Casual et l’ouverture de la parole (Séries Mania)

Casual et l’ouverture de la parole (Séries Mania)

Note de l'auteur

Du 15 au 24 avril se déroule la septième saison de Séries Mania à Paris, et comme chaque année, le Daily Mars vous offre une couverture du festival. Au programme, critiques, bilans de conférences et autres surprises…

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Alex Cole, célibataire endurci et créateur d’un site de rencontre à succès, héberge sa sœur et sa nièce de 16 ans. Frère et sœur s’entraident dans les méandres des rendez-vous amoureux…

Des mots pour figurer.

Dans Casual, série diffusée sur la plate-forme Hulu aux États-Unis (concurrente de Netflix), la force des mots est importante, sinon primordiale. Une raison qui a poussé la journaliste et universitaire Iris Brey à choisir la série pour servir la discussion autour de la sortie de son livre Sex and the Series aux éditions Soap (critique prochainement sur le Daily Mars). Il sera beaucoup question d’ouverture, de libération d’une parole qui a trop souvent été cachée sous le tapis dès que l’on abordait les questions autour du sexe, particulièrement quand il s’agissait des femmes.

Casual se prête très bien à l’exercice. Petite chose a priori inoffensive, la série se démarque par son caractère touchant, parfois fragile dans l’émotion et toujours juste dans la comédie. D’une rare intelligence dans sa façon d’utiliser le rire et la psychanalyse pour décomplexer la parole du sexe, Casual aligne les sujets un peu tabous qu’elle retourne aisément. Elle désamorce ces micro-bombes avec un bon mot, un sens précis de la dérision où l’on finit par se rendre compte que des choses importantes sont en train de se passer.

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Des mots pour éduquer.

Casual (tout comme Transparent, Orange Is the New Black, également citées par Iris Brey) fait partie de ces séries qui assume son côté pédagogique. Ce que l’auteur démontrera de façon très juste et ludique (à l’image de son intervention, jusque dans ses réponses à des questions extravagantes du public), par une citation du troisième épisode où un personnage affirmera que l’éducation sexuelle se fait sur Internet, et par un écho méta, Internet de signifier Hulu, qui signifie les séries en générale.

Dans Casual, cela se traduit par une ouverture de la parole qui trouvera dans cette liberté une façon d’exploiter des sujets explicites sans jamais sombrer dans la vulgarité. Un équilibre salvateur qui nourrit des réflexions importantes sur l’association maternité / sexualité, le plaisir des mères (et des femmes), la masturbation d’une adolescente ou une forme d’émancipation des relations homosexuelles. Des questions souvent interdites dans les séries, désacralisées dans Casual.

Lost in translation.

Iris Brey mentionnait la difficulté de traduire le terme « casual » sans risquer de minimiser sa pluralité sémantique. En jetant un œil aux traductions qu’offre le Larousse, on observe une répétition des termes simples, ordinaires, associés à une durée éphémère. La série porte bien son nom, déjouant le caractère solennel lié au sexe avec décontraction, tout en possédant un côté bulle de champagne, légère et délicate.

Casual sera diffusée sur Canal+ en juin.

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