
Ces Disques Dont On Ne Peut Pas Se Débarrasser : The Monochrome Set, Eligible Bachelors (Cherry Red)
Un groupe pop qui intitule en 1980 son album Love zombies ne peut pas être foncièrement mauvais… Rien de putride cependant chez The Monochrome Set. Ces Anglais proposent au contraire une musique classieuse, avec ce qu’il faut de dérision et de dilettantisme. Bref, une musique imaginée par des dandys accomplis.
Formé à Londres, le groupe sort d’abord une poignée de 45 tours chez Rough Trade avant de passer au format 33 tours avec Strange Boutique et Love zombies. Mais c’est en 1982 qu’ils parviennent au sommet de leur art avec Eligible Bachelors sur le label Cherry Red.
Pop et tout en lignes claires, Eligible Bachelors n’a cependant rien de conventionnel. La chanson d’ouverture « Jet Set Junta » commence déjà par une fausse piste. Le temps de cinq-six secondes, un sifflement et quelques notes renvoient l’auditeur aux bandes originales d’Ennio Morricone pour les westerns de Sergio Leone. L’influence du compositeur italien se fait encore sentir par touches sur The Midas Touch. A d’autres moments, le titre fait penser à une valse conduite par la voix de Bid, chanteur un poil crooner, Ganesh Seshadri de son vrai nom.
Et c’est bien là tout le talent de The Monochrome Set : ne pas se contenter d’une chanson qui alignerait couplet et refrains, mais introduire des variations qui tiennent dans des morceaux accrocheurs et sobres n’excédant pas cinq minutes. Surf-music, BO de films, pop sixties… Le groupe pioche dans tous les répertoires, en arrivant à lier le tout et en se gardant bien de donner une impression de bric-à-brac. The Monochrome Set s’autorise tout, excepté coller à son époque. Aucun effet synthétique dans ce disque, alors que les guitares n’ont clairement plus le vent en poupe. C’est ce qui explique peut-être le manque de succès du groupe, à contre-courant et entre deux eaux, pop et raffiné, sans pour autant se prendre vraiment au sérieux. Ce sera finalement un label japonais qui le remettra en selle au début des années 90.
Quel équivalent trouver alors à ce groupe insolite ? Sans doute du côté de la bande dessinée et des œuvres de l’Anglais Glen Baxter, des dessins au style volontairement désuet qui mettent en scène des cow-boys, des explorateurs ou des quidams en tweed, et que subvertissent systématiquement une touche de non-sens.
Ah j’aime cet album ! Pour moi la meilleure c’est i’ll scry instead ! même si jet set junta est pas mal