Cannabis, Bad Trip (Séries Mania)

Cannabis, Bad Trip (Séries Mania)

Note de l'auteur

Du 15 au 24 avril se déroule la septième saison de Séries Mania à Paris, et comme chaque année, le Daily Mars vous offre une couverture du festival. Au programme, critiques, bilans de conférences et autres surprises…

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En Espagne, un bateau appartenant à un baron de la drogue se fait braquer par Farid. Mais l’opération tourne mal. Cet événement bouleverse la vie de sa famille et l’ensemble de la filière, des grands caïds aux petits dealers.

Attention, sujet fort ! C’est un peu ce que semble annoncer le titre très programmatique de la série. Traçant une ligne de la France jusqu’en Afrique du Nord, en passant par l’Espagne, Cannabis se présente avec de fortes intentions, plongée dans la filière du shit à travers tous ses maillons. Et la série, de se retrouver confronter à la référence qui brûle les lèvres, jusque dans une citation direct où un petit dealer chercher le bon t-shirt pour soigner son look. La scène est (presque) sans importance mais elle signifie beaucoup : Cannabis ploie sous le poids de son sujet (et de ses influences).

CANNABIS-2Cannabis est une fiction « Enquête Exclusive ». On craint de voir Bernard de la Villardière surgir d’un angle d’immeuble pour nous expliquer les dangers du trafic de drogue dans une cité parisienne. En faisant du shit son sujet principal, la série a oublié que ce sont les personnages qui portent l’histoire et non l’inverse. Le récit se morcelle dans un ensemble désincarné, caricatural (le grand baron qui viole de jeunes vierges), à la polyphonie problématique. Entre la maman et la putain, le caïd et le dealer, le chef et son second, c’est un festival de clichés, bons petits soldats dans une fiction qui ne prend pas de risque et choisit toutes les mauvaises décisions.

Cannabis est une série coupée au cirage ou à l’huile de vidange. À partir d’un produit (plus ou moins) noble, elle en fait un truc dégueulasse, nocif et bon marché. Pour se défendre, elle pourra toujours croire que le sujet, peu traité, manquait au paysage français (on conseillera néanmoins la seconde saison d’Engrenages). Si pour combler un espace vacant on se contente d’une fiction sans audace et mal produite, autant laisser du vide, c’est moins embarrassant.

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