
Sid Meier’s Civilization Beyond Earth: Terra Incognita
Surfant sur le tsunami Interstellar de Nolan, Sid Meier et Firaxis Games nous sortent leur dernier bébé, Civilization : Beyond Earth. Série phare du monde des jeux vidéo, les Civilization sont des jeux de stratégie/gestion 4X sur PC et Mac (pour ceux qui se demandent « eXplore, eXpand, eXploit and eXterminate ») se passant sur une Terre fictive et uchronique. Mais pour cette fois ci, on sort du cadre de la Terre et de ses civilisations historiques pour les étoiles et l’espace inconnu. Ce n’est pas la première fois que les petits gars de Firaxis Games tentent l’expérience de transposer leur jeu sur d’autres planètes. En effet, Alpha Centauri, sorti en 1999 après les deux premiers Civilization, avait déjà réussi avec brio sa métamorphose. Est-ce que Civilization : Beyond Earth est le digne héritier d’Alpha Centauri ou un simple reskin de Civization V ? Voyons cela tout de suite.
Un nouveau Monde vous attend !
La Terre, en proie au chaos et aux conflits incessants (tu parles d’une nouvelle), n’a plus la capacité de soutenir le futur de l’humanité. L’humain va alors entreprendre quelque chose qu’il a toujours fait dans son histoire, explorer l’inconnu. Soutenu par huit Sponsors terriens (des sortes de consortiums Etats-Multinationales), vous allez coloniser votre nouvelle planète et assurer un futur à l’humanité. Chaque Sponsor, comme les différentes civilisations auparavant, présente ses propres caractéristiques. Mais cela ne s’arrête pas là, au contraire. De nombreux angles d’approche vous seront proposés. Après avoir sélectionné votre Sponsor, vous devrez choisir quel type de colonisateur vous allez être (Scientifiques, réfugiés, ingénieurs, aristocrates) avec des bonus différents pour chacun d’entre eux. Ensuite vous devrez adopter avec attention un vaisseau mère parmi les cinq disponibles et son cargo (une unité bonus dès le début du jeu). Nous avons donc une très grande personnalisation de sa faction, passant finalement de huit à une centaine avec les différentes combinaisons possibles. Pour finir, et avant d’enfin lancer la partie, un éventail de planètes vous sera proposé. Les planètes sont générées de façon aléatoire, mais on retrouve tout de même trois types standards. La première, le Protean World, avec un seul énorme continent entouré d’océans. La deuxième, le Terran World, similaire à notre bonne vieille Terre, avec son lot de vastes continents et océans. Et pour terminer, Atlantean World, un monde divisé en une multitude d’îles.
Grâce à ce système de personnalisation poussé, les débuts de parties sont donc variés. Après avoir choisi la localisation de votre capitale, vous devrez explorer ce nouvel environnement. L’exploration est un élément clé du jeu pour trouver les précieuses ressources dont vous aurez besoin. Les ressources ne sont d’ailleurs plus les mêmes que Civilization V, par exemple l’Énergie a remplacé l’Or. La jauge du bien-être/bonheur a aussi été remplacée par la Santé. Cependant, l’exploration devient vite trop répétitive. On trouve toujours plus au mois les mêmes choses, c’est-à-dire des nids d’aliens et des artefacts. On aurait aimé un peu plus de variété de ce côté-là, comme des emplacements uniques.
Des qualités indéniables
Au fur et à mesure de votre partie, un choix crucial entre trois philosophies (conséquence des idéologies entrevues dans Brave New World, le DLC de Civilization V) s’offrira à vous. Ces trois Affinités, comme on les appelle dans le jeu, vont avoir une grande influence sur le gameplay. En effet, en fonction de votre choix, différentes unités, bâtiments et même bonus vous seront accessibles. La condition de Victoire aussi ne sera pas la même, ouvrant la voie à des quêtes scénarisées, tout comme son grand frère Alpha Centauri, mais dans une moindre mesure. La première Affinité, l’Harmonie, avec ses hippies de l’espace, consiste à vivre comme son nom l’indique, en parfaite harmonie avec votre nouvelle planète et son écosystème. La deuxième, la Pureté, est axée sur la technologie et la continuité de la tradition humaine sur votre nouvelle Terre. La troisième Affinité, Suprématie, avec ses hommes moitié cyborg, est aussi axée sur la technologie, mais pour faire évoluer, voire même changer, l’humanité vers quelque chose de nouveau.
Un gros point positif du jeu par rapport à Civilization V est son système de recherches et de technologies extrêmement fouillé. Même les habitués de la série mettront un peu de temps pour s’y retrouver, mais une fois compris, il ouvre de nombreuses possibilités et augmente la profondeur du jeu de façon non négligeable. Les combats tactiques sont intéressants mais relativement limités par le peu d’unités disponibles. L’espionnage est devenu plus intéressant que dans les précédents Civilization, et ça c’est un bon point.
La durée de vie, dans la droite lignée de tous les Civilization, est colossale. Le rythme est toujours le même, c’est-à-dire assez lent, ce qui fait de Beyond Earth un jeu vraiment chronophage. Je vous conseille de garder toujours une montre ou une horloge visible ou vos nuits vont tout de suite être plus courtes, et ça sera pas la faute de l’hiver. Ceux qui ont déjà joué aux précédents opus devraient trouver leurs marques rapidement, tandis que pour les petits nouveaux, un temps d’adaptation sera nécessaire avant de vraiment profiter du jeu. Ne vous en faites pas, le didacticiel est complet, et vous guidera pas à pas dans la construction de votre nouvelle colonie.
L’ombre d’Alpha Centauri
Cependant malgré le choix de sa planète et la génération aléatoire, on ne pourra pas s’empêcher d’éprouver un sentiment de répétitivité. Cela vient surtout de la direction artistique assez fade et du bestiaire limité (pas très folichons les extraterrestres). Il est décevant de voir que les développeurs n’ont pas vraiment pris de risques, ni exploité leur imagination. Les environnements sont au final très peu variés alors qu’un épisode dans l’espace aurait pu ouvrir d’infinies possibilités. L’autre déception vient de l’absence d’une, voire même plusieurs, civilisations « Aliens » intelligentes capables de concurrencer les humains. Firaxis Games aurait pu s’inspirer de l’univers de Star Trek ou même de Warhammer 40k tout en gardant sa patte. On aurait aimé aussi pouvoir explorer les océans sous leur surface, à la manière d’un Anno 2070 Deep Ocean. Beyond Earth conserve aussi certains défauts de Civilization V, comme une diplomatie à la ramasse et une IA qui ne propose un vrai challenge que dans les difficultés les plus élevées (avec la mécanique des avantages).
L’IA a aussi un comportement un peu incompréhensible dès fois, je vous conseille, pour vos ouvriers et routes commerciales, de tout contrôler manuellement ou ça sera rapidement le chaos. La disparition des religions et des personnages illustres est aussi à noter, peut-être réservés pour de futurs DLC. Il est dommage d’avoir été privé des religions, qui auraient pu avoir un impact intéressant sur le gameplay avec des possibilités d’unités et de bâtiments uniques qui manquent cruellement au jeu. Autre point négatif : l’absence totale de background scénaristique. On est directement plongé sur une planète sans vraiment savoir pourquoi on a quitté notre bonne vieille Terre. On ne ressent donc aucune vraie pression dans le jeu, puisque les véritables enjeux de notre mission sont plutôt flous. Dernier point négatif : la bande son est vraiment moyenne, surtout pour un jeu sur lequel on est quand même censé passer de nombreuses heures. Beyond Earth va clairement souffrir de la comparaison avec son ancêtre Alpha Centauri, qui avait su, lui, créer un univers largement plus dense et plus profond que son cadet. Le jeu manque clairement de personnalité pour le moment.
Pour conclure, déception donc, tout comme Civilization V à sa sortie, le jeu souffre des mêmes défauts qui devraient être corrigés avec les futurs DLC. Le dernier titre de Firaxis Games est pour le moment à réserver aux amateurs de science-fiction. Civilization: Beyond Earth reste quand même un bon jeu de stratégie, mais il a une marge de progression non négligeable avant de devenir le véritable successeur d’Alpha Centauri.
Éditeur : 2K Games
Développeurs : Firaxis Games
Sortie France : 24 Octobre 2014
Genre : Stratégie/ Gestion/ 4X
Support : PC Steam/Mac