Retour Réussi à Broadchurch (bilan de la saison 2)

Retour Réussi à Broadchurch (bilan de la saison 2)

Note de l'auteur
©ITV

©ITV

La saison avait débuté avec une interrogation : Pourquoi revenir à Broadchurch ? Peut-être parce qu’il est difficile de quitter cette petite station balnéaire anglaise. Des adieux compliqués face à une communauté marquée par le drame : la mort de Danny Latimer. L’ouverture nous avait rassuré, démontrant que la série, que personne n’attendait, était non seulement capable de surprendre mais de parfaitement retrouver et gérer sa galerie de personnages.

En réveillant l’affaire Sandbrook et jouant la carte du procès, BROADCHURCH veux conjurer ses démons. Faire table rase d’une ligne dramatique bien chargée afin d’apporter une conclusion nécessaire. Retrouver la quiétude, c’est ce qui anime tout Broadchurch. Et la série de se décomposer en deux trajectoires pour un même but : le calme après la tempête. Les personnages sont fatigués, vidés, harassés par un mystère insoluble (Hardy) et un procès électrique (Ellie comme les Latimer). Si la première saison entretenait une rigueur de métronome en défilant les suspects potentiels à chaque épisode, la seconde l’applique en partie – révision de l’enquête par le prisme du procès, déjoué par les sursauts parfois obscures d’une enquête laborieuse et l’histoire d’un couple dont la relation nébuleuse s’éclaircira dans le dernier épisode.

©ITV

©ITV

La saison manque peut-être d’unité ; il n’y a rien qui lie Sandbrook et le procès. Les deux lignes narratives ne communiquent guère entre elles, tout juste poreuses par les protagonistes qu’elles doivent se partager. La série conserve toutefois cette façon de capter l’âme humaine dans ce qu’elle a de plus belle, ambiguë ou monstrueuse. Où émergent des moments comme des pauses, précieux, magiques parfois durs ou émouvant. Ces petites ruptures évoquent l’alchimie dont BROADCHURCH s’est fait maître. Passé par le trait, parfois un peu gras ou tout en légèreté de Chris Chibnall, le policier comme le judiciaire deviennent des couveuses dans un laboratoire où l’on cultive l’émotion comme on manipule des virus mortels. Et si certains mouvements frôlent la catastrophe, le résultat s’avère le plus souvent intense et juste.

La saison s’achève sur deux départs en taxi. Avec pour interrogation : quelle sera la prochaine destination ? Réponse laissée dans le vent alors qu’une troisième saison est déjà annoncée. La vie est un éternel recommencement : Pourquoi revenir à Broadchurch ? On pensait que la première saison avait laissé exsangue la matière dramatique, la suite a prouvé le contraire. On disait les adieux difficiles, cela se confirme. Chibnall joue avec le feu, reste à savoir s’il en sortira grandi ou déchu.

Partager