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Bilan et palmarès du festival international du film de La Roche-sur-Yon

Bilan et palmarès du festival international du film de La Roche-sur-Yon

La huitième édition du Festival du Film International de La Roche-sur-Yon s’est achevée ce dimanche 16 octobre après avoir dévoilé son palmarès 2016Parmi les œuvres projetées, en compétition ou non, on se réjouit d’avoir pu découvrir des pépites comme le documentaire Tower qui recrée avec beaucoup de dignité, témoignages à l’appui, la première tuerie de masse perpétrée aux USA. On retient également :


de-palma-noah-baumbach-jake-paltrowDe Palma
de Noah Baumbach et Jake Paltrow.
Documentaire sous la forme d’un entretien du réalisateur, condensé en une véritable masterclass, illustré par des extraits de ses films : une gourmandise pour les connaisseurs et une passionnante revue chronologique et commentée de sa carrière. S’il se dit que le bonhomme ne prenait pas de plaisir sur ses tournages, c’est avec une jubilation communicative qu’il revient sur ses projets, avec beaucoup d’émotion qu’il évoque le décès du célèbre compositeur d’Hitchcock (entre autres) Bernard Herrmann, au dernier jour d’enregistrement de la bande originale de Taxi Driver – film qui lui est d’ailleurs dédié – et une passion de jeune homme pour le cinéma et ce nouvel Hollywood qu’il a contribué à animer avec Spielberg, Scorsese, Polansky, Coppola… à partir de sa fascination pour la Nouvelle Vague du cinéma français qui fut un révélateur pour toute une génération de jeunes cinéastes aujourd’hui superstars internationales, ce qu’on oublie hélas trop souvent de ce côté de l’Atlantique.
En attente d’un distributeur français, pour le moment, mais disponible en DVD, en import.

cbc-archive-sales_archives-radio-canadaEat That Question : Franck Zappa in His Own Words.
Documentaire qui, cette fois, juxtapose les archives reprenant ses meilleurs aphorismes et autres punchlines, pour donner un point d’entrée sur la carrière et les idées de ce personnage hors normes. Les connaisseurs n’apprendront pas grand-chose, les autres seront inévitablement séduits par la vivacité d’esprit de ce compositeur autodidacte surdoué, au nom aussi célèbre que méconnue est son œuvre (il est le premier à le dire). Esprit libre, provocateur, iconoclaste, il pestait contre une société qui infantilise les individus en les dépossédant de leur sens critique, entre autres, toujours vent debout pour contrer la censure dont il était une des premières cibles. Quelques décennies plus tard, son discours nous donne juste l’impression qu’on est encore plus demeurés que le plus abruti de ses contemporains. On se consolera de sa disparition précoce (des suites d’un cancer à 52 ans) en imaginant son rictus rigolard s’il savait que la jeune civilisation US, dont il se moquait alors, a mis au pas la vieille Europe à la culture millénaire, et une bonne partie du reste du Monde. Pour faire bonne mesure et ne fâcher personne, on conclura par ses propres mots, quand il a refusé de participer à la Fête de l’Huma en France : « Fuck the Communists ! I don’t like those people. I do my music for people who like music.» (Coproduction Arte)

 

pierre-bismuth-fif85-2016Where Is Rocky II ?
On salue la démarche étonnante de Pierre Bismuth (à l’origine du synopsis qui a valu un Oscar du meilleur scénario à Eternal Sunshine of a Spotless Mind) et on le félicite pour son prix dans la catégorie Nouvelles Vagues Where Is Rocky II ? Pas le boxeur, non, le rocher, ou du moins sa seconde version, œuvre disparue de l’artiste contemporain Ed Ruscha. Véritable projet plurimédias, cette fausse fiction montée comme un detective movie a bénéficié d’une coproduction ZDF/ARTE et d’une campagne de crowdfunding pour voir le jour, le tout assorti d’une interactivité qui a contribué à le nourrir. À l’instar du réalisateur qui se met lui-même en scène, la plupart des intervenants jouent leur propre rôle et « piègent » en quelque sorte le personnage principal, qui lui ne joue pas et mène son enquête pour retrouver ce fameux rocher. Présent lors de la projection, P. Bismuth a pris le temps d’expliciter sa démarche consistant à fabriquer cet objet cinématographique à partir d’une idée, en établissant le scénario a posteriori et sans une ligne de dialogue écrite. Passionnant.

 

paulo-branco2-fif85-2016Enfin, pour ceux qui s’inquiètent pour Paulo BrancoTerry Gilliam et son Don Quichotte, on confirme que ces deux-là n’étaient sûrement pas faits pour travailler ensemble. La masterclass animée par le producteur prolifique ne laisse aucun doute sur l’incompatibilité de la désinvolture élevée comme art de ce dernier, avec l’obsession et les nombreuses déconvenues du second. Joueur de poker, Branco, l’œil qui frise, charme et raconte ses grands bluffs pour produire des films impossibles, pour attirer des réalisateurs comme David Cronenberg sur des projets improbables, ou permettre à un Wim Wenders en perte de vitesse après l’incroyable et bouleversant Pina, consacré à la chorégraphe Pina Bausch – un film rare qui bénéficie de la technologie 3D, avec son travail dans la profondeur – de continuer d’expérimenter en 3D avec Les Beaux Jours d’Aranjuez, par exemple. Bref, le personnage haut en couleur aligne les anecdotes avec gourmandise. S’il n’est pas le producteur le plus sécurisant pour un artiste, son goût pour le risque et pour la renommée de ceux qui viennent le trouver en font une alternative indispensable à un business qui place souvent le retour sur investissement avant la démarche artistique.

Nous reviendrons plus longuement sur les gros coups de cœur du festival, notamment Jeeg Robot de Gabriele Mainetti, un film de super anti-héros italien qui sortira début 2017 ; sur Swiss Army Man, récompensé à Sundance et Sitges, qui fera grand bruit dès janvier ; sur The Birth of a Nation de Nate Parker, controversé mais gaulé pour les Oscars, mais aussi sur une grosse déception (Certain Women avec Kristen Stewart) voire une grosse colère concernant certaines démarches artistiques discutables (Brothers de Aslaug Holm).

Pour l’heure, nous laisserons la conclusion à Franck Zappa :

Art is making something out of nothing, and selling it.2

 

Palmarès de la 7e édition du Festival International du Film de La Roche-sur-Yon

PRIX DU PUBLIC
Manchester by the Sea de Kenneth Lonergan

PRIX TRAJECTOIRES
Brothers de Aslaug Holm
Mention Spéciale : Girl Asleep de Rosemary Myers

PRIX NOUVELLES VAGUES ACUITIS
Prix ex æquo à Kate plays Christine de Robert Greene
Prix ex æquo à Where Is Rocky II ? de Pierre Bismuth

PRIX SPÉCIAL DU JURY INTERNATIONAL
Une vie de Stéphane Brizé

GRAND PRIX DU JURY INTERNATIONAL CINÉ +
Problemski Hotel de Manu Riche

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1 J’emmerde les communistes ! Je n’aime pas ces gens ! Je fais ma musique pour ceux qui aiment la musique.
2 L’art, c’est fabriquer quelque chose à partir de rien, et le vendre.

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