Captifs : l’espoir sombre du nihilisme

Captifs : l’espoir sombre du nihilisme

Note de l'auteur

Vous vous rappelez peut-être ce film, où des gens se réveillent dans un drôle de labyrinthe, emplis de pièges mortels, sans savoir comment ils sont arrivés ? Il s’appelait « Cube ». Ici, nous sommes dans un appartement, devenu un véritable laboratoire d’expériences…

captifs-746669L’histoire : Il s’appelle Linus. Jusqu’à présent, il était SDF et vivait dans la rue. Jusqu’au moment où il s’est réveillé, seul, dans un drôle d’appartement souterrain, avec six chambres, une cuisine, une salle de bains, et un ascenseur impossible à appeler. Jusqu’au moment où le rejoignent une petite fille, un alcoolique, un drogué, une mondaine et un chercheur connu. Ensemble, ils vont essayer de survivre dans le mystère le plus total tout en évitant de s’entredéchirer.

Mon avis : Roman éminemment sombre, Captifs raconte toute l’histoire selon le point de vue de Linus. En effet, leur kidnappeur a fourni à chacun un petit carnet et un stylo. Le jeune homme de 16 ans va en profiter pour narrer toute son histoire, et chroniquer la vie violente et glauque dans le bunker. Écrit de manière hyper réaliste, ce livre montre des hommes et des femmes en proie à la peur, au doute, et à l’éloignement total de tout espoir. Captifs est en cela un livre très « anglais », dans un humour noir et un nihilisme absolu proche aussi des écrits punk. Il reste pourtant des héros, ou plutôt des personnes qui tentent de garder la tête froide.

Captifs fait partir de ce genre de roman, qu’une fois posé, nous sommes obligés de ramasser pour relire à nouveau les quelques dernières pages. Un véritable coup de poing, qu’on a à la fois envie d’oublier, mais en même temps de se dandiner d’un pied sur l’autre pour savoir s’il faut en relire des passages ou non.

Kevin Brooks

Kevin Brooks

L’ouvrage a remporté la Carnegie Medal, une récompense que remporte les livres enfants et young adults, catégorie 14 ans et plus… Et je dois avouer ma surprise que cet ouvrage soit axé pour ce type de public. Pour le coup, les éditions Super 8 ne l’estampillent pas ainsi et c’est tant mieux. Effectivement, tout le monde peut le lire. Ce n’est pas à éviter si on a moins de 18 ans. Mais clairement, même si le héros a 16 ans, c’est un roman que l’on peut lire sur plusieurs niveaux. Et dont il ne faut absolument pas se priver même si l’on est un adulte. Par contre, avoir le cœur bien accroché, c’est quand même mieux.

Si vous aimez: Très bizarrement, ce livre m’a fait pensé à Il faut que l’on parle de Kévin de Lionel Shriver. Ce genre de livre dont le cauchemar se déroule encore, et encore.

Autour du livre : Selon le Wikipedia anglais, Kevin Brooks serait né en 2099.

Extrait : « Ça commence à fouetter pas mal ici. Nous nous lavons régulièrement tous les deux, mais ça ne sert à rien de se laver si on porte toujours les mêmes vêtements. On n’y peut rien, on sent mauvais. En plus, avec ces caméras qui nous espionnent, on ne se sent pas trop à l’aise pour se déshabiller et se laver à fond. Le reste est déjà assez dur. Jenny ne va pas aux toilettes si les lumières ne sont pas éteintes. Je ne sais pas comment elle se débrouille. Moi, j’essaye simplement d’ignorer les caméras. De faire comme s’il n’était pas là. Il n’y a pas de caméras, personne ne te regarde. Allez, ferme les yeux, imagine que tu es ailleurs, crois-le vraiment.
Croire, c’est le truc. Croire en ses propres mensonges. »

Sortie : 10 mars 2016, Super 8 éditions, 320 pages, 18 euros

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