Blood on the tracks : la mixtape du Daily Mars pour Halloween

Blood on the tracks : la mixtape du Daily Mars pour Halloween

Rob ZombieTrack or treat? Besoin d’une bande-son pour une soirée Halloween ? Envie d’épater vos amis avec des morceaux qui sortent un peu des sentiers battus (comprendre qui n’incluent pas le Thriller de Michael Jackson) ? Le Daily Mars vous a concocté une playlist maison. En quatorze titres. 

 

1/ THE CRAMPS – Zombie Dance

A tout saigneur, tout honneur. Impossible d’imaginer une playlist autour d’Halloween, sans convier The Cramps dont l’esthétique et les chansons empruntent aux films d’horreur et aux vieilles séries Z. Et on n’a que l’embarras du choix dans la discographie du groupe constitué autour de Poison Ivy et Lux Interior. Les titres parlent d’eux-mêmes : I Was a Teenage Werewolf, What’s behind the Mask, Human Fly… Et pourquoi pas Zombie Dance sur l’album  Songs the Lord Taught Us ? Mélange épileptique de punk et de rockabilly, de l’horreur, on retrouve dans ce morceau toute la profession de foi des Cramps.

 

2/ THE NOMADS – Where the Wolf Bane Blooms

On a préféré Zombie Dance à I Was a Teenage Werewolf chez les Cramps ? On peut toujours se rattraper avec The Nomads pour avoir un loup-garou dans la playlist. Rien à redire, ces Suédois marqués au fer rouge par le rock garage US des années 60 font le job.

 

3/ GNARLS BARKLEY – The Boogie Monster

Gnarls BarkleyOn ne le répétera jamais assez dans les dîners en ville : Buffy contre les vampires, ce n’est pas qu’une série calibrée pour ados et Gnarls Barkley ne se réduit pas à son tube Crazy, au demeurant un morceau fabuleux. Le duo constitué par Danger Mouse et Cee Lo Green vaut bien plus que ce simple morceau et l’a prouvé sur leurs deux albums. Et quoi de plus parfait pour Halloween que ce Boogie monster qui nous renvoie à nos peurs d’enfant, le monstre tapi dans le noir, prêt à surgir du placard ou de sous le lit ? La chute de la chanson n’est cependant pas sans surprise : « Then I realized it was a mirror / Oh and now it is plain to see / The whole time the monster was me… »

 

4/ GIL SCOTT-HERON – Me and the Devil

Le chanteur et guitariste de blues Robert Johnson a une légende qui lui colle à la peau : celle du musicien qui a vendu son âme au diable à une croisée de chemins pour gagner sa virtuosité. Dans Me and the Devil, il raconte le jour où Satan frappe à sa porte pour l’emporter. Gil Scott-Heron en fait une très belle reprise, modifiant à peine les paroles, sur son album I’m New Here, sorti juste avant sa mort.

 

5/ LYDIA LUNCH & CLINT RUIN – Don’t Fear the Reaper

Une reprise encore : celle de Don’t Far the Reaper (« Ne crains pas la faucheuse« ), un des morceaux phares de Blue Oyster Cult. C’est Lydia Lunch et Clint Ruin qui s’y collent pour un résultat étonnamment plutôt mélodique et entraînant, considérant le CV des deux protagonistes. Lancée sur la scène no wave new-yorkaise, Lydia Lunch n’a jamais cherché à ménager les oreilles de ses auditeurs. On peut dire la même chose de Clint Ruin, un des pseudos de James Thirlwell, également connu comme Foetus Under Glass ou encore Scraping Foetus Off the Wheel. Rien à dire, ce type a de l’imagination…

6/ ROKY ERICKSON & THE ALIENS – I Walked with a Zombie

TourneurPour Roky Erickson, c’est Halloween tous les jours, quand il sort I Walked with a Zombie au début des années 80. Sa santé mentale est bien entamée. Élevé par une mère puritaine hardcore, il s’est déjà cramé le cerveau aux acides dans les années 60, avec son groupe de rock psyché The 13th Floor Elevators, avant de subir des électrochocs en asile psychiatrique. En effet, arrêté avec un joint, il avait le choix entre la prison ou l’asile. Il a choisi l’asile. Obsédé par les extra-terrestres et Satan, Roky Erickson enregistre en 1980 un album produit par Stu Cook, ex-bassiste de Creedence Clearwater Revival. On en tirera pour une playlist ce I Walked with a Zombie, dont les paroles se résument au titre (un hommage à Jacques Tourneur ?), répété ad libitum. Ah non, il y a aussi les chœurs pour introduire une subtile variation : « He Walked with a Zombie. »

 

7/ ELECTRIC EEL SHOCK – Zombie Rock’n’Roll

En grands fans de Black Sabbath, les Japonais de Electric Eel Shock aime le rock lourd, les guitares saturées et rugueuses et les trips horrifiques. Enregistré en 2004 entre Tokyo et Londres, Go Europe! est un album à petit budget mais qui balance des décharges rock bien nerveuses. Avec Zombie Rock’n’Roll, le groupe ne fait pas dans la dentelle. Entre énergie punk et son bien crade, les tokyoïtes nous font une petite mais puissante injection d’adrénaline. Un morceau à réveiller les morts.

 

8/ ROB ZOMBIE – The Devil’s Rejects

Avant de s’adonner au cinéma de genre, pour le meilleur (The Devil’s Rejects) et pour le pire (The Lords of Salem), Robert Bartleh Cummings aka Rob Zombie montrait déjà un fort attrait pour l’horreur et l’épouvante. Que ce soit avec son groupe White Zombie ou en solo, il nous a souvent convié dans son cirque psyché-metalo-horrifique, rempli de démons, de sorcières et de messes noires. Avec le morceau The Devil’s Rejects, titre qu’il réutilisera donc plus tard pour l’un de ses films, il accouche d’une sorte d’hybridation musicale entre blues, country et rock, écrasée par un son lourd et saturé et la voix d’outre-tombe du chanteur. Aussi oppressant que carnavalesque, l’univers de Rob Zombie trouve ici, un terrain de jeu favorable pour s’exprimer.

 

9/ QUEENS OF THE STONE AGE – Burn the Witch

Avec Burn the Witch, Josh Homme et ses Queens of the Stone Age nous invite à chasser la sorcière et c’est une proposition qu’on ne saurait refuser. Sorti en 2006, sur le merveilleux Lullabies to Paralyze, la morceau s’ouvre sur une voix lointaine et fantomatique nous exhortant à « brûler la sorcière » avant qu’un riff lourd et fuzzy ne soit martelé pour mieux s’imposer. On se retrouve vite emporté par l’ambiance menaçante et crépusculaire de laquelle s’élève la voix suave de Josh Homme, accompagné par quelques chœurs spectraux. Parfait pour l’occasion !

 

10/ KYUSS – Demon Cleaner

Avant d’exploser avec les Queens of the Stone Age et de devenir le rouquin le plus suave du rock’n roll, Josh Homme c’était avant tout le guitariste à l’allure d’ado pas bien dégourdi de Kyuss, pionnier du stoner et du desert rock. Pas bien dégourdi peut-être, mais sacrément talentueux comme le prouve Demon Cleaner, morceau au riff entêtant qu’il signe sur l’incontournable Welcome to Sky Valley, 3ème et génial album de la formation. Une chanson au double sens qui évoque à la fois un exorcisme métaphorique mais aussi l’importance de… l’hygiène dentaire. Selon la légende, le sujet était en effet d’une importance capitale pour Homme qui souvent faisait des cauchemars où ses ratiches lui étaient arrachées, d’où les paroles « I am the Demon Cleaner who saves the day/I get the back ones and important they’ll always stay » (Je suis le Démon qui lave et qui sauve la mise/Je m’occupe de celles du fond pour qu’elles restent pour toujours). Ça ne s’invente pas.

 

11/ KRS-One – Can’t Wake Up

Etre capturé par House of Pain et être victime d’une infernale tournante entre Cypress Hill, Das EFX, Black Sheep et De La Soul… Tel est le terrible cauchemar du roi du Boom Bap KRS-One dans Can’t Wake Up, chanson aussi fun que délicieusement crétine où il rêve qu’il est un (si, si…) pétard géant poursuivi par ses acolytes désireux de le fumer du carton au foyer. Un refrain débile, un rêve grotesque et des lyrics fumeux et enfumés pour une balade psychotropique dont seul KRS a le secret. Et une chanson qui, on l’imagine, est tombée (pas forcément pour le meilleur ni pour le rire) dans l’oreille des frères Wayans au moment d’écrire Scary Movie 2… Un autre genre de cauchemar.

 

12/ JOHNNY CASH – (Ghost) Riders in the Sky

Quand elle vient du ciel, la menace n’est pas toujours d’origine extra-terrestre et s’incarne parfois dans des figures plus folkloriques… Chez le Man in Black Johnny Cash, celle-ci prend la forme d’un troupeau infernal fait de vaches d’acier aux yeux rouges comme les braises, vu par un vieux cow-boy lors d’une journée sombre et venteuse… Sur le son des « Yippie i ohhh/ Yippie I aye ye », de la guitare country et des diaboliques touches noires et blanches, le chanteur déroule un dantesque (Ghost)Riders in the Sky de sa voix d’outre-tombe. Parfait pour un Halloween qui sent bon le far west et les santiags.

Cash

 

13/ DANIEL JOHNSTON – Devil Town

« All my friends were vampires / I didn’t know they were vampires / It turns out I was a vampire myself in the devil town… »  En à peine une minute, Daniel Johnston chante de façon touchante une histoire de vampires dans une ville diabolique. Il donne cette impression d’un enfant empêtré dans un corps d’adulte. Celui qui tournait, jeune, des petits films d’épouvante en super-8 et enregistrait, seul, ses premiers albums sur cassette a enfin un label prêt à le produire, alors qu’il sort de l’hôpital psychiatrique, à la fin des années 80. Devil Town, interprété a cappela,  figure ainsi en ouverture de 1990, un album sorti sur Shimmy Disc. Le gratin du rock indé US voue un véritable culte à Daniel Johnston, de Nirvana à Yo La Tengo. A noter, Bright Eyes reprendra Devil Town, avec des instruments cette fois. Une reprise réussie, sans atteindre toutefois la candeur de l’original.

14/ OUTKAST feat. KELIS – Dracula’s Wedding 

Les multiples problématiques sentimentales sont déclinées tout au long de l’album solo d’André 3000, The Love Below. Pour un conte plus funky et court que La Fiancée de Frankenstein, le sieur Benjamin se mue en conte de Transylvanie terrifié à l’idée de pouvoir se marier. « I’ve cast my spell on millions yet I’m terrified of you ». L’arrivée de Kelis en titulaire promise affole les compteurs, et une fin abrupte laisse la résolution en suspens. Une digression thématique de l’album qui est à point nommé pour Halloween.

Mixtape conçue par Mathieu Poitier, Owen le Faucheux, Lordofnoyze et Douglas MacDouglas.

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