
Bodyguard : Entretien avec Chris Bradford
Chris Bradford est un auteur pour la jeunesse, qui a notamment rédigé la série Young Samurai. Il revient ce mercredi dans les librairies avec Bodyguard, une série prévue sur six tomes, qui raconte l’histoire de Connor, 14 ans, champion de Kick-boxing. Il devient membre d’une organisation de gardes de corps pour des jeunes de son âge. Le Daily Mars a pu s’entretenir avec l’auteur, à l’occasion d’un passage à Paris.
D’où vous est venu l’idée de cette série sur des adolescents gardes du corps ?
Chris Bradford : J’ai eu l’idée de ce roman alors que j’écoutais la radio. Quelqu’un racontait que le meilleur garde du corps était celui qui n’était pas remarqué. Et j’ai pensais que ceux que personne ne remarquait étaient en fait les adolescents. Et donc qu’ils feraient d’incroyables gardes du corps. Encore plus s’il s’agit de filles. En parallèle sortaient les livres Hunger Games, où il s’agit d’adolescents tuant des adolescents. Or, je viens d’un milieu, les arts martiaux, où on apprend à protéger les autres. Et l’un dans l’autre, j’en suis venu à l’idée d’adolescents protégeant des adolescents.
Vous avez vous-même pratiquer les arts martiaux depuis un jeune âge, et à haut niveau. À quel point vous êtes vous retranscris dans Connor ?
CB : Connor est la personne que j’aurai adoré être quand j’étais adolescent. Il est fort, mignon, déterminé. Il n’est pas parfait. Mais j’aurai adoré être lui. Et pour mieux l’écrire, j’ai pris des cours pour devenir garde du corps. Déjà, parce que c’était vraiment fun. J’ai adoré. Pour moi, il fallait que j’expérience dans mon corps ce dont il s’agissait, ce que l’on ressent quand on est toujours sur la brêche. Et je vais souvent parler à des enfants, dans des écoles, parler de mon livre, et les enfants sentent ça, ils savent que je me suis entraînée, ils peuvent alors imaginer ce dont il s’agit.
Connor défends des valeurs comme l’honneur, le courage, la défense des plus jeunes. Pensez vous que cela intéresse des jeunes lecteurs ?
CB : Le garde du corps est un personnage habituel dans les livres d’espionnage pour enfants. Mais il n’y avait pas encore d’adolescents garde du corps. Concernant le côté moral de Connor, je pense, en tant qu’enseignant et écrivain, que les enfants et les adolescents recherchent des modèles moraux. Ils connaissent le courage, le respect et aiment l’idée de pouvoir protéger leurs copains. C’est aussi une façon de dire que c’est cool d’être bon. C’est quelque chose qu’il manque aujourd’hui, j’ai l’impression.
Dans le premier roman, une organisation yemenite veut kidnapper la fille du président américain, nous avons des pirates somaliens dans le deuxième… Vous vous inspirez beaucoup de l’actualité ?
CB : Oui, je m’inspire beaucoup de ce qui se passe de nos jours. Le premier livre est sorti il y a deux ans en Angleterre. Mais j’en avais eu l’idée il y a quatre ans. Et même si personne n’essaye de kidnapper la fille du président américain, c’est effrayant de voir à quel point la réalité a rejoint la réalité aujourd’hui. Mon deuxième livre concerne des pirates somaliens et je l’avais déjà écrit quand est sortie l’histoire de Captain Philipps. Mon troisième livre est à propos de la protection de la famille de l’ambassadeur français en safari au Burundi et un coup d’état militaire a lieu. Mais si le Burundi est encore un état de droits, il se passe aujourd’hui des choses très inquiétantes dans ce pays. Je veux écrire un livre ancré dans les temps modernes, car les enfants savent ce qui se passe dans le monde, ils y sont attentifs. Le livre permet d’ancrer cette situation.
J’essaye de ne pas être schématique dans le livre. Je fais très attention. L’organisation des gardes du corps est internationale, il représente des personnes du monde entier. Marc le français, Lin la chinoise… Dans l’histoire de piraterie somalienne, je fais attention de montrer les deux faces de l’histoire. Un des garçons somaliens n’est pas un « méchant ». Je veux montrer le bon côté de leur culture aussi.
Etats-Unis d’Amérique, Somalie, Burundi… Vous faites beaucoup voyager Connor !
CB : L’histoire a lieu dans le monde entier pour avoir un côté roman d’espionnage. C’est un réseau international, même s’il est basé en Angleterre, qui est l’endroit où tout commence.
Pourquoi écrivez-vous principalement pour des adolescents ?
CB : J’étais musicien au début de ma vie. Quand j’ai commencé à écrire, j’ai écrit à propos du monde de la musique. Puis un jour, mon agent m’a demandé d’écrire à propos de ma vie. Et trois choses sont importantes pour moi : les voyages, la musique, les arts martiaux. C’est comme ça que j’ai commencé à réfléchir à l’histoire du Young Samouraï. Je n’ai pas décidé d’écrire pour des adolescents, ça s’est juste trouvé comme ça.
Vous allez dans les écoles et avez aussi écrit une histoire pour des enfants dyslexiques ou qui n’aiment pas la lecture, en utilisant des phrases plus courtes… Pourquoi ?
CB : Même si je souhaite personnellement être capable de gagner ma vie en tant qu’auteur, ma mission personnelle est d’essayer d’encourager les enfants à lire et à aimer ça. Enfant, j’adorais la lecture. J’ai deux enfants, de deux et quatre ans et nous avons une bibliothèque de sol. Dans toutes les pièces, des livres jonchent le sol et comme ça, ils peuvent les ramasser et les lire. En lisant, on apprend tant de choses sur la vie, des connaissances, à communiquer. Je pense que quand un enfant aime un livre, est accroché par un livre, il aura plus de facilité à lire encore. Je produis ainsi aussi des livres qui leur permet de raccrocher le wagon et les faire monter dans le train de la littérature.
Le deuxième volume de la série, qui en comptera six, va sortir à la rentrée 2015. Que va-t-il se passer dans les prochains volumes ?
CB : Dans les histoires suivantes, je vais aussi donner la parole à d’autres personnages. Ainsi dans le quatrième roman, le roman sera basé sur le point de vue de Charley et nous apprendrons comment elle a fini dans une chaise roulante. Dans chaque roman, nous en apprendrons plus sur chacun des autres gardes du corps, même si Connor en est le personnage principal.
Les intrigues de chaque roman sont déjà écrites, mais pas les détails ou la nationalité des personnes qui vont être protégées. Après que mon histoire deviennent un succès au Royaume-Uni, les éditeurs français m’ont vraiment soutenu et font tout pour que le livre soit un succès en France. J’ai donc décidé que dans le troisième roman, Connor protégerait la fille de l’ambassadeur de France dans un pays francophone. Et franchement, quand j’étais adolescent et que je venais en France, les filles françaises étaient les plus jolies, Connor aura une jolie française à protéger !
Propos recueillis par téléphone le 11 février 2015.