Cinema Hermetica : la magie de Nosferatu à Shining

Cinema Hermetica : la magie de Nosferatu à Shining

Note de l'auteur

Il existe des livres, écrits par d’obscurs peuples toujours en mouvement, qui présentent la magie instillée dans les films. Car les salles obscures ne sont pas ce qu’on imagine…

01-HermeticaL’histoire : Pacôme Thiellement nous entraîne à travers les analyses de plus d’une dizaine de films, de l’âge d’or du cinéma à Dario Argento, Orson Welles ou encore Jacques Rivette. Ce livre a soi-disant été écrit par un peuple nomade et magicien, peut-être les Sabéens.

Mon avis : Dans cet ouvrage, chaque chapitre correspond à un film. Et à travers les pages, un fil rouge, celui du carnaval. La proposition de Pacôme Thiellement est simple : se laisser emporter par des propositions de magie noire, de théosophie (la théosophie ? Kezako ?), de légendes indiennes et égyptiennes pour comprendre les secrets cachés derrière chaque histoire.

Alors, il existe deux défauts principaux à cet ouvrage. Tout d’abord, la rentrée un peu brutale dans l’exercice, qui fait qu’on est rapidement projeté au cœur d’un univers dont on ne comprend goutte. En effet, et cela va avec ma deuxième critique, il n’y a aucune note de bas de page, et il est un peu compliqué de s’y retrouver quand on ne connaît pas toutes les personnes appartenant aux dessous de l’industrie cinématographique ou quand on est un peu expert en philosophie New Age. Et on aimerait bien savoir d’où sont tirées les citations. Il faut par ailleurs ne pas avoir envie de se faire spoiler les films cités car c’est tout leur cheminement, du baisser au lever de rideau, qui est analysé.

possession_newsite451Oui, mais. Une fois cette mise en bouche un peu ardue mise de côté, nous voilà entraîné dans une analyse fascinante des scénarios, mises en scènes, jeux d’acteurs qui font un film. Il donne aussi envie de se lancer dans des films à côté desquels nous sommes passés (Possession d’Andrzej Zulawski ou Suspira de Dario Argento) ou de revoir en détails ceux que nous avions déjà vu. Cet ouvrage leur donne une dimension supplémentaire, une profondeur parfois même tirée par les cheveux.

Mais au fur et à mesure que nous avançons, que tombent les masques et l’atmosphère de soufre du Carnaval, que les motifs se répètent hypnotiquement d’un film à l’autre, d’un réalisateur américain à un réalisateur français, de Polanski à Rivette, on finit par y croire. Et si les films étaient les témoins d’une magie souterraine très ancienne ? Et faut-il noter à travers tout l’ouvrage, la présence constante de Buffy, la Tueuse ? Un prélude, peut-être, à un autre ouvrage du même style mais sur les séries ?

37309962Si vous aimez : la bibliothèque de Rupert Giles.

Autour du livre : Pacôme Thiellement est essayiste et réalisateur. Si son premier roman a été publié il y a plus de dix ans, il s’intéresse surtout à toute la pop culture de Paul McCartney, aux séries et au cinéma.

Extrait : « Freaks, c’est l’entrée dans un monde qui a été décrit successivement par ses commentateurs comme celui de l’arraisonnement par la technique, du spectacle, du contrôle, du panoptique, de la transparence ou du simulacre. Ce monde est celui de l’humanité, détruite progressivement par la séparation et l’esseulement progressif de tous et regardant sa destruction comme un beau spectacle. Et Freaks est également le film qui pose les conditions de survie par la perpétuation des solidarités alternatives tératologiques, chimères errantes, gardiennes de la Tradition Primordiale, lors de la fin d’un cycle de manifestation et avant le début d’un autre. Freaks est le film qui rappelle aux hommes, avant qu’il ne soit trop tard, qu’ils n’ont pas toujours fonctionné selon l’étalon « homme » compétitif, prédateur, motivé par son intérêt personnel et son adéquation à une figure préalablement normée, mais que, comme dirait Mme Tetrallini, « Dieu veille sur tous ses enfants ». Freaks rappelle que la condition de la solidarité est, non la ressemblance (et sa conséquence : la compétition), mais la disparité, le « divers », la bizarrerie, les monstres, et leur utopie : la société des freaks ; la Société Secrète du Spectacle. »

Sortie : janvier 2016, éditions Super 8, 304 pages, 18 euros.

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