
BREAKING BAD (Bilan de la Saison 5)
Les aminches ! Voilà, c’est fini…. Ou plutôt ça commence. Terminé le blog en solo ! En ce 10 septembre de l’an de grâce 2012, l’apocalypse s’abat sur mon célibat rédactionnel et, de concert avec le camarade Dominique Montay (ex-rédacteur du regretté site culte Le Village), nous fomentons une refonte graphique et éditoriale du blog John Plissken of Mars. Avant le proche big bang, sur lequel je m’étendrai davantage quand il arrivera, nous vous proposons une petite phase de transition en accueillant dés maintenant, sur l’actuel JPOM, les plumes du futur bébé. Bienvenue donc à Amandine Prié, Nicolas Robert et même, quand il pourra, l’intraitable Sullivan Le Postec : si vous les avez déjà lu, vous savez qu’ils déchirent et leur précieuse contribution permettra au blog de mieux couvrir l’actu chaude en séries télé. Merci à eux, leur arrivée en ces lieux est un honneur et poussera sûrement votre serviteur à poster un peu plus souvent aussi de son côté ! Stay tuned comme disent les jeunes, y a de l’expérience dans l’air…
La fin approche. Inexorablement, nous nous rapprochons du jour où Walter White va payer… ou bien s’en sortir. Après une saison 4 qui a offert des moments de télévision incroyables (Walter White qui craque et se met à rire sous le plancher de sa maison, Gustavo Fring qui renoue sa cravate en sortant d’une chambre de maison de repos…), la saison 5 arrive avec une pression monumentale: comment réussir la fin d’une des meilleures séries de ces dernières années ? Attention, la critique est majoritairement réservée à ceux qui ont vu cette demi-saison. Vous voilà prévenus !
Rappel des faits : en fin de saison 4, afin de sauver sa peau, Walter White s’est débarrassé de Gus Fring. « J’ai gagné » comme il le dit à Skylar après avoir fait exploser l’impassible dealer. Mais à quel prix ? En cette fin de saison Walter a successivement mit en danger un enfant et sa voisine. Juste pour arriver à ses fins. Et ne parlons pas de ce qu’il fait subir quotidiennement au pauvre Jesse.
Breaking Bad raconte la descente aux enfers d’un homme, de sa transformation progressive de père de famille insignifiant et sans charisme à un empereur du deal de méthamphétamine. Du « Good » au « Bad ». Mais Walter White a-t-il déjà été un homme bon ? La première saison donnait cette impression. Walter White déclenchait une certaine empathie. Sa vie était pathétique, on le plaignait. Le voir renaître par le biais de la préparation d’amphés, c’était comme voir un homme émasculé retrouver sa virilité.
Avec le recul, c’était pourtant clair que Walter White était déjà l’ordure qu’il est aujourd’hui. C’était juste une ordure éteinte. Arrogant, supérieur, fier, White l’a toujours été. On pouvait le voir en saison 1 via les scènes de flashbacks, quand il discutait avec sa petite amie et partenaire de l’époque. Au centre des considérations de Walter White il n’existe qu’une personne : Walter White. Quand il décide de ne pas faire le traitement pour le cancer, il ne s’agit pas d’un homme qui implore de partir dignement, mais d’un homme égoïste, qui ne se rend pas compte de l’impact de son départ sur sa famille.
Par extension, sa volonté de devenir fabriquant de méths est aussi quelque part égoïste. Plutôt que de se battre, de rester et de les aider « en vie », il décide le suicide organisé et le sacrifice, de devenir un martyr. Passé cet état (sûrement dû à une dépression suite à l’annonce), White retrouve son instinct de survie naturel et le développe. Il devient cet homme quasi-mythologique qui a vaincu une première fois le cancer, et qui a survécu à tous les dangers mis sur sa route, en empilant les cadavres.
Aujourd’hui, nous sommes en saison 5. Le premier épisode (puis un autre plus tard) nous fait une piqûre de rappel temporelle: entre la saison 1 et la saison 5, il s’est passé un an. Donnée qui permet de mieux saisir la vitesse avec laquelle Walter White a gangrené tout ce qui l’entoure. Sa famille vit dans un état de danger constant, sa femme est dans un état de dépression avancée, son beau-frère a frôlé la mort et est resté handicapé… Et Jesse…
Jesse a laissé de côté une vie de délinquant mineur pour devenir le bras droit d’un fou mégalomane, a perdu une petite amie, replonge régulièrement dans la drogue et vit dans la peur. Et ne parlons pas des conséquences directes du travail de Walter, qui, rappelons-le, ne cultive pas du cannabis, mais prépare une des drogues les plus dures et mortelles du monde. Walter White pourrit tout ce qu’il touche.
Cette saison 5 sent la fin de cycle. Si la série a toujours fonctionné sur un principe de « action-conséquences », cette première moitié de dernière saison (1) est basée sur une idée de karma instantané. Walter White réussit à effacer des données incriminantes présentes sur le PC de Gus Fring grâce à un aimant ? il provoque avec cette solution la découverte par la police d’une liste de comptes en banque de Fring, et par extension des gens qu’il payait. Walter, Mike et Jesse réussissent à voler un train qui transporte de la methylamine ? un gamin les surprend et se fait tuer. Et que dire de la fin…
Cette demi-saison était peut-être une saison en retrait pour Jesse, qui a laissé un peu de place à Mike Ehrmantraut, qui revient pour notre plus grand plaisir. Jonathan Banks est parfait dans ce rôle. Cette saison le met parfaitement en lumière, lui offrant une porte de sortie qui, si elle est questionnable (2), reste un moment fort de la saison. Mike reste à ce jour celui qui a le mieux comprit qui est Walter White. Un manipulateur, un baratineur. Un homme d’une intelligence clairement supérieure, mais assez malin pour donner l’impression d’être « un type normal ». Malgré le fait qu’il soit lui aussi un salaud, Mike fait partie de ces ordures « qui ont un code d’honneur » (plus que questionnable éthiquement parlant, mais qui a le mérite d’exister). S’il mérite aussi la tôle à vie, on n’imagine pas Mike faire ce qu’a fait Walter en 1 an. Mike c’est la figure du porteur de flingue, assez droit pour réellement protéger sa famille (ce que rate White dans les grandes largeurs), assez vicieux pour faire ce qu’il fait. Contrairement à White, il ne se ment pas. Il sait qu’il est damné quand White est persuadé d’être vertueux.
On retrouve un autre écho à Walter cette saison, par le biais d’un personnage secondaire. Lydia Rodarte-Quayle (Laura Fraser), travaille pour le compte de la société Madrigal, que Gus Fring utilisait pour acheminer les méthamphétamines à travers le pays. Comme Walter, Lydia possède un instinct de survie au-dessus de la moyenne. Elle possède la même faculté que White: justifier son caractère indispensable par le bagout, la tchatche, et tout simplement, l’intelligence. Comme lui, elle manipule, dirige, joue de son physique (femme peu imposante, « normale »). Comme lui elle calcule, cherche le pouvoir, l’argent.
Le début de la saison offre une fenêtre sur la fin de la série. Walter White y est montré seul, visiblement traqué, en danger (il achète une arme). Un épilogue posé en prologue, censé se dérouler 1 an après les évènements de la première moitié de la saison. Le point de repère est calé sur son anniversaire. Une photo circulait sur twitter dans le courant de la saison, qui résume à la perfection l’évolution du personnage de Walter, via le déroulement des 3 anniversaires qui ont eu lieu dans la série, à 50, 51 et 52 ans. Un comparatif édifiant.
Walter se retire des affaires. Skylar, durant la saison, a imposé à Walter de laisser les enfants à Hank et Marie, pour ne pas les mettre en danger. Pour arriver à cette situation sans éveiller les soupçons d’Hank et Marie, Skylar a usé des mêmes méthodes que Walter: le mensonge, la manipulation. Etre séparé de ses enfants n’est cependant pas un sacrifice suffisant pour faire arrêter Walter. Après la mort de Mike, la « retraite » de Jesse, Walter s’associe avec Lydia pour approvisionner la République Tchèque en meths, et ainsi gagner une fortune.
Un montage musical nous emmène (vraisemblablement) quelques mois plus tard. Skylar, qui avait jusqu’ici échoué, réussit à faire comprendre l’absurdité de ce que fait Walter, de cet « empire » qu’il a bati. Comment ? En lui montrant un gigantesque paquet de fric stocké dans un garde meuble. Un tas impossible à compter. Impossible à blanchir. Impossible à dépenser. C’est ça (et pas vraiment autre chose) qui pousse Walter à prendre sa retraite. Pour la première fois, il est dans l’incapacité totale de justifier son action. Il n’arrive plus à baratiner. Et, qui sait, peut-être que la routine l’a gagné, avec le temps.
Jesse semble avoir le droit à sa porte de sortie, dans une scène d’une tristesse infinie. Jesse nous apparaît (peut-être pour la dernière fois) comme ce qu’il a toujours été, et qu’il a toujours essayé de cacher : un petit garçon apeuré. Jesse a été pendant 4 saisons et demi le dommage collatéral préféré de Walter White. Il a détruit sa vie. Et au final, alors que Walter lui laisse un sac de fric (et joue au Grand Seigneur), la seule satisfaction de Jesse est de ne pas avoir été buté par son ancien collaborateur. Cet homme qu’il craint plus que tout.
Walter à la retraite… heureusement qu’il ne s’agit pas de la fin de la série. Qu’on soit clairs: Walter White ne mérite pas de s’en sortir. A aucun moment.
Et très franchement il est temps que la série se termine. Pas à cause de son niveau de qualité, d’une constance incroyable, mais parce que, comme il le dit, Vince Gilligan s’est mis progressivement à haïr Walter White. Comme la plupart des téléspectateurs. Même pour son créateur, il est temps que Walter paie.
Voir Hank (qui a perdu toute motivation dans son métier) enfin comprendre le lien entre Walter et Fring pose les bases d’une dernière portion de série qui s’annonce à la fois épique et tragique. Comment Hank va-t-il accepter la situation ? Sera-t-il capable de mettre Walter en prison, considérant l’impact que ça aurait sur sa famille ? Comment va-t-il se positionner par rapport à tout ça, lui qui a profité indirectement de l’argent de la drogue ?
Autant de questions qui ne provoquent qu’une seule réaction : 11 mois d’attente ? Entre deux demi-saison ? Sans rire ?
(1) La saison 5 compte 16 épisodes. Les 8 premiers sont diffusés cet été, les 8 suivants le seront l’été prochain.
(2) Mike déteste (à raison) et se méfie au plus haut point de Walter White. Il n’aurait jamais accepté que ça soit lui qui vienne lui donner son passeport. Une faille scénaristique très surprenante de la part d’une équipe qui, en 5 ans, en a commis tellement peu.
BREAKING BAD, Saison 5
Créée et showrunnée par Vince Gilligan
Avec Bryan Cranston (Walter White), Anna Gunn (Skyler White), Aaron Paul (Jesse Pinkman), Dean Norris (Hank Schrader), Jonathan Banks (Mike Ehrmantraut), Betsy Brandt (Marie Schrader), RJ Mitte (Walter White Jr) et Bob Odenkirk (Saul Goodman)
EN BONUS : Le TOP 5 des mauvaises idées pour la série Breaking Bad, auxquelles on va sûrement échapper parce que la série se termine (et parce que les scénaristes sont bons)
- Walter Jr devient accroc aux amphés. Walter est partagé. Dilemme moral.
- Jesse couche avec Skylar. Jesse est partagé (« Mrs White are you trying to seduce me ? »). Walter va pleurer dans le bureau de Hank. Pour de vrai, cette fois-ci.
- Gus Fring revient. Il était pas mort. Mais il est psychotique parce qu’il lui manque une moitié de visage. Walter est très surpris. Nous aussi.
- Marie devient cleptomane. Ah non, ça ils l’ont fait. Une des rares fausse note des scénaristes de la série.
- Skylar pousse Walter à rencontrer des drogués aux amphés. Walter est triste. Il arrête tout et devient pasteur méthodiste. (meths/ méthodiste… vous voyez le lien ?)
Crédits photos : ©AMC
Bon article, mais pour ton petit (2), il n’avait pas vraiment le choix Mike. Il était dans l’urgence … Et le choix entre faire appel à son avocat (qui pouvait être surveillé par la police), Walter ou Jesse (qui a un passé avec les flics) pour lui ramener son passeport, son arme et son fric, le plus sur pour lui était Walter. C’est celui qui est le moins « impliqué », enfin c’est celui qui est le plus transparent vis-à-vis des flics. Mike a choisi la personne la plus transparente pour lui amener ses faux papiers. Par contre, un point qui m’a choqué dans le dernier épisode, c’est la disparition du clan qui voulait acheter les gallons de produit au trio. Ils avaient passé un accord de distribution en échange des 5 millions pour Mike et ils ont tout simplement disparus au profit d’un trafic en Croatie …
Donc deux choses à commenter…
D’abord l’avenir du blog… et il sent bon ! Très franchement, je suis toujours étonné de constater que des gens que je « connais » (ça veut dire, que je suis, ça et là, sans forcement plus), se connaissent. Internet et petit ! (quand on cible sur des secteurs bien particulier). Du coup j’ai déjà lu la plupart des gens qui sont là et/ou qui vont arriver, donc les avoir réunis au même endroit c’est cool. Qui plus est chez ce cher Plissken !
Donc bienvenue à vous !
Ensuite Breaking Bad… que dire. J’ai commencé la série tardivement (courant saison 3 il me semble), et j’ai tout dévoré en quelque jours. Puis j’ai continué petit a petit, souffrant des délires de diffusion d’AMC. J’ai rarement vu une série qui faisait aussi bien évoluer son personnage (et je peux dire que nondoudiou j’en ai vu des séries). Walter est juste énorme (et bien servi par Cranston). Parce que non seulement son personnage évolue, mais notre regard sur lui aussi. Et dans cette saison 5, on le déteste, tout simplement.
Comme toi je suis en total position de « WTF » concernant les onze mois d’attente. Autant l’appeler saison 6 à ce rythme.
Breaking Bad va se finir, et j’ose penser qu’elle deviendra culte (on peut pas parler de culte pour quelque chose de pas fini nan ?). Vivement l’été 2013.
juste pour dire que cette serie et tout simplement enorme walter et jesse en particulier mais j aimer bien aussi gus ; fait quand meme chier d attendre aussi longtemps sur les chiotes (hank) lol ; mais que va donc ce passer mistere on reste sur la fin comme a la fin de chaque episode c excelent mais perso je preferere que walter s en sorte j aime bien ce gars lol