
100 moments de télé, épisode 17 (Buffy, Third Watch, Mad Men, Six Feet Under, Babylon 5)
Au programme du jour : Buffy saison 5 (indice spoiler : 10/10), Third Watch saison 3 (indice spoiler : 7), Mad Men saison 4 (indice spoiler : 8), Six Feet Under saison 5 (indice spoiler : 10) et Babylon 5 saison 3 (Indice spoiler : 8). Bonne lecture !
81. Joyce Summers, les yeux grand ouverts
par Dominique Montay
La série : Buffy the Vampire Slayer
L’année : 2001
Les épisodes : 5×15 – I Was Made to Love You
Tout part d’une histoire assez idiote. Une histoire de femme-robot qui cherche l’amour. C’est dans les derniers instants de l’épisode que tout prend une tournure dramatique. Buffy Summers interpelle sa mère, semi-allongée sur le canapé, les yeux ouverts. Mais elle ne bouge pas, elle ne répond pas. Elle est morte. L’image est forte: les yeux de Joyce sont grands ouverts, transgressant l’habitude télévisuelle de ne montrer un mort les yeux fermés.
Mais ce qu’il y a de plus choquant dans cette histoire, c’est la façon dont meurt Joyce: de mort naturelle. Pas à cause d’un monstre, d’un fantôme, d’un vampire où autre être mythologique. Buffy sait gérer cet univers-là, généralement à coups de tatannes. Là, c’est la réalité dans son expression la plus froide qui vient s’immiscer dans le monde de la tueuse de vampires. Cette expérience la changera à jamais, elle qui était très proche de sa mère.
L’épisode qui suivra, écrit et réalisé par Joss Whedon, repoussera les limites visuelles de la série, en offrant une réalisation qu’elle n’avait jamais expérimentée, en plus de traiter avec finesse le thème du deuil.
82. la fusillade au restaurant de Chevchenko
par John Plissken
La série : Third Watch
L’année : 2002
L’épisode : 3×14 – Superheroes, part 1
Je ne remercierai jamais assez Nicolas “steamin” Robert pour avoir réhabilité comme il se devait la très grande (et injustement sous estimée) Third Watch/New York 911 dans les pages du Daily Mars. Et j’en profite pour en rajouter une couche avec cette scène de fusillade qui prouve à elle seule (mais il y en a eu d’autres) à quel point cette série déchirait sacrément quand il s’agissait de faire parler la poudre.
Dans cette première partie de l’épisode Superheroes, l’officier Sully décide de rendre une visite punitive dans un restaurant où le mafieux russe Chevchenko (Roy Scheider !!!! Mon héros !!!) célèbre un repas de mariage. Sully entend demander des explications à Chevchenko sur le passage à tabac du fils de sa petite amie… Alors que l’altercation entre les deux hommes prend une très mauvaise tournure, un dealer ivre de vengeance (Chevchenko est responsable de la mort de l’un des siens) fait irruption dans le restaurant et mitraille à tout va. Sully et son partenaire sont pris entre les feux croisés de l’assaillant et d’une bonne quinzaine de portes flingues russes. A l’extérieur, les renforts arrivent mais sont à leur tour victimes d’un guet apens. Bon sang que ça déboite ! Via un montage percutant, des cadrages nerveux mais toujours lisibles et une violence qu’on n’a pratiquement jamais retrouvée sur un network depuis, cette fusillade est une prodigieuse mécanique d’efficacité. Qui, forcément, va se conclure dans le drame. Je n’aurait qu’une chose à ajouter : Boscorelli rules !
83. Peter et Peggy se disent au revoir
par John Plissken
La série : Mad Men
L’année : 2010
L’épisode : 4×04 – The Rejected
Entre Peggy Olson (l’un des plus beaux et fascinants personnages féminins de l’Histoire des séries) et l’arrogant commercial Pete Campbell, un grand amour potentiel s’est vu couper les ailes par manque de courage mutuel. Campbell n’a jamais su ou voulu briser son mariage convenu avec sa bourgeoise et bien née Trudy. Peggy, qui était tombée enceinte de Peter suite à leur liaison adultérine en saison 2, ne le lui avait jamais révélé, ni son choix d’abandonner le bébé… jusqu’à ce déchirant moment du final où Peggy avoua tout à Peter. Une confidence terrible qui mit définitivement fin à tout espoir d’un avenir entre eux et ce alors même que Peter venait de déclarer sa flamme à sa collègue.
Une quinzaine d’épisodes après cette bouleversante “rupture”, une nouvelle scène, plus belle encore dans son amertume, place de nouveaux les deux amants contrariés face au prix de leurs choix, dans ce segment réalisé par John Slattery himself. Peggy vient d’apprendre que Trudy est enceinte. Une vague d’émotion la submerge, simplement canalisée par un petit tour dans le bureau de Pete pour le féliciter. L’eau a coulé sous les ponts depuis la saison 2 : Peggy s’est encore émancipée davantage, elle fréquente la jeunesse hype de Manhattan, le lourd passé de l’abandon de son bébé a été surmonté. Mais grâce au jeu magnifique d’Elizabeth Moss et à la finesse de l’écriture, ces quelques secondes de conversation avec Pete nous font ressentir à quel point la blessure reste vive et ces deux-là auraient pu vivre la passion de leur vie.
L’émotion monte d’un cran la scène suivante. Symboliquement, dans le hall de l’agence, Peggy et Pete reprennent chacun le cours de leur vie et s’accordent à dire adieu à leurs rêves. Elle rejoint son groupe d’amis devant les ascenseurs, il reste discuter avec ses collègues pour fêter un gros contrat passé le jour même. Séparés par une porte vitrée, ils finissent par se croiser du regard. Sans un mot, par la seule force d’un véritable dialogue d’expressions, les deux personnages expriment leurs regrets, leur résilience et leur affection mutuelle. Un instant d’une force émotionnelle et d’une tristesse inouïes. Ils s’aiment toujours mais le sort en a décidé autrement et ils l’acceptent. La routine a bel et bien repris ses droits, il ne pouvait en être autrement. La mélancolie de la musique et la belle idée de mise en scène (l’entrée de Peggy dans l’ascenseur provoquant la sortie de champ de Pete) achève de faire de ce moment un tire-larmes imparable.
84. La dernière nuit de Nate Fisher
par Nicolas Robert
La série : Six Feet Under
L’année : 2005
L’épisode : 5 x 09 – Ecotone
Hier, John Plissken vous disait tout tranquillou que l’un des plus grand series finale était celui de The Shield. Oui, avec celui de Six Feet Under. A cause des quatre derniers épisodes de la série qui transforment le finale en réussite étourdissante. Voilà pourquoi je ne vous ferai pas pleurer sur du Sia. Imparable mais pas tout à fait juste. On va donc parler du neuvième épisode de la saison 5.
Ecotone est un épisode à part dans mes souvenirs. Il m’a hanté pendant de longues nuits, plus que n’importe quel autre de n’importe quelle série. Je ne sais pas pourquoi mais j’étais persuadé que Nate ressortirait de l’hôpital. Comme toute la famille Fischer sans doute. Et j’ai pris son décès en pleine tête.
A l’image de ses parents, de son frère et de sa soeur, Nate a vécu au milieu des morts. Et dans la saison 5, la mort l’encercle (il perd un bébé, puis un ami d’enfance) avant de l’emporter, juste après son quarantième anniversaire. Avec Ecotone, un des plus fascinants personnages de série meurt et c’est à la suite de son départ que sa complexité prend tout son relief.
Subtilement, les trois épisodes qui suivent soulignent combien le chemin qu’il a emprunté traduit sa nature profonde. Celle d’un homme qui a essayé d’être heureux mais a toujours eu peur. « Peur de ne pas avoir raison, peur de ne pas être prêt, peur de ne pas être où je devrais être », comme il le dit lui-même à Claire dans le dernier épisode.
Cette ultime nuit traduit cela avec force, et en même temps, l’histoire laisse entendre que dans ses ultimes instants, l’aîné des Fischer a cessé de douter. C’est ce qui rend cet épisode profondément troublant. Et qui fait qu’une fois que le téléspectateur l’a vu, il devient membre à part entière de cette étonnante famille. Pour toujours.
85. Sheridan se sacrifie sur Z’Ha’Dum
par Sullivan Le Postec
La série : Babylon 5
L’année : 1996
L’épisode : 3×22 – Z’Ha’Dum
Les Ombres, des aliens qui sèment le chaos dans la galaxie, espèrent réussir à retourner le Capitaine Sheridan, qui a fédéré une alliance extraordinaire de mondes pour s’opposer à eux. Pour cela ils utilisent sa femme, qu’il croyait morte dans une mission d’exploration sur leur planète mère Z’Ha’Dum quelques années plus tôt, mais qu’ils ont transformée pour en faire un composant organique de leurs vaisseaux. Sheridan décide d’accepter l’invitation d’Anna et de se rendre avec elle sur Z’Ha’Dum.
Mais Sheridan sait qu’Anna n’est plus Anna. Ce qu’il veut, c’est forcer son adversaire à se dévoiler, et lui porter un coup fatal. Il a chargé deux bombes nucléaires à bord de son vaisseau. Il est prêt à se sacrifier, juste au moment où Delenn venait de lui avouer son amour…
J. Michael Straczynski terminait ainsi la troisième saison de Babylon 5 sur un cliffhanger riche en révélations sur la nature des Ombres et leurs objectifs, mais aussi incroyablement épique et émouvant.
J’ai eu des frissons à lire et revivre ce passage de Mad Men. C’est très bien décrit, merci !
J’avais 10 ans quand j’ai vu cet épisode de NW911, j’avais qu’une peur que Sullivan meurt^^. Mais j’aurais plutôt choisi celui où Bobby est tué : c’est inattendu, un vrai choque.
Les épisodes de Buffy, de SFU et Mad Men sont biens choisis, tous très touchants.
Les décès de Joyce Summers et de Nate Fisher…
Deux traumatismes télévisuels. Ce genre de moment où tu te dis « Putain, enc… de scénaristes ! ».
Parce que généralement, je fais le fier, à me dire dès le pré-générique « Ok, donc lui, c’est le méchant, je le sens venir ». Et là, non.
Donc forcément, je ne voulais pas y croire.
Encore plus pour Nate. Tout le long du fondu au blanc, je me suis dit « Non mais c’est juste un truc visuel, il va se prendre un electro choc, et ça va revenir à la normale ». Et puis, l’épisode suivant… puis l’autre… Non, Nate est bel est bien mort, et surtout, il ne sait pas transformé en héros sans reproches…
Putain quoi.
« il ne s’est pas », c’est mieux…
Ah enfin un peu de Six Feet Under et Mad Men 🙂 Et 2 passages très bien choisis (même si là encore je trouve qu’il y’a mieux mieux pour Mad Men malgré cette magnifique scène). Pour cette scène de Six Feet Under, que dire c’est parfait et déchirant de dire au revoir brusquement à un personnage fascinant.
Ah! Merci Nicolas de rappeler que six Feet Under n’a pas été bouleversant que pour la dernière scène (mouchoirs, regard fixe sur la tv 5 min après le générique et tous le tralala).
Moi perso c’est l’épisode suivant qui m’a arraché le cœur (la cérémonie, l’enterrement, Ruth qui perd son fils chéri, David qui redevient obséder par le travail et qui a des crises d’angoisses, Claire la arties se met à écouter une compils du top50, Brenda, veuve d’un mec qui vient de la quitter, enceinte jusqu’au dent d’un bébé orphelin pas vraiment désirer par nate, et maman d’une petite qui capte pas encore qu’elle a perdu deux parents)
La charge émotionnel est lourde et on se la prend en pleine gueule.
Mortel le choix du jour.