
Ce livre est plein d’araignées : le retour de David Wong !
Il y a à peu près un an sortait l’excellent John meurt à la fin. Un moment de lecture mêlant absurde et horreur. David Wong revient dans l’univers complètement sans limite de [Confidentiel], un tome 2 qui peut se lire aussi indépendamment.
L’histoire : Donc, John est toujours en vie depuis le tome précédent. Dave est toujours son pote, et ils voient toujours des trucs vraiment, mais vraiment dangereux et flippant, la faute à la « sauce soja ». Oui, mais un jour, Dave voit une espèce d’araignées sortir de son mur et pénétrer à l’intérieur d’un flic. Pour partir en sucette, version World War Z. Bref, l’apocalypse zombie est-elle arrivée ?
Mon avis : Ce livre était attendu avec une impatience certaine. John meurt à la fin a fait partie de mes découvertes 2015, avec son ton irrévérencieux au possible, un humour potache tout en instillant un climat d’horreur paralysant. Alors, était-ce possible de continuer sur cette lancée ?
Oui, oui, oui, mille fois oui. Alors, nous avons un peu perdu le côté léger du premier ouvrage. Tout le monde a compris que quand même, John raconte bien n’importe quoi, et que Dave attire vraiment les soucis comme un aimant. Parce qu’on s’y attend plus, le côté horrifique m’empêchera moins de dormir cette fois-ci, d’autant plus que l’on joue avec des archétypes assez courants, notamment celui du foyer d’infection zombie. Bon, ok, il ne s’agit pas vraiment de « zombie » mais l’image est la même. Une maladie qui touche les humains, que personne ne voit sauf Dave et John, qui est invisible un temps avant de transformer un corps en monstruosité mandibulesque. Bref, une belle grosse intrigue de série Z.
Sans doute pour instiller plus de punch et éviter la répétition entre les deux ouvrages, David Wong en profite aussi pour introduire les points de vue de John et d’Amy. Certes, mais c’est parfois assez bancal, le lecteur les connaît un peu moins que Dave. Mais au moins, ça donne plus de secousse à une action qui risque sinon de s’enliser dans ses stéréotypes. Quant à la structure du bouquin, chaque chapitre se divise en heure avant action. Type « 27 heures avant l’attaque » ou « 18h avant le massacre… ». Histoire de bien faire monter la tension. Pour le coup, cela marche pas mal, contrairement aux multiples points de vue.
Si les poncifs du nanard sont maintenus, l’armée, les docteurs, l’action se passe dans un hôpital en majorité, lieu de naissance de l’infection. David Wong sait aussi jouer avec les interstices et garder une certaine colonne vertébrale dans son récit pour ne pas (trop) partir dans tous les sens. Les intestins giclent, les araignées kiffent manger des yeux, la vulgarité est toujours le second prénom de John, et derrière vous, ne serait-ce pas les fameux hommes d’ombre ? Un roman, donc dans la lignée de son prédécesseur (qu’il n’est pas nécessaire d’avoir lu pour suivre le récit, mais c’est quand même un peu recommandé), qui, s’il ne se renouvelle pas, arrive à rester au même niveau. Et donc à offrir un bon moment de détente, et un peu de sueurs froides. Vous pouvez lire le tome 1 pour bien comprendre tout ce qui se passe, mais ce n’est pas obligatoire.
Si vous aimez : Planète terreur de Robert Rodriguez.
Autour du livre : David Wong est toujours le rédacteur en chef du site craked, mais cette fois, on sait qui lui a inspiré John : son collègue Mark Leighty, connu sous le nom de plume de John Cheese.
Extrait : « De nouveaux coups de feu à l’intérieur du bâtiment. John, atteint d’une anomalie génétique qui le pousse à marcher vers le danger, s’approcha de la zone où les flics essayaient d’établir un périmètre de sécurité. Quelque part, Charles Darwin esquissa un sourire entendu.
Deux flics bloquaient le passage, un gros noir avec des lunettes et un autre tout en moustache. John descendit du trottoir pour les contourner. Le flic noir tendit la main et nous ordonna de nous arrêter, son ton laissant clairement entendre qu’il nous tasserait jusqu’à ce que notre sang bouille si on lui désobéissait. On recula d’un pas, laissant passer les urgentistes qui évacuaient la femme au crâne ensanglanté. Elle se tenait la tête, sanglotait et ne cessait de répéter : « IL NE VOULAIT PAS MOURIR ! IL NE MOURAIT PAS ! ILS L’ONT CRIBLÉ DE BALLES ET IL… »
John me tapota l’épaule et m’indiqua un camion bleu comportant une inscription blanche qui approchait. Je crus que c’était une sorte de panier à salade mais quand les portes s’ouvrirent, une équipe de la brigade d’intervention en jaillit.
Bordel de merde. »
Sortie : septembre 2015, éditions Super 8, 598 pages, 21 euros.