
Bad news, everyone (critique de l’ultime saison de Futurama)
Pour ceux qui ont su lire entre les lignes l’an dernier, la nouvelle n’a pas été une surprise. Dès l’été dernier, dans les interviews des producteurs, on pouvait sentir que Futurama arrivait au bout de son existence. Cette saison 7 sera la dernière, clôturée par une demi-saison de 13 épisodes qui s’est achevée avant-hier aux Etats-Unis. Mais cette fois-ci, contrairement à leur première mort sur la FOX, les auteurs semblaient prévenus. Ont-ils pour autant réussi leur sortie ?
L’an dernier on regrettait une saison en dent de scie, avec certains épisodes assez faiblards. On était désolés de ne pas avoir de supplément d’âme dans cette saison, de ne plus assister à ces petits moments émotionnels qui vous ancrent dans cet univers absurde et abracadabrant. On était déçus de ne pas avoir autant d’épisodes centrés sur le passé des personnages. Cette dernière ligne droite corrige tous les défauts constatés.
Elle se permet aussi de faire revenir un grand nombre de personnages issus des saisons passées. Lrrr, Calculon (pourtant mort la saison précédente), les Nibloniens, Richard Nixon, les Harlem Globetrotters, les familles de Fry et Leela, l’attendrissant chien Seymour (doublé par Seth MacFarlane)… et évidemment Zapp Brannigan.
Comme on en avait parlé cet été, les deux premiers épisodes étaient d’une bonne facture. « 2-D Blacktop » était un petit bijou de folie et d’humour. « Fry and Leela’s big fling » était un peu en retrait, même si excellemment bien construit (l’épisode sera la première et unique apparition de l’ex dont Leela parlait si souvent, Sean).
Troisième épisode diffusé, « T : the terrestrial » est une parodie d’E.T. très réussie, avec dans le rôle de l’alien perdu, Fry, et dans celui du garçon qui l’héberge (et qui occasionnellement boit son sang, dixit), le fils de Lrrr, Jrrr (1). L’épisode est à la fois drôle et attachant, surtout quand il gère les conséquences des actes de Bender, qui a oublié Fry sur la planète. On peut se sire que Bender est le pire ami qui soit de prime à bord, mais il faut reconnaître qu’après un temps de réflexion, il fait toujours les bons choix.
Les deux suivants, centrés sur Bender, justement, sont un peu en dessous. « Forty Percent Leadbelly » rebondit sur la dernière invention qui fait parler, les imprimantes 3d, tout en donnant un twist assez intéressant sur la question. Il manque hélas un peu de rythme. « The Inhuman Torch », qui raconte comment Bender devient un pompier célèbre alors qu’il ne fait qu’éteindre les feux qu’il démarre, souffre du même problème.
« Saturday Morning Fun Pit » redresse considérablement la barre, dans la tradition des anthologies de la série. Ici, Futurama s’habille avec les design des séries animées du dimanche matin, et nous sert une parodie de Scooby-Doo, « Bendee Boo and the Mystery Crew »; un cartoon sponsorisé par des corn flakes, « Purpleberry Pond » qui est entrecoupé de pubs pour les corn flakes Purpleberry (des céréales de plus en plus sucrées au fil des pubs) ; et « GI: Zapp », parodie de GI : Joe tellement violente que Richard Nixon lui-même intervient pour la censurer en direct.
« Calculon 2.0 » détonne un peu. S’il est drôle par moments, l’épisode est profondément désabusé, et on le sent même dans la façon dont Maurice La Marche double le robot-acteur. Moins flamboyant, plus grave. Il recèle tout de même d’excellents moments, comme lorsque le Robot-Diable, trop heureux de se débarrasser d’un Calculon qui surjoue constamment, décide de le laisser partir si Fry devine à quel nombre il pense. « Entre 1 et 3 ». Fry répond 4. Le Robot-Diable insiste lourdement « Entre 1 et 3, mais ni 1 ni 3 ». Fry répond M. Le Robot-Diable valide la réponse.
Bender a le droit à un bel épisode de sortie avec « Assie Come Home », qui raconte comment il est séparé de son cul (qu’il adore). L’épisode est bourré de blagues qui font mouche, et l’histoire est d’un surréalisme savoureux. Après deux épisodes en demi-teinte, Bender revient en forme. C’est ensuite au tour de Leela avec « Leela and the Genestalk » d’avoir son épisode solo. Elle est frappée d’une mutation génétique qui la transforme progressivement en pieuvre. Un épisode bien troussé qui nous permet de voir « Mom » une dernière fois.
On en parlait ce matin dans les épisodes émouvants, « Game of Tones » est une belle réussite, réécrivant pour la seconde fois les derniers instants de Fry dans le 21ème siècle. Un épisode qui nous permet de revenir dans cette période et de boucler le récit. « Murder on the Planet Express », à la fois hommage à Agatha Christie, Alien et The Thing, est un épisode très agréable à suivre.
Dans la dernière ligne droite, on distribue les happy ends. Alors qu’on s’attendait plus à un épisode centré sur Amy, c’est Zoidberg qui en a les honneurs. Dans l’avant-dernier épisode, « Stench and Stenchibility », le docteur trouve enfin l’amour, au contact d’une jeune femme (doublée par la charmante Emilia Clarke) qui n’a pas de sens de l’odorat. Un joli petit épisode qui nous montre enfin Zoidberg, après des années de souffrances diverses, trouver le bonheur. Un peu comme Fry et Leela dans le tout dernier épisode, « Meanwhile ».
Enfin, Fry va faire sa demande en mariage, mais c’était sans compter sur la dernière invention du professeur, un boitier qui permet de revenir en arrière dans le temps de 10 secondes. Un épisode-somme de la série, centré sur l’amour de Fry envers Leela, bourré de moments drôles, chargé en références pop-culturelles et qui se lâche sur les délires pseudo-scientifiques. On a même le droit à un bien joli final, qui ressemble à la fois à une belle déclaration d’amour, et à une invitation aux téléspectateurs de se replonger dans les épisodes de la série.
Une fin de série, ça n’est jamais simple à gérer, surtout quand on considère que la qualité est toujours présente. Cet été, Breaking Bad et Futurama nous quittent de la meilleure manière qui soit (2). On regrettera les Manwichs d’Hermes Conrad, les injures en chinois d’Amy Wong, les « Ayahh » de Leela, les « Good news everyone » du professeur, l’inutilité constante de Scruffy, la misogynie persistante de Zapp Branigan, l’animateur des infos extraterrestre qui veut la mort des humains, Lrrr et sa propension à regarder des séries TV humaines et à vouloir envahir des planètes, la mignonneté (3) de Nibbler et des Nibblioniens, la loositude (3) du docteur Zoidberg, la méchanceté de Bender. Et la connerie de Fry.
Tout ça nous manquera.
Jusqu’à ce que la série ressuscite. Encore. Qui sait.
FUTURAMA, Saison 7b (Comedy Central)
Créée par Matt Groening et David X. Cohen
Showrunnée par David X. Cohen
Avec : Billy West (Fry, Professor Farnsworth, Doctor Zoïdberg, Zapp Brannigan…), Katey Sagal (Leela), John Di Maggio (Bender), Lauren Tom (Amy Wong), Maurice LaMarche (Hermes Conrad)
(1) : Sur Omicron Persei 8, il existe donc 26 prénoms masculins disponibles. Apparemment.
(2) : Oui, je sais qu’il y en a une autre qui se termine, mais j’ai dit « de la meilleure manière qui soit ».
(3) : C’est pour Futurama, j’invente des mots qui seront dans le dico en 3013.
Crédits photo : Futurama TM et © 2013 Twentieth Century Fox Film Corporation. Tous droits réservés.
RIP planet express crew!
En espérant un retour inespéré que l’on saluera d’un « good news everyone »..
J’avoue que Futurama j’attends la VF pour regarder, sans doute une question d’habitude, mais je serais triste de voir Futurama s’arrêter. Futurama a toujours été un plaisir à regarder, et parfois très touchant.
Ca ne m’arrive pas souvent de suivre une serie d’animation, mais la, les 7 saisons de Futurama sont tout de meme indispensable a voir (avant ca, j’avais surtout aimer Daria en 5 saisons)
« Avenge us »