilant bien volontiers une courbe de progression assez importante pour s’occuper plusieurs dizaines d’heures. Évidemment, on n’échappe pas aux traditionnels haters, qui n’ont toujours pas compris qu’il n’y a pas de formule magique pour gagner, et que jouer un healer qu’on ne maîtrise pas, simplement parce qu’il en manque un dans l’équipe, ne conduira jamais à la victoire.
> Overwatch ou l’apprentissage du teamplay
Le rogue-like de 2016 : Enter the Gungeon
Vu que Darkest Dungeon est déjà dans ma top list, on va se rabattre sur l’autre rogue-like que j’ai apprécié cette année : Enter the Gungeon. Ou comment s’éclater en se planquant derrière une table en bois tandis que des « balles » vivantes vous tirent dessus ! Avec cette mécanique de twin stick shooter et un soupçon de shoot’em up, Enter the Gungeon est un jeu dynamique et fun, nanti d’un visuel incroyable qu’on croirait presque sorti d’un épisode de Metal Slug. Pour ma part, si la case « pixel art mignon » est cochée, le titre a déjà fait la moitié du boulot. Mais les boss sont incroyables de débilité, le titre est plein à craquer de secrets en tout genre, et la récente annonce d’un DLC à venir va probablement me faire replonger.
Le jeu que je n’ai pas fini, mais que j’ai adoré : Furi
J’aurais pu en parler dans les colonnes du site, mais je ne suis pas parvenu à terminer Furi, le jeu de boss-battle des Français de The Game Bakers. Toujours bloqué à ce septième niveau et cet immonde boss sniper, le reste du jeu m’a accroché comme jamais, me rappelant les grandes heures d’un titre Platinum Games, poussant l’épure d’un beat’em all pour engendrer un jeu de duel incroyablement dynamique et fun. C’est difficile, je n’ai plus le temps ni la patience pour m’investir dans de tels titres, mais les quelques heures passées sur Furi ont suffi pour me convaincre qu’on avait là l’un des meilleurs jeux de cette année. Il est simplement dommage que le mode « easy », fait pour voir la fin du jeu, soit aussi peu intéressant en termes d’expérience, et que les développeurs n’aient pas prévu un mode entre les deux un poil plus équilibré.