Bosch, du travail d’orfèvre (critique saison 1 / France 3)

Bosch, du travail d’orfèvre (critique saison 1 / France 3)

Note de l'auteur

Michael Connelly a écrit de nombreux romans policiers (dont 19 avec Bosch), lesquels lui ont permis de remporter tous les prix littéraires possibles attachés au genre du thriller. Il n’avait donc pas réellement besoin de convertir son personnage fétiche pour le petit écran. C’est pourtant ce qu’il a fait après avoir attendu de nombreuses années pour en récupérer les droits d’adaptation vendus un temps à la Paramount.
Le résultat est un polar hybride à infusion lente, une plongée passionnante dans le Los Angeles de derrière les façades rutilantes et, en définitive, une programmation pertinente pour France 3.

Un soir, alors qu’il opère en filature sur un suspect, l’inspecteur Bosch est obligé de faire usage de son arme dans une petite allée mal éclairée. Lorsqu’on le retrouve au tribunal, il est accusé sans ménagement d’avoir tué la victime pour d’obscures raisons. Mais loin de se laisser dégoûter du métier, Bosch s’arrange avec des collègues pour reprendre leurs horaires d’un week-end de fin d’année et ainsi se réfugier dans le travail. De vieux os sont justement retrouvés par un chien dans les collines…

La série, issue de la deuxième vague de pilotes d’Amazon (celle d’une certaine Transparent), se nomme tout simplement Bosch. De son côté France 3, peut-être pour la différencier d’une certaine marque d’outillage mais plus sûrement pour bien l’associer au personnage de l’œuvre de Michael Connelly, l’a renommée Harry Bosch.
Il se trouve qu’Harry est un surnom. Bosch se nomme Hieronymus comme le peintre néerlandais. Connelly avait fait ce choix car il pensait que le travail de l’artiste correspondait à Los Angeles, un Jardin des délices qui cache un véritable enfer derrière la carte postale californienne.

Il suffit en effet de très peu de temps au pilote pour expliquer que le personnage principal se trouve en fait être la ville des anges. Malgré des coûts plus élevés, l’auteur a insisté pour tourner à LA. Bien qu’il soit né à Philadelphie et qu’il ait grandit en Floride, Connelly est un amoureux de la mégalopole californienne. Il y a longtemps été chroniqueur judiciaire pour le Los Angeles Times et ses livres sont de véritables odes à ces lieux qu’il connaît par cœur. En retour, la ville le lui rend bien puisque la série a notamment pu tourner dans les vrais locaux des inspecteurs du LAPD.

En cela, Bosch est une prolongation presque naturelle de Southland, ce copshow trop méconnu qui élevait déjà le métier du représentant des forces de l’ordre dans ce chaos perpétuellement ensoleillé.
Mais là où Southland jouait avec la dynamique d’un métier constamment brutalisé par le mouvement, Bosch est un animal froid qui prend son temps pour se dévoiler et avance ses pions sur l’échiquier en s’appuyant sur son expérience. Sans en révéler la teneur, l’opposition qui lui sera proposée cette saison fonctionne également avec patience, malgré ses impulsions, et aura l’occasion de démontrer ses racines angelinos également.

Madison Lintz (Maddie) & Titus Welliver (Bosch)

Madison Lintz (Maddie) & Titus Welliver (Bosch)

Il est justement beaucoup question du lien parental dans ces dix premiers épisodes. L’enfance compliquée de Bosch rejaillit invariablement en cours de saison pour constituer un portrait (surchargé ?) d’un inspecteur qui trimballe en bandoulière un spleen mélancolique de rigueur.
Avec le rôle de Bosch, Titus Welliver obtient enfin un premier rôle après avoir souvent été brillant dans des seconds comme pour Deadwood, Sons of Anarchy ou The Good Wife. La chemise d’Harry est peut-être un peu trop grande au départ et Welliver ponctue ses débuts d’hochements de têtes un peu trop francs. Mais à l’image de la série, il trouve finalement le bon tempo et dégage l’assurance nécessaire pour un rôle qui est de presque tous les plans.

Sans inventer la poudre, Michael Connelly délivre sûrement l’adaptation qu’il souhaitait. Un Harry Bosch revêche mais efficace qui saura vous convaincre sur la durée. Et si vous êtes du genre impatient, cela tombe bien puisque France 3 vous proposera ses aventures au pas de charge !

HARRY BOSCH SAISON 1 en dix épisodes
Diffusés sur France 3 dès le 22 mai (3 éps / soirée puis 4 éps le dernier soir !)
Créée par : Michael Connelly
Scénaristes : Michael Connelly, Eric Overmyer, Tom Smuts, Diane Frolov, Andrew Schneider, George Pelecanos, William N. Fordes, Jennifer Ames, Steve Turner, Joe Gonzalez et T.L. Lankford.
Réalisée par : Jim McKay, Kevin Dowling, Ernest Dickerson, Roxann Dawson, Alex Zakrzewski, Matt Earl Beesley et Thomas Carter.
Avec : Titus Welliver, Jamie Hector, Amy Aquino, Lance Reddick, Sarah Clarke, Annie Wersching, Madison Lintz et Jason Gedrick.
Musique originale de : Jesse Voccia.

Visuel : Bosch © Red Arrow International

Partager